Usine où
l'on fond les métaux. Il y a deux catégories de fonderies ; la
première est celle où l'on transforme directement le minerai en
fonte, et la seconde celle où la fonte est épurée et devient ce
que l'on appelle fonte de seconde fusion. Une fonderie de fer, une
fonderie de cuivre. Le développement de l'industrie métallurgique
fait de la fonderie un des organes essentiels de l'activité
économique du monde, et les progrès réalisés dans toutes les
branches du mouvement rendent la fonderie indispensable à la vie des
sociétés modernes. La fonderie ne transforme pas seulement le
minerai brut en métal utilisable, elle transforme également ce
métal en objets dont on ne peut plus aujourd'hui se passer, et
l'arrêt des fonderies d'une nation provoque immédiatement une
perturbation dans tout le domaine économique. C'est grâce à la
fonderie que l'on arrive à confectionner, à un prix relativement
modique, une quantité d'objets d'utilité ménagère, en étain, en
aluminium, en cuivre, etc., c'est elle qui permet le développement
de l'industrie électrique et mécanique et, par extension, de toutes
les autres industries. Malheureusement la fonderie ne produit pas que
des choses utiles. Exploitée par le grand capitalisme, elle produit
aussi des outils de meurtre et de carnage. Les canons, les obus, qui
sortent en grande quantité et avec une rapidité effrayante de la
fonderie déciment en quelques heures des populations entières ;
c'est qu'hélas, en régime capitaliste aucune chose n'offre un
caractère d'utilité complète et totale, et tout ce qui pourrait
être une source de bienfaits devient, entre les mains de la
ploutocratie, un facteur de méfaits et de malheurs. La fonderie se
trouve à la base de toute l'industrie métallurgique et est de nos
jours exploitée par une minorité de grands magnats internationaux,
maîtres absolus du marché mondial. En France, les maîtres fondeurs
sont groupés en de puissants syndicats devant lesquels se courbent
les gouvernants, à quelque couleur qu'ils appartiennent. Une des
plus importantes fonderies de France est le Creusot, autrement dit
les Etablissements Schneider et Cie qui, rien qu'au Creusot et aux
environs, occupent 20.000 ouvriers. « Le Creusot produit par an
environ 100.000 tonnes de fonte, un million de tonnes d'acier dont
600.000 tonnes d'acier Martin, et un million de tonnes de laminés ».
J. Poiret-Clément, qui a étudié particulièrement les usines du
Creusot nous dit dans son étude sur les rois de la métallurgie,
qu'en 1923 il y avait au Creusot « 4 hauts fourneaux de petite
capacité dont 3 en activité ; 8 fours Martin, 2 de 40 tonnes et 6
de 60 tonnes, tout à fait modernes ; 2 fours électriques de 15
tonnes et plusieurs fours au creuset pour les aciers fins ; 2 fours
électriques de 10 tonnes et de 5 tonnes pour pièces d'acier moulées
; 12 trains de laminoirs, laminant depuis 8 mm jusqu'aux plus grands
diamètres, situés aux anciennes forges où fonctionne le fameux
marteau-pilon de 100 tonnes ; 1 train blooming et un gros train à
blindage avec machine réversible de 1.200 chevaux, situés aux
grosses tôleries ; des fours à coke. » En nous rapportant toujours
à cette même étude nous voyons que cet outillage est loin de
produire un travail utile. « Les travaux en cours actuellement (fin
1923) comportent la construction de 100 locomotives électriques pour
le P.-O., de 120 locomotives à vapeur pour le P.-L.-M. et de 25 pour
l'Est ; de turbines pour torpilleurs et différentes usines ; de 400
réservoirs de torpilles ; de 400 réservoirs d'avions de 400, 200 et
150 litres ; la fabrication de bombes d'aviation, d'obus de rupture
de 130 mm (marine) et de blindage de navire porte-avion ». Il est
donc facile de constater par ce simple exposé qu'une bonne partie du
métal fourni par la fonderie est utilisé pour des œuvres de mort,
alors que le peuple aspire à la quiétude et à la paix. Mais la
bourgeoisie et le capital sont les ennemis de la paix et les
fonderies qui leur appartiennent ne préparent que la guerre. La paix
ne sera plus un rêve, mais une réalité, que lorsque les
travailleurs, refusant de fondre le métal qui les tuera,
s'empareront des usines et, par la Révolution, aboliront le
capitalisme qui perpétue un régime de boue et de sang.
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