samedi 13 novembre 2021

Les vies d'Alexandre Jacob par Bernard Thomas

 








Lors du procès d'Alexandre Marius Jacob qui eut lieu à Amiens, sous haute sécurité puisqu'il y eut une forte mobilisation policière afin de contenir des probables débordements des camarades anarchistes de Jacob, est sorti un journal du nom de GERMINAL. Journal extrêmement radical et qui a sorti des textes qui appelait à l'insurrection, au soulèvement.

Je vais publier deux articles de cette période mouvementée:

"Travailleurs!

Votre sort, malgré toutes les promesses des politiciens multicolores, devient de plus en plus précaire.

La presse fait le silence sur les vexations de toutes sortes que vous font subir les exploiteurs dans leurs bagnes modernes.

Franchement libertaire, GERMINAL ne s'égarera pas dans le chemin boueux de la politique, si ce n'est pour démasquer les fumistes et les flatteurs qui y pullulent. Sorti du peuple et fait par le peuple, GERMINAL cherchera à devenir réellement le journal du peuple amiénois...

Les innombrables victimes des curés, des traineurs de sabre, des jugeurs, des policiers, des patrons, pourront faire entendre ici leur cri de révolte sans crainte d'être dévoilés. Nous avons assez d'énergie révolutionnaire pour endosser toutes les responsabilités devant les lois que nous méprisons souverainement.

Que chacun fasse son devoir, et GERMINAL vivra pour faire mourir de rage les repus et les satisfaits, en préparant la Révolution sociale d'où germera enfin la liberté..."




Editorial du 3 janvier

"A Jacob et à ses camarades,

Juges, fonctionnaires, prêtres, soldats, gendarmes, policiers, gens de loi, hommes d'affaires, tous se coalisent pour affamer le peuple, l'emprisonner dans leurs usines, et le tuer dans leurs prisons.

On truste dans les marchés, on spécule, on accapare, on réalise des affaires, on fait baisser la rente pout l'acheter, on la fait monter pour vendre; l'or dirige la politique, les banquiers déclarent la guerre, c'est légal.

On exploite l'ouvrier; on profite de son ignorance et de sa résignation; on accule les uns à lai faillite et à la misère, les autres à la grève, à la révolte, à la faim, d'autres encore au vol, au désespoir, au suicide, à l'assassinat. C'est encore légal.

On cultive le typhus et la tuberculose dans les usines, les prisons et les casernes. On jette à la rue des sans-le-sous. On jette en prison les sans-gîte. Les lois sont des instruments de persécution. C'est toujours légal.

Vous, Jacob, qui refusez d'être esclave du riche et d'exploiter le pauvre,

Vous qui refusez le suicide du travail abrutissant et vous révoltez contre une société criminelle,

Vous enfin qui voulez vivre,

Vous êtes une victime sociale!"


Un article de Libertad  dans "Le Libertaire" qui passe de main e  main:

"En ce moment, à Amiens, écrit Libertad, deux bandes d'individus sont en présence. L'une parait avoir la victoire: elle ne se bat plus; elle juge. Elle a même nommé des délégués, qui se parent d'uniformes et se décorent de noms spéciaux: gendarmes, juges, soldats, procureurs, jurés. Mais nul ne s'y trompe. On reconnait en eux les partenaires habituels de la lutte sociale: voleurs, faussaires, assassins, selon les circonstances.

Tenus solidement, les membres de la seconde bande sont attachés, mais ils ne sont pas vaincus. Et lorsqu'ils secouent la tête, délégués et spectateurs ont des mouvements de fuite.

Les gens de la première bande appellent leur opération rendre la justices et disent poursuivre le crime. Ce ne sont pas les remords, en tout cas, qui amènent leurs ennemis devant eux, mais bien les menottes...

Des dix doigts des premiers, qu'ils soient juges, gardiens de la paix, commerçants, contrôleurs ou administrateurs, aucune oeuvre utile n'est jamais sortie. Ils n'ont pas fait le pain qu'ils mangent, ni les châteaux qu'ils habitent, ni les vêtements qu'ils portent, ni les voitures qui les roulent. Ce dont ils vivent, ILS L ONT DONC VOLE.

Dans une autre société, Jacob et ses amis pourraient s'employer utilement. Leur adresse, leurs connaissances, leur force, leur courage ne font de doute pour personne. Ils se sont mis à cambrioler la société pour vivre, avec l'espoir, peut-être erroné, que cela porterait la perturbation dans son organisme. C'est leur seule faute - s'ils en ont commis une."'


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