Vers le
premier quart du VIIIème siècle, une secte religieuse se fonda qui
avait pour objet de briser toutes les images des saints et
d'interdire le culte qu'on leur rendait. Cette secte des «
Iconoclastes » fut d'abord approuvée par le concile de
Constantinople, en 754. Approuver ses actes, c'était rendre en
grande partie impossible la tâche de l'Eglise romaine qui a toute
une armée de saints plus ou moins miraculeux à proposer à la
vénération des fidèles. Aussi, le concile de Nicée (787) et ceux
qui suivirent, condamnèrent-ils impitoyablement la secte qui
disparut au commencement du siècle suivant. Plus tard, les
Albigeois, les Hussistes, les Vaudois et les Calvinistes reprirent
les pratiques iconoclastes car ils ne reconnaissaient pas la «
sainteté» des apôtres. Etendant le sens du mot, lui donnant une
signification plus complète, les anarchistes se disent iconoclastes.
Le compagnon Percheron, dans une chanson La Ronde des briseurs
d'images, avait expliqué d'une manière très exacte le pourquoi
d'une telle affirmation. Voulant briser non seulement les images des
saints, mais celles de tous les faux dieux, de toutes les idoles, de
tous les préjugés ; ne s'inclinant devant aucune autorité morale
ou matérielle, les anarchistes veulent démolir de fond en comble la
vieille société qui nous régit. C'est pourquoi, avec tout leur
irrespect pour les choses établies, ils s'attachent à briser toutes
les images (Etat, religion, politique, propriété, patronat, patrie,
etc.) avec lesquelles on leurre encore le peuple aujourd'hui, et qui
font durer son esclavage. Reconnaissant la haute portée morale, la
grande valeur bienfaisante de certaines vies d'hommes dévoués à la
Science, à la Philosophie, à la Révolution, les anarchistes citent
quelquefois en exemple et comme enseignement les œuvres de ces
précurseurs. Mais, ne voulant voir aucune prédestination en
n'importe quel homme, ils se dressent contre toute tentative, d'où
qu'elle émane, de faire de certains des personnages légendaires. Et
ils brisent toutes les images des faux dieux laïcs ou
révolutionnaires que certains en mal d'adoration et pour des fins
peu recommandables proposent à la vénération des foules.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire