Pour compléter la
documentation donnée à inhumation et maisons (mortuaires), voici l'énumération
de quelques signes et moyens qui permettent de reconnaître la mort avec quelque
certitude et de réduire, si l'on n'a recours à la crémation, les risques d'être
enterré vivant.
L'injection de fluorescine
(28 c/c), d'ammoniaque (14 c/c) – proportions variant avec la corpulence du
sujet – provoque, à des degrés d'appréciation suffisants, et dans la demi-heure
qui suit, une certaine coloration de la peau (jaune foncé et vert intense chez
le moribond) pouvant éviter une autopsie plus ou moins opportune.
L'examen de l'œil, les
manifestations de la circulation, de la respiration, de la sensibilité, même
provoquées s'il le faut, par pinces spéciales, sont susceptibles de dénoncer
les cas de léthargie ou de mort simplement apparente.
Le parcheminement de la
peau, découpée et soulevée sur un point du corps, est aussi un moyen de
contrôle. Le parcheminement des cuisses, provoqué par friction à la brosse,
s'obtient facilement dans les 6 à 12 heures qui suivent l'expérience. Chez les
pendus, le parcheminement du sillon de la corde est constamment observé, la
dessiccation de la peau du sillon s'opère 5 à 6 heures après cessation de la
vie.
La brûlure d'ammoniaque qui
fait ampoule sur le vivant ne fait pas ampoule sur le cadavre.
En approchant la flamme
d'une bougie, à 1 cm du doigt de la main du cadavre, une ampoule se produit et
elle éclate ; sur le vivant il y ampoule mais pas d'éclatement.
La rigidité cadavérique
s'observe d'abord sur les régions déclives, deux ou trois heures après le décès
: en arrière des cuisses par exemple.
Sur le cadavre, le sang
veineux se transforme en sang artériel par absence d'oxygène et la putréfaction
commence. Quand on déplace un cadavre, les lividités se déplacent un certain
temps, c'est ainsi qu'il est permis au médecin légiste de voir si la scène a
été truquée, la lividité nouvelle ne correspondant plus à la situation première
du cadavre.
La chute de la température,
par rapport au milieu ambiant, est aussi un signe peu négligeable ; cependant
on a vu des malades atteindre 27°4 !
Après la mort, on observe,
en certaines circonstances, une élévation de température au-dessus de 40°
(tétanos), de 55° (crise d'alcoolisme, délirium tremens) ; 50° (méningite
tuberculeuse) ; 50° (pachyméningite alcoolique) ; 50° (pneumonie) ; certains
alcooliques ont marqué, après cessation de vie, 53° et jusqu'à 59° !
Dans certaines maladies par
invasion de microbes putréfacteurs – chez les cholériques, par exemple – l'état
de rigidité cesse après les 3 ou 4 heures succédant à la mort.
La rigidité est aussi de
faible durée chez les affaiblis par durcissement des fibres musculaires lisses
et striées qui, en cassant, font cesser l'état de rigidité. L'acidité précipite
la rigidité ; la contracture de la mâchoire s'obtient dans les 3 heures, mais
en position déclive ; chez les pendus même avec un bandeau, ce phénomène ne
s'accomplit pas.
L'état de rigidité,
contrairement à l'état de lividité qui ne dure que très peu de temps, dure de
60 à 75 heures ; dans les pays froids, la rigidité dure 5, 6 et 7 jours et
jusqu'à 10 jours dans les pays de glace. On peut lutter contre la rigidité par
des mouvements en flexion des bras ou en extension des membres inférieurs.
La rigidité musculaire des
vésicules séminales s'accomplit pendant l'agonie ; la rigidité de l'utérus
expulse le fœtus ; le sperme, chez l'homme, se loge dans l'urètre par
contraction plus que par rigidité ; le cœur s'arrête en diastole, le ventricule
gauche vide. Chez les épuisés, il n'est pas rare de voir l'état de rigidité (et
de lividité l'accompagnant) précéder la mort ; en général, dans ce cas, l'état
de rigidité s'établit instantanément avec la mort. On a vu, dans la dernière
guerre, nombre de soldats tués au moment où ils accomplissaient certaines
actions, rester figés dans la situation qu'ils occupaient avant d'être frappés
à mort : soldats buvant à leur quart, soldats russes en prière, etc.
Hors la guerre, ces cas sont
plus rares et n'existent que par plaies au crâne : suicidé restant debout
devant une glace et figé dans cette attitude.
Certains criminels ont pensé
faire tenir un revolver dans la main de ceux qu'ils tuaient ; l'arme, toujours
mal tenue, ne peut l'être quand la mort est dû à une plaie du crâne.
L'expression de la
physionomie du cadavre : terreur, angoisse, ne doit jamais être confondue avec
les expressions caractéristiques du phénomène de la rigidité provoqué par les
spasmes cadavériques. La rigidité, elle-même, peut donner au visage une
expression d'horreur succédant à un état extatique.
– L. RIMBAULT.
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