Matière
incorporelle, considérée comme « cause » d'un mouvement. Matière
impondérable, qui ne se présente pas à nous sous les trois
dimensions. « La force, dit Lewes, constitue l'aspect dynamique de
la matière, et la matière l'aspect statique de la force ». Dans
son ouvrage remarquable : L'Evolution de la Matière, Gustave Le Bon
décrit les expériences qui lui ont permis de démontrer que : les
corps ne sont qu'un certain équilibre de la matière, un phénomène,
et que les forces sont des particules de matière en non équilibre
relatif, des corps « dématérialisés ». Ce terme est inexact
d'ailleurs puisque, selon Le Bon, corps et forces ne sont qu'une
modalité de la matière qui est en perpétuel mouvement. La science
a maintenu longtemps, sous l'inspiration de l'Eglise, que la matière
était inerte, que les forces existaient indépendamment des corps,
mais Grove (cité par Büchner, Force et Matière) a prouvé jusqu'à
l'évidence que le mouvement constitue l'état de force ou d'activité
le plus manifeste de la matière, et que « la nature ne nous montre
nulle part de repos absolu » ; « la matière tout entière non
seulement prise en masse, mais encore envisagée dans sa structure la
plus intime ou moléculaire, est dans un état de mouvement
incessant, tout changement de température provoque une modification
moléculaire dans la masse entière, chauffée ou refroidie ; de
faibles activités chimiques ou électriques, des phénomènes
lumineux ou des activité rayonnantes invisibles sont continuellement
en jeu, de sorte que, en réalité, il n'y a pas une seule particule
de matière dont on puisse affirmer qu'elle soit dans un état de
repos absolu. « Le mouvement doit donc être considéré comme une
propriété éternelle de la matière, dont il est inséparable. La
matière ne peut pas plus exister sans le mouvement qu'une substance
sans force ; le mouvement ne peut pas plus exister sans matière
qu'une force sans substance. Le mouvement ne peut pas non plus
dériver d'une force, puisqu'il est lui-même l'essence de la force ;
par conséquent, il ne peut pas avoir pris naissance, mais il doit
être éternel et universel. Le mouvement est partout dans le monde,
dans tout ce qui est grand, comme dans tout ce qui est petit. L'idée
d'une matière inerte, ou privée de mouvement, ne se peut soutenir ;
elle n'existe que sous forme abstraite, mais non réelle, de même
que l'idée d'une matière sans forces. Frédéric Engels dit que
cette idée de l'état de la matière sans mouvement est « une des
conceptions les plus vides et les plus absurdes, une vraie fantaisie
d'imagination maladive ». D'après lui, le mouvement est la manière
d'être de la matière. Jamais et nulle part il n'y a eu, il ne
saurait y avoir de matière sans mouvement. Mouvement dans l'espace,
mouvement mécanique des petites masses dans les corps, mouvement
moléculaire sous forme de chaleur, de courant électrique ou
magnétique, de combinaison ou de décomposition chimique, de vie
organique, - dans l'une ou l'autre de ces formes de mouvement ou dans
plusieurs à la fois, se trouvent engagés, à tout moment, tous les
atomes de l'univers. Le repos, l'équilibre sont choses relatives,
n'ayant de sens que par rapport à telle ou telle forme de mouvement.
Un corps peut être en repos au point de vue mécanique, tout en
prenant part au mouvement de la terre et à celui de tout le système
solaire ; pas plus que cela n'empêche ses plus petites particules
d'exécuter des vibrations en rapport avec sa température, ou ses
atomes d'être en proie à des processus chimiques. « Pas plus par
le raisonnement que par l'expérience, de fait en aucune façon, nous
ne pouvons nous faire une idée d'une matière ou d'un corps sans
mouvement. Lorsqu'un corps solide est soutenu par un autre et
persiste dans un état de repos apparent, ce repos n'est qu'apparent,
en effet, en réalité, ce n'est qu'un mouvement contenu, ou plutôt
ce sont deux mouvements de force égale, mais en sens contraire,
faisant effort l'un contre l'autre. Par la suppression de l'obstacle,
la force latente peut, à tout instant, se transformer en force
active. Il en serait de même pour un ressort tendu, pour l'air
comprimé, etc. Le repos n'est donc pas l'absence de mouvement ; il
est comme la résultante de deux mouvements faisant effort en sens
contraire. Ce corps qui semble ainsi en repos, ne l'est pas en
réalité ; il ne l'est que par rapport à son voisinage immédiat.
Car non seulement il suit la terre dans son mouvement de rotation sur
son axe, mais il tourne encore avec elle autour du soleil et, avec
celui-ci, autour du grand point central de la voie lactée »
(Büchner, op. cit. p. 53. Ed. Schleicher). La Science, dans son
étude des forces, avait commencé par donner une origine spéciale à
chacune d'elles : électricité, chaleur, lumière, etc. ; elle est
arrivée, actuellement, quant à l'origine des forces, à une théorie
commune à toutes les forces, qui est la théorie vibratoire. Je vais
m'expliquer par un exemple très simple, celui du son. Si l'on prend
une lame d'acier, et qu'on la fixe par une de ses extrémités, en
imprimant un mouvement d'oscillations à l'autre extrémité, on
produit un son. Le son résulte donc des vibrations d'un corps, ces
vibrations se propagent à travers l'air, et de l'air aux divers
organes qui constituent notre oreille, et enfin aux filaments du nerf
acoustique qui les conduit à une certaine partie du cerveau. Ces
vibrations, nous les percevons sous forme de sons. Frappez, avec une
règle, un verre en cristal qui repose sur une table, un son est
produit, vous l'arrêtez immédiatement si vous vous emparez de ce
verre : vous empêchez, en effet, les vibrations de se poursuivre.
S'il est des vibrations que nous percevons sous la forme de son, il
en est d'autres que nous percevons sous la forme de chaleur, de
lumière, etc. C'est la quantité de vibrations produites pendant une
seconde qui déterminent les perceptions diverses que ces vibrations
provoquent en nous. Pour bien comprendre la théorie des vibrations,
il faut se reporter au tableau que l'on trouvera dans tous les
manuels de physique et chimie. Ce tableau donne : Son, Electricité,
Inconnu, Chaleur, Lumière, Inconnu, Rayons X, Inconnu, etc. Le son,
ayant moins de vibrations et l'électricité plus, mais moins que la
lumière, etc. En résumé, les forces sont une modalité du
mouvement. Corps + Forces = Matière = Mouvement. -
A. LAPEYRE
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