"Des cellules de Sainte-Pélagie où ils sont détenus, Guesdes, Deville, Gerbaud, Chabry et leurs amis adressent aux travailleurs français un manifeste qui est intitulé:" Programme et adresse des socialistes révolutionnaires français" et qui est conçu ainsi:
(Je souligne avant de le retranscrire, que les socialistes de l'époque étaient systématiquement arrêtés parce qu'ils défendaient un changement de société alors que ceux d'aujourd'hui, ils sont arrêtés car ils sont pris la main dans le sac car ils utilisent le système de société pour enrichissement personnel. Ce n'est plus la même chose. Alors, ils sont accusé de violer les femmes de chambre à New York.)
"Considérant:
1° que tout homme, en sa qualité d'homme, a droit, dès sa naissance, à une égale satisfaction de ses besoins et à l'égal développement de toutes ses facultés jusqu'à ce qu'il soit en état de se suffire à lui-même, par son travail;
2° qu'il y a un intérêt majeur, vital, à ce que chacun de ses membres soit mis par le développement maximum de ses forces cérébrales et musculaires en mesure de produire tout ce dont il est capable;
Considérant d'autre part:
1° que l'appropriation individuelle du sol et des autres capitaux a pour effet nécessaire de mettre le plus grand nombre dans l'impossibilité de subsister et de se développer en dehors de l'étroite limite où il peut convenir à la minorité propriétaire et capitaliste;
2°que ce mode d'appropriation n'est pas moins contraire à l'intérêt général qu'à la justice en enlevant à la production tout le capital qu'il peut plaire à quelques-uns de laisser improductif ou de consommer improductivement;
Les soussignés déclarent:
1°que les frais d'entretien, d'éducation et d'instruction intégrale et professionnelle de tous les enfants sans distinction doivent être mis à la charge de la société représentée, momentanément du moins par les communes;
2°que le sol et les autres instruments de production, c'est-à-dire tout le capital tant mobilier qu'immobilier, doivent être repris par la société et rester propriété indivise et inaliénable de la société ou de la nation pour être mis à la libre disposition des groupes producteurs.
Et attendu que les libertés de presse, de réunion, et d'association font partie du programme républicain, sont d'essence républicaine,
Ils somment la république de l'heure présente d'avoir à les proclamer immédiatement et sans restriction,
propriétaires, paysans-propriétaires et petits patrons, en s'organisant dans les conditions et avec le programme ci-dessus, le parti socialiste français à la conscience de poursuivre la pleine et entière satisfaction de vos intérêts et de vos droits.
Propriétaires industriels et agricoles, ce qui fait votre misère, éternelle et toujours égale à elle-même, c'est que vous ne possédez pas et que d'autres possèdent le capital que vous êtes seuls à mettre en valeur. Votre produit, la majeure partie de votre produit, vous échappe pour aller au propriétaire oisif qui vous salarie, c'est-à-dire qui vous rétribue le moins possible, au taux strictement indispensable pour lui conserver dans vos personnes la force de travail dont il a besoin. Avec l'appropriation collective ou nationale du sol, de la mine, de la manufacture, etc, abandonnés directement à votre activité créatrice, votre situation se trouve retournée: d'outils que vous étiez jusqu'alors, vous voilà hommes, propriétaires de tout le fruit de votre travail, c'est-à-dire aussi riches, aussi heureux, que vous êtes misérables aujourd'hui et maitres d'augmenter votre bien-être en augmentant votre production.
Petits propriétaires, vous que l'on prétend avoir été affranchis par la révolution bourgeoise de 1789 et qui ne possédez que nominalement le lopin de terre que vous fécondez de vos sueurs - dépouillés que vous êtes par l'impôt, par l'usure, par l'hypothèque, du plus clair de votre produit, lorsque ce lopin de terre ne vous est pas lui-même enlevé par la grande propriété qui va se reconstituant - la nationalisation du sol livré à votre activité laborieuse, toute la partie de ce sol actuellement détenu par les propriétaires qui ne cultivent pas eux-mêmes, en même temps qu'elle vous laisse, exempt de tout prélèvement, dans son intégralité, le fruit de votre travail. La terre, qui est votre passion, toute la terre, vous appartient réellement; elle appartient à vos efforts associés, dans la totalité de sa production, dans le blé, le vin, le lin, etc que vous avez su en tirer.
Petits industriels et petits commerçants dont le nombre va diminuant tous les jours et que la concurrence du grand commerce et de la grande industrie écrase et rejette de plus en plus dans le prolétariat, l'outil que vous maniez vous-mêmes et qui vous échappe, l'appropriation collective de tout l'outillage national peut seule vous le rendre, et vous le rendra accru, multiplié. de producteurs pour le compte d'autrui, c'est-à-dire de salariés, que vous êtes condamnés à redevenir fatalement tous avec le progrès de l'ordre de choses actuel, l'ordre nouveau que nous poursuivons et que nous vous convions à établir avec nous vous transforme en producteurs pour votre compte, en producteurs libres, en vous abandonnant tout le bénéfice, tout le rendement de la partie du capital commun qui aura été l'objet de vos efforts.
La révolution, en un mot, que nous vous appelons à faire n'atteint que les oisifs que la féodalité terrienne, industrielle et commerciale, qui a succédé à l'ancienne féodalité de la noblesse et de l'épée. Elle sauvegarde tous les intérêts légitimes, c'est-à-dire les intérêts de tout ce qui, à un titre quelconque et sous quelque forme que ce soit, travaille et produit. Et c'est pourquoi elle s'accomplira tôt ou tard, parce qu'elle est la révolution de la justice."
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