dimanche 20 novembre 2022

MORT (SIGNES DE LA) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 


Pour compléter la documentation donnée à inhumation et maisons (mortuaires), voici l'énumération de quelques signes et moyens qui permettent de reconnaître la mort avec quelque certitude et de réduire, si l'on n'a recours à la crémation, les risques d'être enterré vivant.

L'injection de fluorescine (28 c/c), d'ammoniaque (14 c/c) – proportions variant avec la corpulence du sujet – provoque, à des degrés d'appréciation suffisants, et dans la demi-heure qui suit, une certaine coloration de la peau (jaune foncé et vert intense chez le moribond) pouvant éviter une autopsie plus ou moins opportune.

L'examen de l'œil, les manifestations de la circulation, de la respiration, de la sensibilité, même provoquées s'il le faut, par pinces spéciales, sont susceptibles de dénoncer les cas de léthargie ou de mort simplement apparente.

Le parcheminement de la peau, découpée et soulevée sur un point du corps, est aussi un moyen de contrôle. Le parcheminement des cuisses, provoqué par friction à la brosse, s'obtient facilement dans les 6 à 12 heures qui suivent l'expérience. Chez les pendus, le parcheminement du sillon de la corde est constamment observé, la dessiccation de la peau du sillon s'opère 5 à 6 heures après cessation de la vie.

La brûlure d'ammoniaque qui fait ampoule sur le vivant ne fait pas ampoule sur le cadavre.

En approchant la flamme d'une bougie, à 1 cm du doigt de la main du cadavre, une ampoule se produit et elle éclate ; sur le vivant il y ampoule mais pas d'éclatement.

La rigidité cadavérique s'observe d'abord sur les régions déclives, deux ou trois heures après le décès : en arrière des cuisses par exemple.

Sur le cadavre, le sang veineux se transforme en sang artériel par absence d'oxygène et la putréfaction commence. Quand on déplace un cadavre, les lividités se déplacent un certain temps, c'est ainsi qu'il est permis au médecin légiste de voir si la scène a été truquée, la lividité nouvelle ne correspondant plus à la situation première du cadavre.

La chute de la température, par rapport au milieu ambiant, est aussi un signe peu négligeable ; cependant on a vu des malades atteindre 27°4 !

Après la mort, on observe, en certaines circonstances, une élévation de température au-dessus de 40° (tétanos), de 55° (crise d'alcoolisme, délirium tremens) ; 50° (méningite tuberculeuse) ; 50° (pachyméningite alcoolique) ; 50° (pneumonie) ; certains alcooliques ont marqué, après cessation de vie, 53° et jusqu'à 59° !

Dans certaines maladies par invasion de microbes putréfacteurs – chez les cholériques, par exemple – l'état de rigidité cesse après les 3 ou 4 heures succédant à la mort.

La rigidité est aussi de faible durée chez les affaiblis par durcissement des fibres musculaires lisses et striées qui, en cassant, font cesser l'état de rigidité. L'acidité précipite la rigidité ; la contracture de la mâchoire s'obtient dans les 3 heures, mais en position déclive ; chez les pendus même avec un bandeau, ce phénomène ne s'accomplit pas.

L'état de rigidité, contrairement à l'état de lividité qui ne dure que très peu de temps, dure de 60 à 75 heures ; dans les pays froids, la rigidité dure 5, 6 et 7 jours et jusqu'à 10 jours dans les pays de glace. On peut lutter contre la rigidité par des mouvements en flexion des bras ou en extension des membres inférieurs.

La rigidité musculaire des vésicules séminales s'accomplit pendant l'agonie ; la rigidité de l'utérus expulse le fœtus ; le sperme, chez l'homme, se loge dans l'urètre par contraction plus que par rigidité ; le cœur s'arrête en diastole, le ventricule gauche vide. Chez les épuisés, il n'est pas rare de voir l'état de rigidité (et de lividité l'accompagnant) précéder la mort ; en général, dans ce cas, l'état de rigidité s'établit instantanément avec la mort. On a vu, dans la dernière guerre, nombre de soldats tués au moment où ils accomplissaient certaines actions, rester figés dans la situation qu'ils occupaient avant d'être frappés à mort : soldats buvant à leur quart, soldats russes en prière, etc.

Hors la guerre, ces cas sont plus rares et n'existent que par plaies au crâne : suicidé restant debout devant une glace et figé dans cette attitude.

Certains criminels ont pensé faire tenir un revolver dans la main de ceux qu'ils tuaient ; l'arme, toujours mal tenue, ne peut l'être quand la mort est dû à une plaie du crâne.

L'expression de la physionomie du cadavre : terreur, angoisse, ne doit jamais être confondue avec les expressions caractéristiques du phénomène de la rigidité provoqué par les spasmes cadavériques. La rigidité, elle-même, peut donner au visage une expression d'horreur succédant à un état extatique.

– L. RIMBAULT.

Aucun commentaire: