lundi 8 novembre 2021

Services spéciaux. 1955. 1957. Par le général Aussaresses

 "Aussaresses, il faut tout de même que vous sachiez quelque chose que personne ne sait, à part vous et moi. Je viens de recevoir la visite des pieds-noirs les plus influents de la société algérienne et algéroise. Ce sont des gens très décidés. Ils m’ont dit qu’ils avaient l’intention de se substituer aux forces de l’ordre si elles continuaient à se montrer incapables de faire face a la situation. Ils veulent commencer par une action spectaculaire. Pour eux, l’axe géographique de l’organisation du FLN, c’est la Casbah. Ils n’ont pas tort. La Casbah est en pente. Au sommet, il y a une large avenue Ils projettent d’y rassembler un convoi de camions de combustible. Le camion de tête s’arretera et te convoi se resserrera. À ce moment, ils ouvriront les vannes des citernes. Quand le combustible aura inondé la Casbah, ils y mettront le feu. D’après les estimations que j’ai pu faire, il y aurait soixante-dix milte morts. Ceux qui m’ont dit ça ont les moyens de leur politique, croyez-moi. Cette résolution des pieds-noirs m’oblige à la plus grande fermeté, vous comprenez, Ils ne plaisantent pas. Ce sera très dur, Aussaresses, et nous devrons être impitoyables."

"Morlanne avait également tenté de mettre en place un Service Action Méditerranée à partir de Tanger, animé par le truand Jo Attia, ancien lieutenant de Pierrot le Fou dans le gang des tractions. Mais Jo Attia, dont l’officier traitant était Bob Maloubier, n’avait pas été très convaincant. Les quelques missions dont il avait été chargé, principalement au Maroc, avaient échoué et plus tard, l’affaire se termina par un scandaleux fiasco."

"Le couvre-feu décidé par Massu fut rapidement mis en place. Les patrouilles exécutèrent les ordres et tirèrent sur tout ce qui bougeait. On laissa les morts sur place. On n’avait pas le temps de s’en occuper et il fallait qu’on les voie bien. Pour être crédibles, les parachutistes devaient en effet se montrer plus redoutables que le FLN. Des exécutions sommaires ainsi pratiquées dans les rues d’Alger prouvaient la détermination du gouvernement dont nous étions le bras armé. Elles frappèrent tant les esprits que, le lendemain, les dénonciations commencèrent à affluer."


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