dimanche 19 juin 2022

L éternel retour. Par Michel Surya

 "Je n ai pas seulement désiré mourir quand il est arrivé que je désire mourir. Non, j ai voulu mourir assez pour que disparaisse tout. C est a dire pour qu'il ne reste de moi rien que la mort n emporte. Parce que rien ne m a autant angoisse alors comme l idée que je puisse ne pas mourir tout entier. Rien ne m a autant angoisse, alors, que l idée que reste de moi quoi que ce soit que je n aurais pas du rendre a la mort. C est une absurdité, j en ai bien conscience, mais c est une absurdité a laquelle c est toute la mort qui est elle même absurdement intéressée. A laquelle ce sont toutes les possibilités de mourir qui le sont absurdement. On voudrait mourir, et on le pourrait pas. Où on ne le pourrait pas assez. C est ainsi que je mère présentais les choses. Et parce que je me les représentais ainsi, j ai souvent pense alors a tous ceux à qui il a du arriver de ne mourir qu'en partie. Se résignent a la mort parce qu'ils ne pouvaient pas ne pas s y résigner, mais ne l accueillant pas, ou pas toute entière. S imaginant ( fuyant, chacun a sa façon) que quelque chose d eux pourraient en réchapper de ce qu'elle prendrait. Acceptant d être ce qu'elle prendrait, quoiqu'elle ne l'es prit pas entièrement . Parce que chacun nourrit l envie qu'on se souvienne de lui. Parce que chacun s attache aux souvenirs qu'il n y a personne a ne se croire capable de laisser. Qu'il n y a personne a ne désirer laisser à la condition qu'on fasse de ces souvenirs des regrets. Les regrets su il n y a personne a n être capables de susciter. C est tout le corps qu'a quiconque dont quiconque se dit alors qu'il n est pas possible qu'il ne doit plus alors un corps, pour soi ni pour personne. Même les meilleurs de ceux qui. E renoncent pas à mourir, même les plus enclins à se sacrifier a la mort, ont pour la plupart le désir de laisser d eux cela au moins: le regret que ce soit eux que la mort a pris. Je m explique un peu: le regret que ce soit eux que la mort a pris, de préférence a quiconque qu'on eût moins regretté. On ne regrette pas tant de mourir que de mourir ainsi. Sans mort propre. Dans la mort qu'on eût voulue pour que tous en soient secrètement frappes. Il doit arriver sans doute qu'on ne croie pas assez à la mort pour réduire à mourir. Il doit arriver qu'on se fasse de la mort une croyance qui ne suffit pas. Une croyance qu'on partage , parce qu il n est pas possible de ne pas la partager, au moins en partie, mais a laquelle s opposerait cette autre croyance selon laquelle elle ne serait pas a tout coup faite pour qu'on ne lui échappe pas."

Aucun commentaire: