Deux questions cependant, toujours avec la même vitesse:
1/ le communisme n'a-t-il été que matérialiste?;
2/ le communisme a-t-il été assez matérialiste?
La réponse à la première de ces deux questions s'impose: il n'a certes pas été qu'un matérialisme ou que matérialiste - mais, c'est selon, un idéalisme, un spiritualisme, un utopisme, un messianisme etc. (il s'y est attaché plus de foi que de vrai savoir, plus de croyance que de lucidité, plus d'opinion que de pensée, plus d'espérance que de calcul, etc.).
A la seconde de ces deux questions, la réponse s'impose aussi (contre laquelle beaucoup pourtant se récrieront): il n'a pas été assez matérialiste.
De ces deux observations complémentaires ( aucunement, donc, contradictoires), selon lesquelles le communisme n'a été ni seulement ni assez matérialiste, il est possible de déduire ceci:
3/ le communisme n'a jamais été ni seulement ni assez communiste.
Le contraire, en somme, de ce qu'on n'a que trop dit. Il faut alors soutenir que ce qui a terrifié - et qu'il ne faut diminuer en rien ni d'aucune façon -, ce n'est pas le communisme, mais sa déconvenue (sinon sa non-venue, du moins sa venue à demi), laquelle a commencé avec lui, en même temps que lui, et pour les raisons que lui-même a réunies. Tout le travail qui reste à faire tient à ses raisons - mais quel travail! C'est de ce travail et de ces raisons que la valeur des mots "communiste", en premier, et "hypothèse", accessoirement, dépendra.
De longs détours devraient être nécessaires ( le seront). Celui, par exemple, qui consistera à rappeler que le mot "communisme" est apparu pour la première fois chez Restif dela Bretonne. Rappel qui est l'occasion de deux remarques accidentelles:
1/ pas chez un philosophe donc ( même français, même des Lumières), mais chez un écrivain ( la grande liberté de la langue pensée-créée au et par le XVIII° siècles, avant que le moralisme bourgeois du XIX° siècles en eût raison;
2/ pas chez un doctrinaire, un responsable, un représentant, un élu, mais chez un libertin ( que Paris, la nuit, obsède, qu'obsède la surexposition du sexe, lequel mêlerait les classes sociales, en tout cas ne distinguerait pas entre elles- la nuit, tous les chats dialectiques sont gris.
Deux remarques donc, lesquelles permettraient cette observation: philosophe/écrivain, doctrinaire/libertin (etc), comme ils s'opposent terme à terme, opposent aussi à priori et terme à terme deux destins possibles/prévisibles du mot "communisme" (préviennent contre la méprise - tragique- à laquelle il n'échappera pas).
Reprendre l histoire du mot "communisme", c est la reprendre au moment où il a effectué le partage. Pas le partage qu il promettait;un autre: qu il ne promit pas à tous pareillement. Marx en effet ne promit pas à tous le même partage quoique le communisme était fait pour que ce fût la condition même du partage qui ne dut plus être contesté - n est ce pas ce qu on attendait de Marx?
Marx en effet à sépare. Pas seulement entre classes ennemies ( c était bien le moins), mais entre ennemis de la même classe ( entre ceux dont il fit, dans la même classe, des ennemis). Marx a sépare entre le bon grain de l'Apple e et l ivraie de la pègre - de la "pègre prolétarienne), ce sont ses mots. Promettait il de " relever" ce qui est bas et vil ( proletarius)? Il ne l a pas promis sa s, par le même geste, abandonner a cette " bassesse" et a cette "vilenie" ce qui l était le plus, ce qui était irrelevablement vil et bas, décidant en somme qu il l était sa s espoir ni remède. Son matérialisme dissolvant moins une séparation existante qu il ne la déplaçait. Et, a la fin, qu il ne la reconduisant et ne la renforçait, l assortissant en fait d une sévérité accrue du jugement; dont dépendra plus tard la sévérité de tous les jugements prononcés en son nom. Dont, autant le dire, ce dont tout corriger la précédente, qui aurait dû permettre que le partageus les suspicions et tous les procès qui dépendront désormais, qui s autorisera t de son principe.
Les mots au moyen desquels il a désigné ce reste de l opération de partage qu il effectuait a son tour, qui aurait du corriger la précédente, qui aurait dû permettre que le partage ne necessitat plus dès lors aucune correction, sont parmi les plus cruels, surtout parmi les plus moraux qui fussent jamais formés. Ils apparaissent dans Le Manifeste; ils abondent le 18 brumaire de Louis Bonaparte. J y renvoie.
Il n y a pas de bourgeois qui n ait pu les avoir alors, comme lui, avec lui. Qui ne puisse les avoir aujourd'hui. On n y a pas assez pris garde. Marc nommé et condamné, et. E nomme ni ne condamne pas moins que la bourgeoisie elle même le sous prolétariat pouilleux et paillard des estaminets, des beuveries et des rixes, qui boit et baise sans vergogne, c est a dire sans souci du travail, c est a dire sans souci de reproduire une main d œuvre qu'il faudra que la guerre de classes, le moment venu, reprenne au capital. Parce que le matérialisme de Marx est moral ( Marx n attend pas moins du travail que les bourgeois même si il en attend le contraire - rien n a changé de ce point de vue). Parce que le matérialisme de Marx est puritain ( un siècle de puritanisme communiste nous l enseigne dont les traitements réservés au sexe, a la psychanalyse et à l art constituent un marqueur très sûr. Parce que c est un " haut" matérialisme, pour le designer par opposition au matérialisme auquel Bataille en appellera au début des années trente ( contre le fascisme et contre le marxisme lui même, par le coup, impuissant à se opposer à sa " montée"): un " bas matérialisme".
Le communisme est il un matérialisme? Il aurait dû l être et ne l a pas été; il le devra mais le sera t il? N être qu un matérialisme pour mériter le nom que vous voulez qu on lui donne en ore, et auquel lui même a pretendu.
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