Le sol d'une
terre, d'un champ. Ensemencer un fonds ; cultiver un fonds, un bon
fonds ; un mauvais fonds. Etablissement de commerce : un fonds de
boulanger ; un fonds d'épicerie, de charcuterie. Au pluriel ce mot
s'emploie couramment comme synonyme de « capital » ou pour désigner
une somme d'argent destinée à un certain usage. Mettre des fonds
dans une affaire industrielle ; être démuni de fonds ; placer ses
fonds en actions. Faire un appel de fonds. Etre en fonds. Manger son
fonds. Les fonds publics. « On appelle « Fonds secrets », dit le
Larousse, ceux dont l'emploi, en raison de leur destination (défense
nationale, service diplomatique, police politique) ne doit pas être
livré à la publicité et qui sont distraits du contrôle ordinaire
des dépenses publiques. Ils sont actuellement inscrits au budget de
l'Intérieur sous le titre de « dépenses de sûreté générale »».
Autrement dit, ce « fonds secret » est une somme d'argent que le
Ministre de l'Intérieur est autorisé à dépenser sans contrôle et
aux fins qui lui semblent utiles. Est-il besoin de dire que cet
argent alimente les caisses des organes de propagande favorables à
un ministre, et que c'est grâce à cet argent que la presse
bourgeoise garde le silence que lui achète le gouvernement sur
certains incidents susceptibles d'émotionner le public. C'est avec
l'argent des fonds secrets que sont payés les espions intérieurs et
extérieurs, ainsi que les mouchards qui pénètrent dans les milieux
d'avant-garde pour y recueillir des renseignements pouvant intéresser
les maîtres du pouvoir. Les « fonds secrets » permettent aux
gouvernants de poursuivre tranquillement leur travail abject de
corruption. Ils achètent avec cet argent les âmes et les
consciences de tous les lâches prêts à se vendre aux plus offrants
et engraissent une armée de parasites pour lesquels on ne peut avoir
que le plus profond mépris. « L'argent n'a pas d'odeur », dit un
proverbe, et il importe peu à celui qui touche aux fonds secrets de
commettre des bassesses ; mais à nos yeux, quel qu'il soit, il ne
peut être qu'un être répugnant. La bourgeoisie a bien organisé sa
défense. La fin, pour elle, justifie les moyens, et tous les moyens,
propres ou malpropres, susceptibles de consolider sa puissance, lui
semblent bons. Pour lutter contre toute l'organisation bourgeoise,
qui repose sur la finance, les révolutionnaires n'ont, hélas! que
leur sincérité, car chez eux les fonds manquent. Et pourtant
l'argent est le nerf de la guerre. Ce n'est qu'avec lui que l'on peut
intensifier la propagande et propager les idées de libération qui
nous sont chères. Et c'est pourquoi, malgré la situation précaire
des travailleurs, les libertaires sont continuellement obligés de
faire des appels de fonds afin de pouvoir poursuivre leur action et
éclairer les hommes sur tous les vices et infamies du capitalisme.
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