Le
Calvaire (avec une majuscule) du Golgotha est une montagne, près de
Jérusalem, où, d'après la légende, fut crucifié Jésus-Christ.
(Sur son emplacement s'élève aujourd'hui la basilique du
Saint-Sépulcre.) Par dérivation et au sens propre, le mot calvaire
(sans majuscule) sert à désigner une petite élévation sur
laquelle on a établi une représentation figurée de la Passion, ou
une simple croix. C'est au Moyen-Age que l'on conçut l'idée de
figurer dans le voisinage des églises paroissiales, les principales
scènes de la Passion. Ces petites mises en scène sont une
excellente occasion de processions et de quêtes pour l'Église. Au
sens figuré, et par allusion aux souffrances endurées par
Jésus-Christ gravissant la montagne du Calvaire, on appelle calvaire
une cruelle douleur morale extrêmement pénible à supporter.
Exemple : une heure sonnera où les peuples se lasseront de gravir
leur calvaire sans murmurer.
"Tout abandon de principes aboutit forcément à une défaite" Elisée Reclus "Le dialogue, c'est la Mort" L'injure sociale
lundi 30 avril 2018
CALOTIN n. m. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
Homme
appartenant à la catégorie des bigots, cagots (voir
ces mots).
CALOMNIE s. f. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
Faux
bruit, invention malveillante que certains individus colportent,
imputant de mauvaises actions à des gens qu'ils veulent discréditer.
La calomnie est une arme vile et abjecte employée de tous temps par
les envieux, les esprits bas et sans scrupule, les gens d'église, de
politique et de Pouvoir à l'égard de ceux qui militent en
contempteurs de toute autorité, et qui ne peuvent se résoudre à
garder pour eux seuls une vérité bienfaisante à tous.
Tour
à tour, les premiers chrétiens, les Juifs, les protestants, les
socialistes et les anarchistes furent en butte aux accusations les
plus stupides, en même temps que les plus ignobles, de la part de
ceux dont ils dérangeaient les plans et contrariaient les appétits.
C'est ainsi qu'à Rome, quand les disciples de Paul de Tarse eurent
fait d'assez grands progrès moraux dans la population, le
gouvernement de Néron fit circuler sur leur compte mille histoires
horribles. On les accusait de tuer les petits enfants, de manger de
la chair humaine, de comploter contre la vie des gens, de prêcher le
vol, le viol et le meurtre. Ce qui faisait que grâce à ces
légendes, le peuple était heureux d'aller au cirque pour assister
aux supplices des chrétiens. Quand Néron ordonna l'incendie de
Rome, il réussit pendant près d'un an à faire croire au peuple que
c'étaient les chrétiens qui avaient commis ce crime, tant était
grande la puissance de la calomnie savante et réitérée des
caudataires du César.
Lorsque,
grâce à la conversion de Constantin, les chrétiens parvinrent à
partager avec l'empereur l'autorité toute-puissante, les prêtres de
la nouvelle église oublièrent totalement le martyrologe de leurs
devanciers.
À
leur tour ils manièrent de main de maître la calomnie. Ce furent
tout d'abord les Juifs qui furent choisis comme victimes ― et l'on
peut dire qu'en cette occasion, le travail des prêtres réussit
au-delà de toute espérance, car aujourd'hui encore on colporte sur
les hébreux les pires infamies ― même dans les milieux qui
échappèrent depuis à l'emprise catholique, on fait du mot « juif
» un terme de mépris. Cette campagne persévérante eut quelquefois
de sanglants résultats : les pogroms russes et polonais sont les
plus frappants exemples de l'état d'égarement dans lequel l'église
catholique sut plonger les crédules. Plus tard, ce furent les
protestants qui subirent l'assaut. À cette occasion se forma une
secte qui devint célèbre. Un ancien soudard espagnol : Ignace de
Loyola, créa la « Compagnie de Jésus », qui avait comme but
initial l'affermissement de la puissance ecclésiastique. L'arme
principale de cette association fut naturellement la calomnie. On
connait le discrédit qui s'attache maintenant aux disciples de
Loyola, et le terme « jésuite » signifie la plus forte expression
de répugnance que l'on puisse émettre quant à la valeur morale
d'un individu.
Caron
de Beaumarchais, en créant son Don Bazile, a campé admirablement le
jésuite, et l'axiome « Calomniez, calomniez ! il en restera
toujours quelque chose » est devenu justement célèbre.
Ensuite,
ce furent les républicains, puis les socialistes qui supportèrent
lourdement le poids de la calomnie officielle. Et enfin, depuis une
quarantaine d'années, ce sont les anarchistes qui se voient le plus
implacablement chargés de tous les méfaits imaginaires. Les
anarchistes sont davantage accablés, parce que, adversaires
implacables de tous les charlatans, ils voient se liguer contre eux
toutes les forces religieuses et politiques. Il n'est pas un crime,
pas un méfait qui ne se commette sans qu'on essaie de prouver que le
ou les auteurs de ce crime ou méfait est un anarchiste.
Disons
que malgré cela, petit à petit la vérité se fait jour grâce à
l'inlassable propagande des militants et que les exploités
commencent à comprendre que les anarchistes sont encore leurs
meilleurs et leurs seuls véritables amis.
Mais
il n'y a pas que sur le terrain politique ou philosophique que la
calomnie est employée.
Journellement,
dans .les rapports les plus intimes, pour les motifs les plus futiles
(quelquefois, même, sans motif aucun), l'arme empoisonnée est
dirigée contre quelqu'un qui n'en peut mais ! Les méchants, les
jaloux, les êtres faibles et nuls manient avec vigueur cette
incomparable auxiliaire de la vilenie, de l'envie et de la
médiocrité. Le plus souvent la calomnie _ rampe lentement et met un
temps infini à parvenir aux oreilles du calomnié. C'est d'abord un
racontar, une incrimination qui, au fur et à mesure qu'elle
s'éloigne de son point de départ se mue en affirmation, puis en
accusation.
De
bouche en bouche, le bruit, faible d'abord, ne tarde pas à devenir
un tonnerre. Alors, le mal fait est Irrémédiable. Comme il est rare
que l'on puisse remonter à la source exacte d'une calomnie, on lui
prête une quantité infinie d'auteurs et, en vertu de ce proverbe
inepte : Il n'y a pas de fumée sans feu, les gens qui se sont
faits les récepteurs de la calomnie y croient dur comme fer et ne se
privent pas de la transmettre « sous le sceau du secret »... pour
qu'elle circule plus vite. Et le plus terrible, c'est qu'aucune
preuve, si magistrale, si péremptoire fût-elle, ne peut détruire
l'ouvrage monstrueux accompli par le propagateur de ragots... C'en
est désormais fini pour le calomnié. S'il n'a pas eu l'heur de
trouver le calomniateur au début du méfait, il verra toute sa vie
empoisonnée par la flèche venimeuse qu'un criminel lui aura lancée
et que la stupide crédulité et la lâche passivité des autres
auront ancrée en lui.
Pour
être calomniateur, point n'est besoin d'avoir inventé la basse
besogne. Pour avoir sur la conscience le poids d'une vilenie, nul
besoin n'est d'être soi-même l'auteur de cette vilenie. Celui qui
entend une accusation monstrueuse contre un autre est aussi un
calomniateur s'il n'exige pas des preuves et se rend, par cela même,
complice de la calomnie. Point n'est besoin. même, de s'être fait
le propagateur d'une affirmation infamante pour avoir droit à
l'épithète de calomniateur. Il suffit simplement d'avoir entendu
une accusation contre quelqu'un, et de ne pas avoir prévenu la
victime, de ne pas avoir essayé de mettre en face l'accusateur et
l'accusé, pour s'être, par un silence passif, fait le complice de
la mauvaise action. Et c'est souvent pire qu'une mauvaise action,
c'est un véritable crime que la calomnie. Toute une vie de labeur,
de droiture et d'abnégation peut être détruite par une assertion,
et la victime terrassée n'a plus qu'a essayer la besogne titanesque
de réduire à néant l'oeuvre infâme. Elle en sortira meurtrie,
broyée et sanguinolente, elle aura connu toute l'amertume des
reniements d'amitié, toute la douleur de se voir trahi et sali et
l'horrible, l'indescriptible souffrance de se sentir injurié,
suspecté, même dans les actions les plus nobles et les
plus
désintéressées. Car la mentalité de nos contemporains est ainsi
faite qu'elle accepte difficilement un récit montrant quelqu'un
comme un être d'élite, mais qu'elle accueille avec une avidité
déconcertante tout ce qui tend à avilir et à dégrader un
quelconque personnage. Et c'est là une constatation qu'on peut faire
personnellement : les noms des criminels restent gravés dans la
mémoire des gens, mais ceux des savants, des bienfaiteurs de
l'humanité s'effacent aussi vite qu'ils ont été enregistrés, si
tant est qu'ils le furent. Aussi, peut-on dire, sans crainte d'être
taxé d'exagération, que la calomnie est un véritable crime.
Elle
est la cause de grands et terribles drames, et c'est assurément la
calamité qui a, à son compte, le plus grand nombre de victimes.
Il
faut travailler de toutes nos énergies à enlever de nos moeurs
cette dégradation de l'être. Pour cela, il nous faut habituer les
gens à la franchise, il nous faut, toutes les fois que nous le
pourrons, arrêter net la calomnie à ses débuts. Quand nous
entendons quelqu'un lancer une accusation contre un autre, forçons
l'accusateur à confirmer ses dires devant celui qu'il veut accabler
; demandons, exigeons des preuves formelles, sinon, n'hésitons pas à
le flétrir et à s'écarter de lui comme on s'écarte d'un
pestiféré, comme on se sépare d'un mouchard : car le calomniateur
dépasse quelquefois le mouchard en vilenie. N'accueillons pas les
racontars, ne ramassons pas les accusations à la légère.
Disons-nous bien que celui qui voyant se perpétrer un crime ne fait
rien pour l'empêcher devient aussi criminel que l'auteur du crime.
Et mettons-nous bien cette pensée dans la tête : que le
calomniateur est l'être le plus vil, le plus lâche, le plus
ignoble, le plus abject et le plus criminel qui puisse être. Et pour
arrêter à jamais le règne infâme de la calomnie, faisons de la
franchise un devoir dans nos relations humaines, et nous aurons bien
travaillé pour l'avènement d'une société dans laquelle la vérité
sera le principal pilier de la fraternité entre tous les hommes.
Louis
LORÉAL
CALAMITE n. f. (latin calamitas) Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle calamité, un grand malheur qui atteint toute une catégorie
d'individus. Exemple : La guerre, source de bénéfices pour les
dirigeants, est une calamité pour les peuples. Notre société
actuelle abonde en calamités de toutes sortes et de toutes
grandeurs. Sont des calamités pour les travailleurs : la finance, la
politique, l'armée, la diplomatie, le capitalisme, etc... etc... Il
est des calamités naurel1es que la volonté de l'homme est
impuissante à combattre : tremblements de terre, inondations,
cyclones, etc... Mais les calamités que nous avons citées plus haut
sont purement artificielles et peuvent être évitées par la volonté
ferme des classes laborieuses. Le jour où le peuple se débarrassera
de ceux qui vivent du malheur public, ce jour-là les calamités
artificielles disparaîtront automatiquement.
CAIMAN n. m. (caraïbe : acayouman) Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
Le
caïman est une espèce de crocodile des fleuves d'Amérique et de
Chine à museau long. Au sens figuré, on dit de quelqu'un que c'est
un caïman lorsque, avide et sans scrupules, il n'hésite pas à
exploiter ses semblables de la plus ignominieuse façon. Ainsi est un
caïman le patron qui fait travailler ses ouvriers 10 ou 12 heures
par jour, à des salaires de famine, pour pouvoir agrandir sa
fortune. La classe ouvrière, aujourd'hui, est malheureusement
victime d'innombrables caïmans de ce genre, qui s'engraissent du
sang et de la sueur des travailleurs. Aucune pitié n'est à attendre
de pareils monstres. De même que pour les caïmans des pays
exotiques, la force seule peut venir à bout de ces caïmans humains
- ou plutôt à forme humaine seulement, puisque tous les sentiments
nobles de l'homme leur sont inconnus... C'est pour cela que les
anarchistes haussent les épaules quand des réformistes proposent
une entente du peuple avec ses bourreaux. On ne parlemente pas avec
une bête féroce !...
CAHIER n.m. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle cahier un assemblage de feuilles de papier cousues ensemble.
Autrefois, le mot cahier servait à désigner un mémoire de
doléances ou de remontrances adressé au souverain. (Ex. : Les
cahiers du tiers.) De nos jours on entend encore par cahier des
charges, l'ensemble des clauses imposées à un adjudicataire ou à
un acquéreur. Le cahier des charges est déposé dans un lieu public
où chacun peut en prendre connaissance, et il en est donné lecture
avant la réception des offres. Dans les ventes faites par autorité
de justice, le cahier des charges est destiné à faire connaître
les conditions de vente aux futurs acquéreurs. Enfin, le mot cahier
est employé aujourd'hui dans l'expression cahier de revendications.
Le cahier de revendications est l'ensemble de légitimes exigences
d'un syndicat ou d'un certain groupe de travailleurs. C'est ce cahier
que les ouvriers lésés présentent au patron pour lui arracher
d'infimes améliorations de leur travail : journée de huit heures,
adaptation des salaires au coût de lit vie, etc... Souvent, hélas,
pour faire accepter ce cahier de revendication, les travailleurs sont
obligés de recourir à la grève. La mentalité patronale est telle,
en effet, que les ouvriers ne peuvent faire aboutir une revendication
que s'ils savent l'imposer. Les exploiteurs, ne connaissant qu'une
chose : la force, obligent leurs adversaires à en user. Mais le jour
n'est pas loin, espérons-le, où plus ne sera besoin de cahiers de
revendications. Ces améliorations de leur sort qu'on leur dispute si
âprement, les travailleurs sauront les conquérir de haute lutte sur
les parasites de l'industrie, de la politique ou du commerce. Et l'on
ne verra plus d'arrogants jouisseurs marchander une bouchée de pain
à des familles laborieuses.
CAGOTISME n. m. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
Le
cagotisme est le caractère de celui qui est cagot, c'est-à-dire qui
affecte une dévotion hypocrite et outrée. Synonyme de bigot (voir
ce mot).
CAFARDISE n. f. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle cafardise une action ou une parole de cafard ; c'est-à-dire
d'hypocrite prêt a toutes les délations. Pour obtenir une
récompense ou pour se faire bien voir du maitre, patron, etc... , le
cafard n'hésite pas à dénoncer le camarade qui a enfreint un
quelconque règlement, et lui attire ainsi une sanction plus ou moins
grave. La cafardise est en général une conséquence de la mentalité
d'esclave. C'est une action des plus viles, et celui qui s'en rend
coupable mérite le mépris absolu de tous. Celui qui est capable
d'une petite cafardise peut être capable d'une grande trahison. On
ne peut guère descendre plus bas dans l'infamie.
