"D’autres questions brûlantes sont encore à aborder, relevant de ce passé colonial commun. J’en retiendrai trois. - D’abord, celle des essais nucléaires. La France en a réalisé 17 au Sahara entre 1960 et 1966. Quatre d’entre eux étaient des essais atmosphériques, effectués à proximité de Reggane, et 13 des essais en galerie, dans le massif du Hoggar, non loin d’In Ekker. Conformément aux accords d’Evian, les sites ont été rendus aux autorités algériennes en 1967 après le démontage des installations techniques et l’obturation des galeries. De nombreux matériels militaires (véhicules, armements, avions…) exposés volontairement aux effets des expérimentations aériennes et positionnés pour cela à différentes distances du point zéro ont toutefois été laissés sur place ou enterrés. C’est ce que rappelle l’étude Sous le sable la radioactivité ! , publiée par la Fondation Heinrich Böll le 29 août 2020, à l’occasion de la Journée internationale contre les essais nucléaires . Cette étude réalisée par l’Observatoire des armement et ICAN France (International Campaign to Abolish Nuclear weapons) dresse ainsi un inventaire de ce qui a été laissé par la France et enfoui sous le sable, du simple tournevis contaminé par la radioactivité, aux avions et chars . Les auteurs estiment que la présence de ces déchets engendre des risques sanitaires importants pour les populations locales, les générations futures tout comme pour l’environnement. Près de soixante ans après le conflit, différentes associations demandent à la France de remettre aux autorités algériennes la liste complète des emplacements où sont enfouis des déchets contaminés et d’agir pour faciliter le nettoyage des sites concernés. En 2007, le ministère français de la défense avait de son côté rendu public un dossier de présentation rappelant les modalités de réalisation des essais, les mesures prises à l’époque pour assurer la protection des personnes impliquées et des populations environnantes, les incidents survenus lors de quatre expérimentations souterraines, ainsi que les conclusions de la mission d’évaluation demandée en 1999 par l’Algérie à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur l’état radiologique des anciens sites d’essais. Toujours en 2007, un comité conjoint avait été mis en place suite à une visite du président français d’alors, Nicolas Sarkozy. Si aucun rapport n’a été publié depuis lors, il semble toutefois que les échanges entre la France et l’Algérie se soient poursuivis pour qu’un accord franco-algérien soit trouvé sur une remédiation des anciens sites d’essais. "
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