« Elle pensait alors que l’univers communiste était le seul où régnait cette barbarie de la musique. A l’étranger, elle constate que la transformation de la musique en bruit est un processus planétaire qui fait entrer l’humanité dans la phase historique de la laideur totale. Le caractère total de la laideur s’est d’abord manifesté par l’omniprésente laideur acoustique : les voitures, les motos, les guitares électriques, les marteaux-piqueurs, les haut-parleurs, les sirènes. L’omniprésence de la laideur visuelle ne tardera pas à suivre. »
« C’est peut-être de là que vient sa répugnance pour
tout extrémisme. Les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie
prend fin, et la passion de l’extrémisme, en art comme en politique est désir
déguisé de mort ».
« Comme par la lumière,
il est attiré par l’obscurité. De nos jours, éteindre pour faire l’amour passe
pour ridicule ; il le sait et laisse une petite lumière allumée au-dessus
du lit. A l’instant de pénétrer Sabrina, il ferme pourtant les yeux. La volupté
qui s’empare de lui exige l’obscurité. Cette obscurité est pure, entière, sans
images ni visions, cette obscurité n’a pas de fin, pas de frontières, cette
obscurité est l’infini que chacun de nous porte en soi (oui, qui cherche
l’infini n’a qu’à fermer les yeux !).
Au moment où il sent la
volupté se répandre dans son corps, Franz se déploie et se dissout dans
l’infini de son obscurité, il devient lui-même l’infini. Mais plus l’homme
grandit dans son obscurité intérieure, plus il se ratatine dans son apparence
extérieure. Un homme aux yeux fermés n’est qu’un rebut de lui-même. C’est
désagréable à voir, Sabina ne veut donc pas le regarder et ferme à son tour les
yeux. Mais cette obscurité-ci ne signifie pas pour elle l’infini, seulement le
désaccord avec ce qu’elle voit, la négation de ce qui est vu, le refus de
voir ».
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