CADUCITE n. f. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
La
caducité et l'état de ce qui est vieux, faible, cassé, décrépit.
Le mot s'emploie aussi bien pour l'homme que pour les choses. L'homme
devenu caduc, est souvent un obstacle au progrès ; les idées
hardies l'effraient facilement, et il préfère la routine aux
initiatives osées. Or, les gouvernements sont en général composés
de politiciens déjà fort âgés et ce fait explique que, en dehors
de la nocivité des principes gouvernementaux, les dirigeants d'un
pays soient toujours réfractaires aux suggestions généreuses et
larges. Ne nous en plaignons pas, d'ailleurs, car leur intransigeance
et leur étroitesse d'esprit permettent au peuple de mieux mesurer
leur ignominie. Un manque de libéralisme est, en effet, toujours
plus dangereux qu'un autoritarisme brutal, car il parvient souvent à
tromper la multitude naïve et confiante. Mais la caducité de
l'homme n'est pas la seule qui soit à craindre. La caducité des
institutions, des lois et des morales est bien plus dangereuse
encore. Les vieillards néfastes qui sont a la tête des
gouvernements, par crainte d'une innovation qui pourrait être une
libération, renforcent des lois décrépites qui emprisonnent les
individus dans un tissu de menaces. Les moeurs ont beau changer avec
les siècles, les lois demeurent toujours les mêmes, toujours plus
oppressives. De même les morales officielles. De même les
institutions. Tout le bric-à-brac de l'autoritarisme, tout ce
matériel vieillot d'abrutissement tout l'héritage désuet du passé,
tout cela est rafistolé tant bien que mal par les politiciens en
exercice, - et les classes travailleuses doivent supporter ce fardeau
de Jour en Jour plus intolérable. Espérons que l'heure est proche
où les spoliés se refuseront à endurer plus longtemps l'emprise d
un passé tyrannique. Ce jour-là s'écrouleront toutes les entités
caduques qui barrent la route du progrès social et, enfin, nous
pourrons instaurer une vie nouvelle où, seules, prévaudront les
choses saines, vigoureuses et fécondes.
CADRE n. m. (de l'italien quadro, carré) Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle cadre une bordure de bois, de bronze, etc... qui entoure une
glace, un tableau, un panneau, etc... Le même mot sert aussi à
designer toutes sortes de châssis. Enfin, le mot cadre est très
employé au sens figuré, notamment pour désigner le tableau des
services et des fonctionnaires d'une administration (ex. : être rayé
des cadres), ou bien l'ensemble des gradés et des employés spéciaux
d'une troupe militaire (ex. : les cadres d'un régiment). Tous les
systèmes sociaux autoritaires aiment à parquer les individus dans
des cadres où ils obéissent à une discipline méthodique et
avilissante. Pour les communistes - encore plus peut-être que pour
les bourgeois - l'organisation par le cadre est l'organisation rêvée;
c'est elle, en effet, qui transforme le plus sûrement l'homme en un
instrument passif et docile dont on peut retirer un rendement
maximum. L'esprit d'initiative et d'indépendance - ces forme si
dangereuses de l'esprit ! - sont peu à peu annihilées, et les
gouvernants peuvent agir en toute tranquillité sans craindre un
réveil de la masse. Il faut donc que le peuple refuse rigoureusement
de se laisser enfermer – et peu à peu étouffer - dans les cadres
que les puissants s'efforcent d'entourer d'avantages trompeurs. Tout
cadre est un collier pour une catégorie de citoyens. Les anarchistes
doivent donc briser les cadres comme ils briseraient des chaînes.
CADRAN n. m. (du latin quadrans ; de quadrare, être carré) Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
désigne sous le nom de cadran, une surface portant les chiffres des
heures, etc... et sur laquelle courent les aiguilles d'une montre,
d'une pendule, etc... Ou bien encore une surface analogue qui porte
les divisions d'un instrument de physique : manomètre, glavanomètre,
etc... ou rose des vents. On appelle cadran
solaire, cadran
lunaire, une surface
plane sur laquelle des lignes indiquent les heures que le soleil ou
la lune marquent en projetant successivement sur ces lignes, l'ombre
d'un style ou tige implantée dans la surface. Les cadrans solaires,
qui servaient jadis à déterminer l'heure, furent connus des
Egyptiens.
CADASTRE n. m. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle cadastre un registre public qui porte le relevé détaillé
des propriétés territoriales d'une contrée, d'une commune,
présentant leur situation, leur étendue et leur valeur, pour
permettre l'assiette de l'impôt foncier. C'est Charles VIII qui eut
la première idée du cadastre général de la France. L'exécution
du cadastre donne lieu à des opérations confiées à des géomètres
et à des opérations d'expertises effectuées par des contribuables
(classificateurs), assistés de contrôleurs des contributions
directes. Les premières ont pour objet le lever du plan ; elles
comprennent : la délimitation et la triangulation de la commune,
l'arpentage parcellaire et la vérification. Les secondes consistent
à évaluer le revenu; ce sont : la classification (division en
classes, des diverses natures de propriétés) ; le classement
(distribution des parcelles entre ces classes); le tarif des
évaluations (détermination du revenu de chaque classe). Le résultat
de ces opérations est reporté au nom de chaque contribuable sur les
matrices cadastrales, dont les rôles sont des copies et qui doivent
mentionner les changements de propriétaires et les translations de
propriété (mutations). Le cadastre date de 1807. Les lois des 17
mars 1898 et 13 avril 1900 se sont occupées à le réviser. Comme on
le voit, le cadastre est le livre de la Propriété. La bourgeoisie y
marque les terres qu'elle s'est partagées, y limite artificiellement
les portions de sol dont elle s'est emparée et interdit ainsi à
quiconque de jouir librement de quelque chose qui devrait être à
tous. Le cadastre est, en quelque sorte, la sanction légale du droit
de propriété. Les anarchistes se comporteront donc avec lui de la
même façon qu'ils se comporteront avec la Propriété (Voir
ce mot).
CACOPHONIE n. f. (du grec kakos, mauvais et phônê, voix) Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle cacophonie, une rencontre de mots ou de syllabes qui blessent
l'oreille. Exemple classique: Ciel, si ceci se sait, etc... Les
meilleurs écrivains sont parfois tombés dans la cacophonie. Tel
Voltaire écrivant : Non, il n'est rien que Nanine n'honore...
Par
extension on appelle cacophonie un mélange désagréable de sons
discordants. Ex. : La Chambre des députés est en général le
domaine de la cacophonie. La cacophonie produit toujours une mauvaise
impression. Aussi faut-il se garder, dans les discussions, les
controverses, les meetings, de parler plusieurs à la fois, à moins
qu'on ne veuille pratiquer l'obstruction contre un orateur.
CACHET (lettre de) Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
La
lettre de cachet, employée jadis au temps de la royauté absolue,
était un pli fermé d'un cachet du roi, et qui contenait
ordinairement un ordre arbitraire d'exil ou d'emprisonnement. Les
rois de France n'hésitaient pas à employer la lettre de cachet
contre tous ceux qui leur avaient déplu d'une façon ou d'une autre.
Le courtisan maladroit se voyait exiler dans ses terres. L'homme
libre se voyait enfermer à la Bastille pour le restant de ses jours,
sans qu'aucun jugement ou simulacre de jugement ne soit intervenu.
Aujourd'hui, la lettre de cachet n'existe plus. Mais les puissants,
plus hypocrites, savent bien, par des accusations mensongères et des
jugements de complaisance, se débarrasser de leurs adversaires
lorsqu'il leur en prend l'envie.
