Abri,
logement, asile, refuge que l'on offre gratuitement à quelqu'un. Les
anciens, en général, avaient en honneur le culte de l'hospitalité.
L'étranger était accueilli cordialement et, pendant toute la durée
de sa présence, l’hôte était considéré comme sacré. Depuis,
cette habitude tend de plus en plus à disparaître de nos mœurs.
Les conditions d'existence faites aux hommes les ont rendus méfiants.
Néanmoins, dans la classe pauvre, on accorde encore assez facilement
l'hospitalité. C'est une des plus belles manifestations de
solidarité humaine qui soient. Elle suffirait à démontrer que,
contrairement aux dires des casuistes de l'Eglise, l'homme n'est pas
foncièrement méchant et égoïste. Quoi de plus beau, de plus
noble, que cette confiance accordée par quelqu'un à un être qu'il
ne connaît pas et à qui il offre sa maison et, quelquefois, sa
table? Certes, il arrive que des individus sans scrupules abusent de
l'hospitalité et en profitent pour voler leur hôte. Il se trouve
partout des êtres anormaux. Mais jamais l'homme bon et fraternel ne
refusera son toit à celui qui se trouve sans abri. Jamais l'ouvrier
ne laissera un de ses camarades coucher dehors. Pendant la guerre,
beaucoup de camarades offrirent l'hospitalité aux déserteurs et aux
insoumis - ce faisant, ils encouraient une véritable responsabilité
; mais le sentiment de solidarité était assez solidement ancré en
eux pour risquer la prison en hospitalisant un de leurs amis
(quelquefois un inconnu) qui ne voulait pas se soumettre à
l'assassinat collectif. Donner l'hospitalité! Ces mots ne sont-ils
pas à eux seuls la condamnation du régime présent? Comment il se
trouve encore des hommes, des femmes et même des enfants sans
domicile, alors qu'il y a tant de locaux (palais, sièges
d'administrations, ministères, banques, casernes, églises,
châteaux, hôtels particuliers habités seulement une saison, etc.)
qui se trouvent vacants ou employés pour des besognes malfaisantes?
Il est permis qu'un être, parce qu'il ne possède aucun argent, ne
puisse, en arrivant dans une ville, trouver une chambre où coucher?
Et cet être n'est-il pas passible de prison? (Voir Vagabondage).
Certes, il est des cas où l'hospitalité n'est pas le fait de la
société. Quand, par exemple, un camarade se rend d'une localité à
une autre et qu'il va loger chez un de ses amis mais là, ce n'est
pas un cas spécifique d'hospitalité ; c'est un acte de camaraderie
pure. Nous travaillons fermement et de toutes nos forces pour
l'avènement d'une société où il ne se trouvera plus de sans-abri,
où le logement sera assuré à tous. L'hospitalité, alors, aura
vécu et ne sera plus qu'un souvenir de la solidarité des hommes au
temps où l'iniquité régnait.
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