"On pourrait ironiquement, voire méchamment, résumer bien des pages antérieures en montrant que j'emploie le raisonnement du chaudron (inquiétante surcharge d'explications contradictoirews, car à vouloir trop prouver...!). Je n'écris pas parce que:
1 Je ne peux plus écrire.
2 Je ne dois plus écrire.
3 Quand bien même je pourrais encore écrire, tout travail serait fastidieux dans la mesure où j'aurais déjà réalisé le livre même que je voulais écrire.
Qu'il s'agisse d'une incapacité provisoire ou d'une impuissance définitive; qu'écrire soit interdit, c'est-à-dire que le temps d'écrire soit passé; qu'écrire soit ( quant à moi) désormais inutile, dans tous les cas la détresse" est inévitable dans la mesure où "je" -un je superflu - survis au "biographe" alors qu'écrire était ma vie (alors qu'à tout le moins je m'identifiais à "Roger Laporte").
Je l'ai dit maintes fois, mais, pour plus de précision, je suis obligé de revenir sur ce point: je ne regrette rien, autrement dit Moriendo valait bien le sacrifice du "biographe", et pourtant il y a drame parce que la disparition du "biographe", ou, pour parler plus banalement, l'usure du signataire, n'a pas entrainé l'extinction du désir d'écrire ( au sens majeur de ce terme).
Je ne dois pas me leurrer: dans l'état actuel des choses, ou plutôt dans l'état actuel de mes connaissances, la situation pourrait changer, ma détresse s'atténuer, ou même disparaitre seulement si l'une ou l'autre des conditions suivantes se trouvait remplie:
-De nouveau je pourrais écrire (mais, je le crois profondèment, même si une partie -insuffisante- de mes forces peut être restaurée, l'usure est irréversible).
-Le "il le faut" ressurgirait.
-Je n'aurais plus le sentiment que Moriendo est le seul livre que je dusse écrire, autrement dit le Livre serait de nouveau à venir.
-ou bien à tout le moins le désir d'écrire s'éteindrait peu à peu, mais comment ne regretterais-je pas à jamais l'épreuve - la chance- la Fête?"
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