CABOTINAGE n. m. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
Action
de cabotin, c'est-à-dire de personne qui joue une comédie bruyante
pour se faire valoir ou arriver à ses fins. Les politiciens sont
passés maîtres dans l'art du cabotinage. Il ne faut pas oublier que
tout cabotinage décèle un manque plus ou moins grand de sincérité.
Il ne faut donc jamais donner créance aux cabotins.
CABALE n. f. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
désigne sous le nom de cabale, une menée, une intrigue conduite par
les partisans d'une doctrine, d'une coterie. Ex. : Lorsqu'un
politicien devient trop puissant, ses collègues, jaloux de sa bonne
fortune, ne manquent pas de monter une cabale contre lui, pour le
faire tomber. Les cabales sont très fréquentes dans le monde
politique. Le mot cabale est aussi employé tout particulièrement
pour désigner une association formée pour faire subir un échec à
un auteur dramatique. Ex. : Une véritable cabale fut organisée
contre Henry Bataille, lorsqu'il fit jouer l'Animateur,
pièce où l'écrivain glorifiait Jaurès et stigmatisait Léon
Daudet. Il faut prendre garde de ne pas se laisser influencer par les
cabales qui peuvent parfois s'attaquer à un homme intègre que
certains trouvent gênant, justement à cause de son intégrité. Au
sens propre, le mot cabale a un tout autre sens qu'il sied de ne pas
ignorer. Venant de l'hébreu Kabbalah (tradition), il est chez les
Juifs, une interprétation mystérieuse de la Bible, transmise par
une chaîne continue d'initiés. (Il prend alors une majuscule.)
Elaborée dans les deux siècles qui précédèrent le christianisme,
exposée dans les livres tels que le Sephir-Jetzira
et le Zohar,
la Cabale est littérale et accacérique ; elle attribue un sens
symbolique aux caractères de l'alphabet et aux chiffres, et en
interprète les combinaisons. La Cabale a exercé une grande
influence non seulement sur le judaïsme, mais sur l'esprit humain en
général. Elle a compté parmi ses adeptes : Philon, Avicenne,
Raymond Lulle, Pic de la Mirandole, Paracelse, Reuchlin etc... ; Elle
a fini par donner dans la théurgie et la magie.
BYZANTINISME n. m. Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle byzantinisme une tendance à s'occuper de questions frivoles
et subtiles, par analogie avec les disputes religieuses et mesquines
auxquelles se complaisaient les Byzantins de la décadence. (L'Empire
Byzantin est le nom donné à l'empire romain depuis Constantin, et à
l'empire d'Orient depuis Théodose jusqu'à la prise de
Constantinople par les Turcs, en 1453. L'Empire Byzantin, travaillé
par des vices intérieurs : disputes et rivalités pour le pouvoir,
querelles religieuses, etc ... a compté pourtant plus de mille ans
d'existence, résisté souvent avec succès aux barbares, du Nord et
de l'Orient, et brillé du vif éclat d'une civilisation raffinée).
Un byzantinisme dangereux met en péril l'humanité tout entière,
par suite de la décadence de la classe bourgeoise, qui s'avère de
jour en jour plus impuissante et plus veule. C'est au peuple - lui
qui garde en son sein des énergies neuves et saines - qu'incombe le
droit et le devoir d'arrêter cette décadence en injectant une vie
nouvelle au vieux monde.
BUTIN n. m. (de l'allemand : beute, proie) Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
appelle butin ce qu'on acquiert soit par la force (sens propre), soit
par son travail, ses études, etc... (sens figuré). Le désir d'un
riche butin a toujours été un excitant de premier ordre pour les
brutes militaires. Les armées, quelle que soit leur nationalité, se
sont toujours distinguées dans l'art de piller les maisons, saccager
les villages, voler les objets précieux, violer les femmes, etc... ,
toutes choses qui constituent le butin du vainqueur. La «
Civilisation » n'a changé en rien les mœurs du soldat
professionnel. (Voir BRIGANDAGE).
Aujourd'hui comme jadis, le premier soin des troupes conquérantes
est de réaliser un estimable butin. Cet état d'esprit navrant ne
disparaîtra qu'avec ses principales causes : l'armée et la guerre.
C'est donc l'armée et la guerre que les anarchistes doivent
combattre avec ténacité s'ils en veulent voir disparaître les
conséquences.
BUT Encyclopedie Anarchiste de Sébastien Faure
Au
sens propre : point où l'on vise ; au sens figuré : fin qu'on se
propose. Ex. : Le pouvoir et la fortune, tels sont les deux buts des
politiciens. Si l'on veut arriver à un résultat, il faut s'être
déterminé un but précis et tendre vers ce but sans la moindre
défaillance. Plus grande est l'énergie de l'homme, plus vite sera
atteint le but. Les anarchistes ont pour but la libération de la
société. Aucun but n'est plus noble et plus généreux. Les
travailleurs doivent s'y rallier sans attendre.
BUREAUCRATIE Encyclopedie Anarchiste de Sebastien Faure
On
entend par ce mot, l'esprit, le régime, l'influence abusive des
bureaux (Lachatre) [Bureaucratie gouvernementale, bureaucratie
administrative, bureaucratie législative, bureaucratie commerciale].
Un des rouages inutiles de nos sociétés modernes. Superfétation
sociale asservissant des millions d'individus à un travail
improductif.
La
bureaucratie embrasse toute la superficie du domaine social, et est
une plaie dont il sera extrêmement difficile de se libérer, car
elle s'impose par un long exercice. Dénuée de toute logique, de
tout jugement, elle ne s'appuie que sur des règles et agit en vertu
d'une routine toujours ridicule et arbitraire. Elle s'embarrasse
d'une quantité de futilités, de niaiseries, qui fatiguent ceux qui
sont obligés d'y avoir recours ; par ses procédures et ses
subtilités, elle retarde les actes les plus communs de la vie
quotidienne.
La
bureaucratie est la conséquence de cette fausse conception sociale,
qui fait de la société une vaste entreprise commerciale basée sur
le doit et avoir. « Il ne faut point de formalités pour voler,
il en faut pour restituer » (Voltaire). Comme la bureaucratie
est attachée au service de ce capitalisme qui accapare tout et ne
veut rien rendre, on comprend l'importance et l'étendue de cette
institution. Qui donc, en notre siècle de journalisme, n'a entendu
citer les cas de certains contribuables inondé de paperasses parce
qu'ils se refusaient à payer les quelques centimes qui étaient «
dûs » au percepteur ?
C'est
surtout dans l'administration de la chose publique qu'elle exerce son
influence, son autorité et ses ravages, et nuit aux intérêts de la
collectivité. Inutile en soit, il faut qu'objectivement elle cherche
à légitimer son existence. De là, sa lenteur et ses caprices.
Puissante dans son organisation, elle est la source d'une gradation
de pouvoirs, d'une hiérarchie imbécile et incorrecte, devant
laquelle sont obligés de se courber tous ceux qui sont en bas de
l'échelle sociale. On se brise devant sa force d'inertie qui entrave
la marche en avant de l'humanité et l'on désespère souvent de
venir à bout de cette soumission qui caractérise le bureaucrate et
en fait un des êtres les plus nuisibles de la société.
L'inaction
de la bureaucratie est légendaire, et a inspiré des maîtres de la
littérature, tel Courteline qui, dans les « ronds de cuir » a
brossé un tableau remarquable de ce qu'est l'Administration. Hélas,
la forme ironique, maniée à merveille par Courteline, ne prête pas
à rire. La bureaucratie, par ses méfaits, entre plutôt dans le
cadre de la tragédie. Pas un jour ne se passe sans que nous
subissions son étreinte. Elle nous accapare dès notre venue au
monde, pour ne nous abandonner qu'après notre mort... et encore !...
