samedi 11 mai 2019

Les souffrances du jeune Werther Par Goethe





« Ah ! Ce ne sont pas vos grandes et rares catastrophes , ces inondations qui emportent vos villages, ces tremblements de terre qui engloutissent vos villes, qui me touchent : ce qui me mine le cœur , c'est cette force dévorante qui est cachée dans toute la nature, qui ne produit rien qui ne détruise ce qui l'environneet ne se détruise soi-même... »

« 21 août
Vainement, je tends mes bras vers elle, le matin, lorsque mal réveillé encore, je sors d'un pénible rêve ; en vain, la nuit, je la cherche à mes côtés , lorsqu'un songe heureux et pur m'a trompé, que j'ai cru que j'étais auprès d'elle sur la prairie, et que je tenais sa main et la couvrais de mille baisers. Ah ! Lorsque, encore à demi dans l'ivresse du sommeil, je la cherche, et là dessus me réveille, un torrent de larmes s'échappe de mon cœur oppressé, et je pleure inconsolable devant le sombre avenir qui m'attend ».

« Vois-tu , mon cher Willhem, je ne conçois rien à cette orgueilleuse espèce humaine, qui a assez peu de bon sens pour se prostitueraussi platement ».

« L'on parle d'une noble race de chevaux qui, quand ils sont échauffés et surmenés, s'ouvrent eux-mêmes, par instinct, une veine avec les dents pour se faciliter la respiration. Je me trouve souvent dans le même cas : je voudrais m'ouvrir une veine qui me procurât la liberté éternelle ».

« Quelquefois je ne puis comprendre comment un autre peut l'aimer, ose l'aimer, quand je l'aime si uniquement, si profondèment, si pleinement, quand je ne connais rien, ne sais rien, n'ai rien qu'elle ! »

« Cet amour, cette fidélité, cette passion, n'est donc pas une fiction de poète ! Elle vit, elle existe dans sa plus grande pureté chez ces hommes que nous appelons incultes et grossiers, nous que la culture a formés pour nous déformer. Vis cette histoire avec dévotion, je t'en prie. Je suis calme aujourd'hui en te l'écrivant. Tu vois, je ne fais pas jaillir l'encre, et je ne couvre pas mon papier de taches comme de coutume. Lis, mon ami, et pense bien que cela est aussi l'histoire de ton ami ! Oui, voilà ce qui m'est arrivé, voilà ce qui m'attend ; et je ne suis pas à moitié si courageux , pas à moitié si résolu que ce pauvre malheureux, avec lequel je n'ose presque pas me comparer ».

« L'homme tout entier' est là debout, devant la face de Dieu, comme un puits tari, comme un seau qui a une fuite. Je me suis souvent jeté à terre pour demander à Dieu des larmes, comme un laboureur prie pour de la pluie, lorsqu'il voit sur sa tête un ciel d'airain et la terre mourir de soif autour de lui !
Mais, hélas ! Je le sens, Dieu n'accorde point la pluie et le soleil à nos prières importunes ; et ces temps dont le souvenir me tourmente, pourquoi étaient-ils si heureux, sinon parce que j'attendais son esprit avec patience et que je recevais avec un cœur reconnaissant les délices qu'il versait sur moi ? »

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