vendredi 29 octobre 2021

Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d Algérie par Benjamin Stora

 "D’autres questions brûlantes sont encore à aborder, relevant de ce passé colonial commun. J’en retiendrai trois. - D’abord, celle des essais nucléaires. La France en a réalisé 17 au Sahara entre 1960 et 1966. Quatre d’entre eux étaient des essais atmosphériques, effectués à proximité de Reggane, et 13 des essais en galerie, dans le massif du Hoggar, non loin d’In Ekker. Conformément aux accords d’Evian, les sites ont été rendus aux autorités algériennes en 1967 après le démontage des installations techniques et l’obturation des galeries. De nombreux matériels militaires (véhicules, armements, avions…) exposés volontairement aux effets des expérimentations aériennes et positionnés pour cela à différentes distances du point zéro ont toutefois été laissés sur place ou enterrés. C’est ce que rappelle l’étude Sous le sable la radioactivité ! , publiée par la Fondation Heinrich Böll le 29 août 2020, à l’occasion de la Journée internationale contre les essais nucléaires . Cette étude réalisée par l’Observatoire des armement et ICAN France (International Campaign to Abolish Nuclear weapons) dresse ainsi un inventaire de ce qui a été laissé par la France et enfoui sous le sable, du simple tournevis contaminé par la radioactivité, aux avions et chars . Les auteurs estiment que la présence de ces déchets engendre des risques sanitaires importants pour les populations locales, les générations futures tout comme pour l’environnement. Près de soixante ans après le conflit, différentes associations demandent à la France de remettre aux autorités algériennes la liste complète des emplacements où sont enfouis des déchets contaminés et d’agir pour faciliter le nettoyage des sites concernés.  En  2007,  le  ministère  français  de  la  défense  avait  de  son  côté  rendu  public un  dossier  de  présentation  rappelant  les  modalités  de  réalisation  des  essais,  les mesures  prises  à  l’époque  pour  assurer  la  protection  des  personnes  impliquées  et  des populations  environnantes,  les  incidents  survenus  lors  de  quatre  expérimentations souterraines,  ainsi  que  les  conclusions  de  la  mission  d’évaluation  demandée  en  1999 par  l’Algérie  à  l’Agence  internationale  de  l’énergie  atomique  (AIEA)  sur  l’état radiologique  des  anciens  sites  d’essais.  Toujours  en  2007,  un  comité  conjoint  avait  été mis  en  place  suite  à  une  visite  du  président  français  d’alors,  Nicolas  Sarkozy.  Si  aucun rapport  n’a  été  publié  depuis  lors,  il  semble  toutefois  que  les  échanges  entre  la  France et  l’Algérie  se  soient  poursuivis  pour  qu’un  accord  franco-algérien  soit  trouvé  sur  une remédiation  des  anciens  sites  d’essais. "


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