Lorsque
nous venons de naître, chose inerte et sans pensée, nous sommes
immédiatement la proie de cette mégère, qui s'humanise sous la
forme d'un officier ministériel attaché à la mairie du village, du
canton, ou du quartier, et qui écoute d'un air indifférent et
lointain les déclarations de votre père flanqué de ses témoins. -
De votre père ? Cet homme n'est peut-être pas votre père ; il se
peut que vous soyez l'accident d'une étreinte furtive et passagère
; les témoins ont été recrutés aux hasards de la route, même
sous le porche du « respectable » édifice municipal ; qu'importe ?
La société exige que vous soyez dûment enregistré, et la
bureaucratie remplit ses devoirs. C'en est fait de vous. Vous êtes
devenu sa chose, vous lui appartenez ; toute votre existence, vous
sentirez peser sur votre échine le poids de son indiscrétion et de
sa mufflerie, et durant des siècles et des siècles, lorsque la
matière aura depuis longtemps repris et transformé votre pauvre
carcasse vivante, et que vous serez, depuis des générations, oublié
de tous et de toutes, dans les archives administratives, pour servir
de nourriture aux parasites et comme un symbole de sa stupidité, la
bureaucratie conservera votre nom, inscrit en superbe ronde, sur un
livre que ne lira jamais personne.
Elle
vous suivra lorsque, devenu enfant, vous étudierez sur les bancs de
l'école. Chaque incident et chaque accident de votre vie d'écolier
seront marqués du sceau de la bureaucratie ; elle sera là lorsqu'à
vingt ans vous serez appelé, au nom de la « Patrie » à payer
votre tribut; elle sera présente, elle, ses fonctionnaires et ses
tonnes de papier, lorsque libéré du service militaire, vous aurez à
remplir vos devoirs civiques. Impersonnelle, comme une âme qui
flotte dans l'éther, elle vous suivra partout, Rien ne lui échappera
; curieuse, elle pénétrera dans votre vie intime ; exigeante, elle
voudra savoir ce que vous gagnez, et par l'intermédiaire du
percepteur ; qui se retranche derrière le gouvernement qui,
lui-même, est recruté au sein du parlement qui se réclame du
peuple, elle vous soutirera, pour des buts indéterminés et sous
forme d'impôts directs et indirects, le maigre fruit de vos durs
labeurs.
Toutes
vos résistances seront vaines et inopérantes : le « Bureau » vous
étrangle, vous écrase, mais il est animé par une puissance
occulte, invisible, contre laquelle vous ne pouvez lutter.
Etes-vous
sans argent pour payer votre dette à l'Etat ? N'avez-vous pas de
répondant pour faire face aux frais de procédure que nécessitera
votre saisie éventuelle ? Qu'à cela ne tienne ; c'est la course aux
petits papiers qui commence, les frais énormes qui s'accumulent,
sans raison, sans logique, sans but. La bureaucratie travaille.
Avez-vous,
par malheur, recours à la « Justice » ? Avez-vous un procès civil
ou commercial ? Vous êtes un homme perdu ; tous les éléments de
désorganisation sociale s'acharneront sur vous ; l'huissier,
l'avoué, le greffier, l'avocat, chacun d'eux dans son cadre et dans
sa maîtrise s'arrangeront à embrouiller votre affaire, et votre
différend, réglable le plus souvent avec un peu de bonne volonté
et dont l'exposé tiendrait en quelques lignes, fera l'objet d'une
dépense d'encre et de papier, dont le coût sera souvent supérieur
aux intérêts que vous avez à débattre.
Un
contrat à passer, une transaction à exécuter ? Pour qu'ils
possèdent un caractère d'authenticité, il leur faut, sous peine de
nullité, être rédigés sous la haute autorité du notaire. Ainsi
le veut la loi.
Et
il n'y a pas que dans les questions d'argent que nous sommes envahis.
La maladie s'empare-t-elle de nous ? Avons-nous besoin d'être
conduits dans un hospice ? Avant de toucher le docteur, le savant qui
peut, par sa science, nous délivrer du mal dont nous souffrons, il
faut satisfaire à la curiosité du bureaucrate qui, jaloux de son
autorité, veut noircir ses folios et ses fiches. Qu'importe notre
douleur, la peine de nos proches ! La bureaucratie réclame ses
droits, ses prérogatives, ses privilèges. Il faut qu'elle soit
maîtresse, elle l'est, et elle triomphe à toute heure et en tout
lieu.
Elle
paralyse toutes les énergies, toutes les initiatives; elle
intensifie la misère. Le malheureux, le vieillard qui attendent de
la charité publique organisée l'assistance qui, de sa maigre
mensualité, lui permettra de ne pas crever de faim, souffre de sa
lenteur ; l'inventeur est victime de sa routine, et il semble que,
comprenant le danger que présente pour elle le progrès, la
bureaucratie cherche à1e retarder, à l'étouffer, à l'étreindre.
Que
de ravages elle exerce! Que d'hommes elle a ruinés ! Elle
enrégimente une armée de pauvres bougres, bourrés de préjugés,
inaccessibles à la pensée, saine et large, cantonnés dans la
petite vie mesquine et étroite du « bureau» et n'ayant comme
horizon intellectuel que la feuille de papier et le porte-plume. Elle
étrique le cerveau comme le corps, et comme l'on comprend que les
fonctionnaires de cette ruineuse institution, habitués à la
discipline hiérarchique, soient férocement attachés à ce régime
qui les nourrit à peine !
Combien
d'individus seraient rendus à la production et à la vie si l'on se
débarrassait de ce chancre social ? Il n'y a, pour en avoir un
aperçu, que de jeter les yeux autour de soi. L'Etat, pour son
compte, emploie plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires et,
sans crainte de se tromper, on peut affirmer qu'à part ceux attachés
au service des postes et télégraphes, de l'Enseignement, de
l'Hygiène, de la Voirie et des Transports, les autres sont à la
charge de la collectivité, et n'apportent absolument rien d'utile en
échange de ce qu'ils consomment. Ce sont d'inconscients parasites,
victimes, eux-aussi, cependant, de l'ordre économique actuel.
Et
cela n'est encore rien. Il n'y a pas que l'Etat qui soit le refuge du
fonctionnarisme. Les grandes administrations publiques, qui forment
un Etat dans l'Etat, n'occupent pas la dernière place dans le gâchis
occasionné par la bureaucratie. A côté des mécaniciens, des
chauffeurs, des ouvriers, des conducteurs, qui assurent le service
normal des chemins de fer, il y a une nuée d'employés dont les
services sont encore à signaler, et qui entravent le développement
des régimes ferroviaires ; il en est de même dans les grandes
compagnies d'électricité, d'eau, de gaz, etc ... , etc ... , et il
n'y a pas lieu de s'étonner des difficultés financières que
rencontrent ces institutions, lorsqu'on établit les sommes
englouties mal à propos par des administrations si peu en rapport
avec les progrès de la science appliquée. Est-ce tout ? Non pas,
hélas ! Il y a le commerce, il y a la banque. Là encore,
croupissent des centaines de milliers de bureaucrates qui ne paient
pas leur tribut de travail à la société. Il y a des centaines de
milliers d'individus penchés sur des chiffres qui, du soir au matin,
additionnent, multiplient, divisent, sans que jamais, jamais, de cet
arithmétique fatigante, ne sorte une unité utilitaire.
«
Si un tigre croyait, en sauvant la vie d'un de ses semblables,
travailler à l'avènement du bien universel, il se tromperait
peut-être » (J. M. Guyau, Esquisse d'une morale sans obligation ni
sanction). Si l'on disait à ces millions d'individus qu'ils
accomplissent une tâche rétrograde, qu'ils gênent la marche du
progrès, qu'ils arrêtent l'évolution des mondes, que, par leur
travail, ils perpétuent un ordre social qui doit s'écrouler pour le
bien d'une humanité grande, libre et belle : ils ne nous
comprendraient peut-être pas. Et pourtant !...
La
bureaucratie n'est-elle pas le symbole du parasitisme moderne ? Ne
fait elle pas pencher la balance du côté du capital ? Il y a
actuellement, en France, d'après les statistiques officieuses, six à
sept millions d'ouvriers manuels, sur une population de 40 millions
d'individus. A part les vieillards, les enfants et les riches - qui
sont relativement peu nombreux - tout le reste est jeté sur le
marché de l'administration et va grossir cette classe de pauvres
bougres, à mentalité de bourgeois, que forment les fonctionnaires
et les bureaucrates. (Voir Fonctionnaires.)
Pourtant,
tout a une fin. Une sourde lumière a pénétré déjà dans,
l'Escurial administratif. Elle en ébranlera les murs. Le travailleur
du chiffre commence à se dresser, contre ses chefs, ses maîtres,
ses exploiteurs. Demain, avec son frère du chantier et de l'usine,
étroitement unis, ils briseront les chaînes qui les tiennent rivés
à la bourgeoisie. Ils s'attaqueront à l'édifice social, à un
ordre économique meurtrier qui doit disparaître, qui disparaîtra
sous les coups répétés de la plèbe en bourgeron ou en faux col.
La
bureaucratie aura vécu, ainsi que toutes les institutions sur
lesquelles reposent la société capitaliste, et le travail utile
fécondera le monde, pour que l'Anarchie puisse réaliser son oeuvre.
samedi 28 avril 2018
Journal de la Commune
Paris,
le 21 Mars 1871.
PARIS
EST DANS LE DROIT
Le
droit, la souveraineté du peuple sont-ils à Versailles ou à Paris
?
Poser
cette question, c’est la résoudre.
L’assemblée,
siégeant d’abord à Bordeaux et actuellement à Versailles, a été
nommée dans des circonstances particulières et chargée d’une
mission déterminée à l’avance, d’une sorte de mandat impératif
restreint.
Elue
à la veille d’une capitulation, pendant l’occupation du
territoire par l’ennemi, les élections de ses membres ont
nécessairement et forcément subi la pression de l’étranger et
des baïonnettes prussiennes ; une partie au moins des députés,
ceux des départements envahis, n’ont pu être nommés librement.
Aujourd’hui
que les préliminaires de paix, cédant deux provinces à la Prusse,
sont signés, les représentants de l’Alsace et de la Lorraine ne
pouvaient plus siéger à l’Assemblée : ils l’ont compris
eux-mêmes, c’est pourquoi ils ont donné leur démission.
Un
grand nombre d’autres représentants, pour des motifs divers, ont
imité cet exemple.
L’Assemblée
est donc incomplète, et l’élection d’une partie de ses membres
a été entachée et viciée par l’occupation et la pression
étrangères.
Cette
Assemblée ne représente donc pas d’une manière complète,
incontestable, la libre souveraineté populaire.
D’un
autre côté, par son vote de défiance et de haine contre Paris, où
elle a refusé de venir siéger, l’Assemblée de Bordeaux et de
Versailles a méconnu les services rendus par Paris et l’esprit si
généreux et si dévoué de sa population. Elle n’est plus digne
de siéger dans la capitale.
Par
l’esprit profondément réactionnaire dont elle a fait preuve, par
son étroitesse de vues, son caractère exclusif et rural, par
l’intolérance dont elle s’est rendue coupable envers les plus
illustres et les plus dévoués citoyens, cette assemblée
provinciale a prouvé qu’elle n’était pas à la hauteur des
événements actuels, et qu’elle était incapable de prendre et de
faire exécuter les résolutions énergiques indispensables au salut
de la patrie.
Il
y a qu’une assemblée librement élue, en dehors de toute pression
étrangère et de toute influence officielle réactionnaire et
siégeant à Paris, à qui la France entière puisse reconnaître le
caractère de souveraineté nationale et déléguer le pouvoir
législatif ou constituant.
Hors
de l’indépendance et de la liberté des élections, et en dehors
de Paris, il ne peut exister que des faux-semblants de représentation
nationale et d’assemblée souveraine.
Que
l’Assemblée actuelle se hâte donc d’achever la triste besogne
qui lui a été confiée : celle de résoudre la question de la paix
ou de la guerre, et qu’elle disparaisse au plus vite. Elle n’a
reçu qu’un mandat limité et ne peut, sans violer la souveraineté
du peuple, s’octroyer le droit d’élaborer les lois organiques.
C’est
à Paris qu’incombe le devoir de faire respecter la souveraineté
du peuple et d’exiger qu’il ne soit point porté atteinte à ses
droits.
Paris
ne peut se séparer de la province, ni souffrir qu’on la détache
de lui.
Paris
a été, est encore et doit rester définitivement la capitale de la
France, la tête et le cœur de la République démocratique, une et
indivisible.
Il
a donc le droit incontestable de procéder aux élections d’un
conseil communal, de s’administrer lui-même, ainsi que cela
convient à toute cité démocratique, et de veiller à la liberté
et au repos publics à l’aide de la garde nationale, composée de
tous les citoyens élisant directement leurs chefs par le suffrage
universel.
Le
comité central de la garde nationale, en prenant les mesures
nécessaires pour assurer l’établissement du conseil communal de
Paris et l’élection de tous les chefs de la garde nationale, a
donc pris des mesures très sages, indispensables et de première
nécessité.
C’est
aux électeurs et aux gardes nationaux qu’il appartient maintenant
de soutenir les décisions du gouvernement, et d’assurer par leurs
votes, en nommant des républicains convaincus et dévoués, le salut
de la France et l’avenir de la République.
Demain
ils tiendront leurs destinées dans leurs mains, et nous sommes
persuadés à l’avance qu’ils feront bon usage de leurs droits.
Que
Paris délivre la France et sauve la République.
Le
délégué au JOURNAL OFFICIEL.
Journal de la Commune
CITOYENS,
Demain
aura lieu l’élection de l’Assemblée communale, demain la
population de Paris viendra confirmer de son vote l’expression de
sa volonté, si ouvertement manifestée le 18 mars par l’expulsion
d’un pouvoir provocateur qui semblait n’avoir d’autre but que
d’achever l’oeuvre de ses prédécesseurs et de consommer ainsi
par la destruction de la République la ruine du pays.
Par
cette révolution sans précédents dans l’histoire et dont la
grandeur apparaît chaque jour davantage, Paris a fait un éclatant
effort de justice. Il a affirmé l’union indissoluble dans son
esprit des idées d’ordre et de liberté, seuls fondements de la
République.
A
ceux que nos désastres avaient rendus maîtres de nos destinées et
qui s’étaient donné pour tâche d’annuler sa vie politique et
sociale, Paris a répondu par l’affirmation du droit
imprescriptible de toute cité, comme de tout pays, de s’administrer
soi-même, de diriger les faits de sa vie intérieure, municipale,
laissant au Gouvernement central l’administration général, la
direction politique du pays.
Il
n’y pas de pays libre là où l’individu et la cité ne sont pas
libres, il n’y aurait pas de République en France si ma capitale
du pays n’avait pas le droit de s’administrer elle-même.
