jeudi 30 juin 2022

L'entretien infini Par Maurice Blanchot

 "Le rapport du troisième genre: Homme sans horizon.

« Je pense que nous devrions essayer d’être plus francs. 

– Plus clairs aussi.

– Plus francs et plus clairs, ce qui ne va pas toujours ensemble. En attendant, cherchons à dire, parmi les rapports, ceux que l’expérience et l’exigence humaines ont permis de concevoir entre les hommes. Nous pouvons, par exemple, arbitrairement ou non, définir trois jeux de rapports.

Dans le premier règne la loi du même. L’homme veut l’unité, il constate la séparation. Ce qui est autre, qu’il s’agisse d’autre chose ou de quelqu’un d’autre, il doit travailler à le rendre identique : l’adéquation, l’identification, avec comme moyens la médiation, c’est-à-dire la lutte et le travail dans l’histoire, sont les voies par lesquelles il veut réduire tout au même, mais aussi donner au même la plénitude du tout qu’il doit devenir, à la fin. Dans ce cas, l’unité passe par le tout, de même que la vérité est le mouvement de l’ensemble, affirmation de l’ensemble comme seule vérité.

– Le deuxième genre de rapport serait, à ce qu’il me semble, celui-ci : l’unité est toujours exigée, mais immédiatement obtenue. Alors que, dans le rapport dialectique, le Je-sujet, soit en se divisant, soit en divisant l’Autre, l’affirme comme intermédiaire et se réalise en lui (de telle manière qu’il puisse réduire l’Autre à la vérité du Sujet), dans ce nouveau rapport l’absolument Autre et le Moi s’unissent immédiatement : c’est un rapport de coïncidence et de participation, parfois obtenu par des méthodes d’immédiation. Le Moi et l’Autre se perdent l’un dans l’autre ; il y a extase, fusion, fruition. Mais ici le « Je » cesse d’être souverain ; la souveraineté est en l’Autre qui est le seul absolu".

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