lundi 12 août 2019

Journal de la Commune

Le service des postes, régi au nom et pour le compte du gouvernement de Versailles, nous réservait, paraît-il, une primeur toute spontanée.
Un fait sans précédents dans les annales administratives, et appelé à donner à notre heure inspiratrice la dose de confiance que nous devons accorder à ces bons villageois, vient de se produire.
Le public, qui depuis le 2 avril commence à profiter de l’organisation établie par la nouvelle direction du citoyen Theisz, sera sans doute très surpris d’apprendre que les ruraux perdent volontiers de vue les lois des 10 et 29 août 1790 et 10 juillet 1791, sur l’inviolabilité des correspondances.
En confiant à des courriers spéciaux le transport des dépêches originaires de Paris, en s’efforçant chaque jour d’assurer un service postal régulier, de nature à satisfaire le public, le citoyen directeur général des postes n’a pas été moins surpris en apprenant qu’un de ses agents, chargé d’effectuer en province le transport des correspondances, venait d’être arrêté à Troyes et mis au secret.
Rassurons-nous, bonne note est prise du procédé et de l’élan avec lequel ces messieurs de Versailles pratiquent la galanterie en matière postale ; si leurs ordres ont provoqué une première fois la mise au secret de nos correspondances, l’hôtel des postes se réserve de prévenir le retour d’une mesure aussi arbitraire et dont l’application rappelle les périodes plébiscitaires de l’Empire.


FAITS DIVERS
Les citoyennes patriotes sont prévenues que le comité central provisoire de l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, convoque sa troisième réunion publique pur le lundi 17 avril, à huit heures du soir, mairie du VIe arrondissement, quartier de l’Hôtel-de-Ville, et invitent toutes les citoyennes dévouées à la cause du peuple d’y assister, et de joindre leurs efforts à ceux du comité pour l’organisation définitive de l’œuvre.
Ordre du jour : 1° nomination des membres pour le complément des comités d’arrondissement ; 2° explication du but de l’organisation.


On lit dans la Plèbe, de Lodi, la lettre ci-après adressée à son directeur :
« Mon cher Bignami.
« Mille remerciements pour l’Almanach républicain à substituer à celui des bouffons cléricaux. Je suis avec vous pour la Commune, et puisque me voici en train de raisonner, j’ai toujours pensé qu’il n’est pas besoin de la permission de Paris ou de Rome pour manger la soupe à Lodi ou à Nice.
« Toutefois, comme il faut être forts pour lutter contre des voisins très puissants, de même il faut naturellement relier les communes afin d’en faire une agglomération politique forte, afin de ne pas être écrasés.
« La démocratie a naturellement de l’aversion vis-à-vis de la dictature, et avec raison, si l’on pense à des dictateurs comme César et Scylla : mais quand on a la chance de trouver un Cincinnatus ou un Washington l’honnête dictature temporaire est de beaucoup préférable au bizantisme (sic) des 500.
« L’Espagne est dans l’abaissement, pour n’avoir pas eu un homme qui la dirigeât dans sa belle révolution. La France est aujourd’hui dans le malheur par la même raison.
« Telle est mon opinion.
« De nouveau, merci pour l’envoi de votre estimable journal.
G. GARIBALDI. » Caprera, le 4 avril 1871.

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