C’est
ce droit qu’on n’oserait contester aux plus modestes bourgades
que l’on ne veut pas reconnaître à Paris, parce que l’on craint
son amour de la liberté, sa volonté inébranlable de maintenir la
République que la révolution communale du 18 mars a affirmée et
que vous confirmerez par votre vote de demain.
Né
de la revendication de justice qui a produit la révolution du 18
mars ; le Comité central a été installé à l’Hôtel-de-Ville,
non comme gouvernement, mais comme la sentinelle du peuple, comme le
comité de vigilance et d’organisation, tenu de veiller à ce qu’on
n’enlevât pas au peuple par surprise ou intrigue le fruit de sa
victoire, chargé
d’organiser
la manifestation définitive de la volonté populaire, c’est-à
dire l’élection libre d’une Assemblée qui représente, non pas
seulement les idées, mais aussi les intérêts de la population
parisienne.
Le
jour même où l’Assemblée communale sera installée, le jour où
les résultats du scrutin seront proclamés, le Comité central
déposera ses pouvoirs, et il pourra se retirer, fier d’avoir
terminé sa mission. Quant à Paris, il sera vraiment l’arbitre de
ses destinées ; il aura trouvé dans son assemblée communale
l’organe nécessaire pour représenter ses intérêts et les
défendre en face des intérêts des autres parties du pays, et
devant le pouvoir national central.
Il
pourra résoudre lui-même après quelques enquêtes et débats
contradictoires sans immixtion injustes et violentes, où les notions
de droit et de justice sont impudemment violées au profit des
factions monarchiques, ces questions si complexes et plus délicates
encore après la longue épreuve qu’il vient de subir si
courageusement pour sauver le pays.
Il
pourra enfin décider lui-même qu’elles sont les mesures qui
permettront au plus tôt sans froissements et sans secousses d’amener
la reprise des affaires et du travail.
Une
République ne vit ni de fantaisies administratives coûteuses, ni de
spéculations ruineuses, mais de liberté doit établir l’harmonie
des intérêts ; et non les sacrifier les uns aux autres. Les
questions d’échéances, de loyers, ne peuvent être réglées que
par les représentants de la ville, soutenus par leurs concitoyens,
toujours appelés, toujours
entendus.
Pas plus que tout ce qui regarde les intérêts de la cité, elles ne
peuvent être abandonnées au caprices d’un pouvoir qui n’obéit
le plus souvent qu’à l’esprit de parti.
Il
en est de même de la question du travail seule base de la vie
publique, seule assise des affaires honnêtes et loyales ; les
citoyens qu’une guerre engagée et soutenue par des gouvernements
sans contrôle a arrachés au travail ne peuvent être plongés par
une brusque suppression de la solde dans la misère et le chômage.
Il
y a une période de transition dont on doit tenir compte, une
solution qui doit être cherchée de bonne foi, un devoir de crédit
au travail, qui arrachera le travailleur à une misère immédiate et
lui permettra d’arriver rapidement à son émancipation définitive.
Ces
questions et bien d’autres devront être résolues par votre
conseil communal, et pour chacune d’elles il ne pourra se décider
que suivant les droits de tous, car il ne se prononcera qu’après
les avoir consultés, car, responsable et révocable, il sera sous la
surveillance continuelle des citoyens.
Enfin,
il aura à traiter des rapports de la cité avec e gouvernement
central, de façon à assurer et garantir l’indépendance
continuelle des citoyens.
Au
vote donc, citoyens de vous comprenne la grandeur du devoir qui lui
incombe, de l’acte qu’il va accomplir, et qu’il sache qu’en
jetant dans l’urne son bulletin de vote, il fonde à jamais la
liberté, la grandeur de Paris, il conserve à la France la
République, et fait pour la République ce que naguère, il faisait
si vaillamment devant l’ennemi : son devoir.
24
mars 1871.
Les
délégués de l’intérieur
ANT.
ARNAUD, ED. VAILLANT.
Journal de la Commune
CITOYENS,
Le
gouvernement, fugitif à Versailles, a cherché à faire le vide
autour de vous ; la province s’est trouvée tout à coup privée de
toutes nouvelles de Paris.
Mais
l’isolement dans lequel le souffle révolutionnaire de se frayer un
passage à travers toutes ces précautions.
Le
comité central a reçu hier et aujourd’hui plusieurs délégations
des villes de Lyon, Bordeaux, Marseille, Rouen, etc., qui sont venues
savoir quelle était la nature de notre révolution, et qui sont
reparties au plus vite pour aller donner le signal d’un mouvement
analogue, qui est préparé partout.
Vive
la France ! Vive la République !
Hôtel-de-Ville,
24 mars 1871.
(Suivent
les signatures.)
Journal de la Commune
CITOYENS,
La
cause de nos divisions repose sur un malentendu. En adversaires
loyaux, voulant le dissiper, nous exprimerons encore nos légitimes
griefs.
Le
gouvernement, suspect à la démocratie par sa composition même,
avait néanmoins été accepté par nous, en nous réservant de
veiller à ce qu’il ne trahît pas la République, après avoir
trahi Paris.
Nous
avons fait, sans coup férir, une révolution : c’était un devoir
sacré ; en voici les preuves :
Que
demandions-nous ?
Le
maintien de la République comme gouvernement seul possible et
indiscutable.
Le
droit commun pour Paris, c’est-à-dire un conseil communal élu.
La
suppression de l’armée permanente et le droit pour vous, garde
nationale, d’être seule à assurer l’ordre dans Paris.
Le
droit de nommer tous nos chefs.
Enfin,
la réorganisation de la garde nationale sur des bases qui
donneraient des garanties au peuple.
Comment
le gouvernement a-t-il répondu à cette revendication légitime ? Il
a rétabli l’état de siège tombé en désuétude, et donne le
commandement à Vinoy, qui s’est installé la menace à la bouche.
Il
a porté la main sur la liberté de la presse en supprimant six
journaux. Il a nommé au commandement de la garde nationale un
général impopulaire, qui avait mission de l’assujettir à une
discipline de far et de la réorganiser sur les vieilles bases
anti-démocratiques.
Il
nous a mis la gendarmerie à la préfecture dans la personne du
général Valentin, ex-colonel de gendarmes.
L’Assemblée
même n’a pas craint de souffleter Paris qui venait de prouver son
héroïsme.
Nous
gardions, jusqu’à notre réorganisation, des canons payés par
nous et que nous avions soustraits aux Prussiens. On a tenté de s’en
emparer par des entreprises nocturnes et les armes à la main.
On
ne voulait rien accorder ; il fallait obtenir, et nous nous sommes
levés pacifiquement, mais en masse.
On
nous objecte aujourd’hui que l’Assemblée, saisie de peur, nous
promet, pour un temps (non déterminé), l’élection communale et
celle de nos chefs, et que dès lors, notre résistance au pouvoir
n’a plus à se prolonger.
La
raison est mauvaise. Nous avons été trompés trop de fois pour ne
l’être pas encore ; la main gauche, tout au moins, reprendrait ce
qu’aurait donné la droite, et le peuple, encore une fois évincé,
serait une fois de plus la victime du mensonge et de la trahison.
Voyez,
en effet, ce que le gouvernement fait déjà !
Il
vient de jeter à la Chambre, par la voix de Jules Favre, le plus
épouvantable appel à la guerre civile, à la destruction de Paris
par la province, et déverse sur nous les calomnies les plus
odieuses.
CITOYENS,
Notre
cause est juste, notre cause est la vôtre ; joignez-vous donc à
nous pour son triomphe. Ne prêtez pas l’oreille aux conseils de
quelques hommes soldés qui cherchent à semer la division dans nos
rangs ; et, enfin, si vos convictions sont autres, venez donc
protester par des bulletins blancs, comme c’est le devoir de tout
bon citoyen.
