Fourneau
muni d'un soufflet, utilisé par les serruriers, les maréchaux
ferrants, etc., etc., et destiné à chauffer le fer et à le rendre
malléable et susceptible d'être ensuite travaillé au marteau sur
l'enclume. Usine où l'on fond le minerai de fer tiré de la mine, et
où l'on transforme ensuite la fonte en fer proprement dit. Les
établissements où se fond le minerai sont de nos jours de vastes
entreprises exploitées par les dirigeants des puissants cartels
sidérurgiques et, dans toutes les grandes nations du monde, les
maîtres de forges forment une association qui exerce, tant au point
de vue politique qu'au point de vue économique, une influence
considérable sur la vie des peuples. En France, les maîtres de
forges sont groupés au sein du Comité des Forges, organisme d'une
puissance colossale, dirigé par les Schneider, les de Wendel, les de
Curel, qui écrasent de leur autorité les petits industriels du fer
qui ne veulent pas ou ne voudraient pas se courber devant la volonté
de ces magnats du fer. Le Comité des Forges est un des plus
puissants organismes capitalistes de France, et le prolétariat
métallurgiste s'est souvent brisé dans sa lutte contre ce Moloch.
Ce n'est qu'en s'organisant également puissamment que la classe
ouvrière peut sortir un jour victorieuse de toutes ces puissances,
et il n'est pas inutile de lui conseiller de prendre exemple plus
particulièrement sur le Comité des Forges en ce qui concerne
l'unité des forces en présence dans la bataille sociale. Le Comité
des Forges est à l'avant-garde du capitalisme organisé. Il est
composé d'hommes d'une valeur indiscutable et s'entoure, tant pour
sa politique ouvrière que pour son développement industriel, de
techniciens d'une compétence remarquable. Les maîtres de forges
forment donc ce qu'il est convenu d'appeler le capitalisme de lutte.
Nier la force du Comité des Forges serait ridicule. Si le
prolétariat métallurgiste a si souvent subi des échecs, c'est
qu'il méconnaissait et dédaignait son adversaire. C'est une faute
grave dans la lutte sociale. Les maîtres de forges ont leurs
représentants dans toutes les grandes administrations économiques
et politiques ; ils ont leurs députés et leurs ministres, et par
leurs associations avec les grandes entreprises financières, ce sont
eux qui dirigent presque toute l'activité du pays. On verra aux mots
fer, métallurgie, jusqu'où s'étend leur influence et comment,
selon leurs intérêts, ils obligent les puissances politiques d'une
nation à faire la paix ou la guerre. Faut-il dire que ce n'est que
sur le terrain économique que les classes travailleuses doivent
s'organiser, pour livrer bataille au Comité des Forges et à toutes
les associations d'ordre secondaire qui évoluent contre lui? Le
peuple a trop confiance en la politique pour se libérer de ses
maîtres, et pourtant l'exemple du passé aurait dû lui être
salutaire. Qu'il réfléchisse.
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