Déserter
les urnes n’est pas prouver qu’on a raison : c’est, au
contraire, user de subterfuge pour s’assimiler, comme voix
d’abstentions, les défaillances des indifférents, des paresseux
ou des citoyens sans foi politique.
Les
hommes honnêtes répudient d’habitude de semblables
compromissions.
Avant
l’accomplissement de l’acte après lequel nous devons
disparaître, nous avons voulu tenter cet appel à la raison et à la
vérité.
Notre
devoir est accompli.
Hôtel-de-Ville,
24 mars 1871.
(Suivent
les signatures.)
Journal de la Commune
Citoyens,
gardes nationaux,
Brutalement
provoqués, vous vous êtes levés spontanément pour assurer par
votre attitude la mission que vous nous aviez confiée.
La
tâche est ardue pour tous : elle comporte beaucoup de fatigues,
beaucoup de résolution, et chacun a fait preuve du sentiment de ses
devoirs.
Quelques
bataillons cependant, égarés par des chefs réactionnaires, ont cru
devoir entraver notre mouvement par une opposition incompréhensible,
puisqu’elle apporte un obstacle aux volontés de la garde
nationale.
Des
maires, des députés, oublieux de leurs mandats, ont encouragé
cette résistance.
Une
partie de la presse, qui ne voit pas dans dépit l’avènement du
monde des travailleurs, a répandu sur nous les calomnies les plus
absurdes, rééditant les épithètes de communistes, de partageux,
de pillards, de buveurs de sang, etc. ; et des citoyens craintifs ont
ajouté foi à ces mensonges. Mais nous avons laissé passer cet
orage ; nous apportions les libertés soustraites ; et, bien qu’on
s’en servît contre nous, nous avons dédaigné l’abus.
On
a agité le fantôme prussien, menacé du bombardement, de
l’occupation, etc., et les Prussiens, qui nous ont jugés à notre
valeur, ont répondu en reconnaissant notre droit.
La
cause de la démocratie, la cause du peuple, la sainte cause de la
justice et de la liberté doit triompher de tous les obstacles, et
elle en triomphera.
Quant
à nous, sûrs du succès de l’oeuvre commune, nous vous remercions
avec effusion de votre dévouement en face des fatigues d’un
service extraordinaire ; nous comptons sur votre courage pour aller
avec nous jusqu’au bout. Nos adversaires, mieux éclairés, quand
ils auront compris la légitimité de nos revendications, viendront à
nous, ils y viennent déjà chaque jour, et dimanche au scrutin, il
n’y aura définitivement au chiffre des abstentions que ceux qui
caressaient traîtreusement l’espérance d’un retour à la
monarchie et à tous les privilèges et aux institutions plus ou
moins féodales qui en sont le cortège obligé.
Citoyens,
gardes nationaux,
Nous
comptons sur votre courage, sur vos efforts persévérants, sur votre
abnégation et votre bon vouloir en présence des charges du service,
des croisements d’ordre qui peuvent se produire et vos fatigues de
tous les jours.
Marchons
fermement au but sauveur ; l’établissement définitif de la
République par le contrôle permanent de la commune, appuyé par
cette seule force : la garde nationale élective dans tous les
grades. Quand nous pourrons avoir les yeux partout où se traitent
nos affaires, partout où se préparent nos destinées, alors, mais
seulement alors, on ne pourra plus étrangler la république.
Hôtel-de-Ville,
24 mars 1871.
(Suivent
les signatures.)
Journal de la Commune
CITOYENS,
Appelés
par le Comité central au poste grand et périlleux de commander
provisoirement la garde nationale républicaine, nous jurons de
remplir énergiquement cette mission, afin d’assurer le
rétablissement de l’entente sociale entre tous les citoyens.
Nous
voulons l’ordre… mais non celui que patronnent les régimes
déchus, en assassinant les fonctionnaires paisibles et en autorisant
tous les abus.
Ceux
qui provoquent à l’émeute n’hésitent pas, pour arriver à leur
but de restaurations monarchiques, à se servir de moyens infâmes ;
ils n’hésitent pas à affamer la garde nationale en séquestrant
la Banque et la Manutention.
Le
temps n’est plus au parlementarisme ; il faut agir, et punir
sévèrement les ennemis de la République.
Tout
ce qui n’est pas avec nous est contre nous. Paris veut être libre.
La contre-révolution ne l’effraye pas ; mais la grande cité ne
permet pas qu’on trouble impunément l’ordre public !
Vive
la République !
Les
généraux commandants,
BRUNEL,
E. DUVAL, E. EUDES.
Journal de la Commune
On
lit dans le National :
J’ai
entendu le dialogue suivant entre un représentant de la droite et un
représentant de la gauche.
— Vous
ne pouvez pourtant abandonner Paris, disait un député de gauche.
— Pourquoi
cela donc ? Que Paris cuise dans son jus, qu’on lui coupe les
vivres, qu’on l’investisse encore une fois ; il n’aura que ce
qu’il a mérité.
— Mais
vous ne pensez ni aux femmes, ni aux enfants, ni aux vieillards, ni
aux citoyens si nombreux qui soupirent après le rétablissement de
l’ordre !
— Tant
pis pour eux, pourquoi habitent-ils Paris ?
Ainsi,
pour ces hobereaux de village, pour ces gentilshommes de bourgeoisie,
le crime, c’est d’habiter Paris, c’est d’être Parisien.
Ah
! triple niais doublés d’égoïstes ! Faites donc de la politique
avec de pareils législateurs !
BARON
SCHOP.
Journal de la Commune
Le
patriotisme de l’armée vient d’épargner à Paris les horreurs
d’une guerre civile, provoquée par les fureurs de l’Assemblée
et par des arrêtés liberticides.
Espérons
que ce noble exemple sera suivi partout où des chefs stupides
voudraient engager une criminelle collision. Trop souvent, depuis
1789, la contre-révolution, au nom de la discipline et de l’honneur
militaires, a poussé les troupes à égorger les citoyens. La liste
des massacres qu’elle a commandés est longue et horrible depuis
celui de Nancy jusqu’au 2 décembre, et nous serions tentés de la
rappeler dans ses détails pour faire comprendre que la concorde et
la tranquillité publique sont incompatibles avec sa conspiration
acharnée contre les droits de la nation. Nîmes, Lyon, Marseille,
Lille et Bordeaux ont envoyé des délégués pour prendre les
instructions du comité central de la garde nationale.
Journal de la Commune
Nous
avons publié la protestation du citoyen Blanqui contre sa
condamnation à mort, prononcée par les hommes du 4 septembre. Nous
donnons aujourd’hui celle du citoyen Flourens :
« Citoyens,
En
présence du jugement qui me frappe, il est de mon devoir de
protester de la
façon
la plus énergique contre la violation de tous les droits inscrits
dans toutes
les
constitutions.
L’accusé
doit être jugé par ses pairs. Tel est le texte de la loi. Or, je
dénie
complètement
aux assassins patentés de la réaction le titre de juges. Nommés
par
un
pouvoir qui n’avait encore été reconnu par personne le 31 octobre
1870, ils ne
peuvent
puiser leur peuvent puiser leur puissance qu’en dehors de la loi.
D’ailleurs
j’ai appris, par une longue expérience des choses humaines, que la
liberté
se fortifiait par le sang des martyrs.
Si
le mien peut servir à cimenter l’union de la patrie et de la
liberté, je l’offre
volontiers
aux assassins du pays et aux massacreurs de janvier.
Salut
et fraternité. »
G.
FLOURENS
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