mardi 12 octobre 2021

Petit manuel individualiste de Hans Ryner partie 1

 

Notes

 

J’ai adopté la forme par demandes et par réponses si commode pour l’exposition rapide. Elle n’exprime ici aucune prétention dogmatique. Il n’y a pas ici un maître qui interroge et un disciple qui répond. Il y a un individualiste qui se questionne lui-même. J’ai voulu indiquer dans la première ligne qu’il s’agit d’un dialogue intérieur. Tandis que le catéchisme demande : "Etes-vous chrétien ?", je dis : "Suis-je individualiste ?". Mais, prolongé, le procédé n’irait pas sans inconvénients et, une fois mon intention marquée, je me suis souvenu que le soliloque emploie fréquemment la seconde personne.

On trouvera pêle-mêle dans ce petit livre des vérités qui sont certaines - mais dont on ne peut d’ailleurs découvrir qu’en soi-même la certitude - et des opinions qui sont probables. Il y a des problèmes qui admettent plusieurs réponses. D’autres - en dehors de la solution héroïque, qu’on peut conseiller seulement lorsque tout le reste est crime - n’ont pas de solution tout à fait satisfaisante et les à peu près que je propose ne sont pas supérieurs à d’autres à peu près. Je n’insiste pas. Le lecteur qui ne saurait point faire le départ et, acquiesçant aux vérités, trouver des probabilités analogues à mes probabilités et souvent plus harmonieuses à lui-même, serait indigne, du nom d’individualiste.

Faute de développement ou pour d’autres raisons, je laisserai souvent insatisfait l’esprit même le plus fraternel. Je ne puis que recommander aux hommes de bonne volonté la lecture assidue du Manuel d’Epictète. Là, mieux que partout ailleurs, se trouve la réponse à nos inquiétudes et à nos doutes. Là plus que partout ailleurs, celui qui est capable du vrai courage, puisera le courage.

A Epictète, à d’autres aussi, j’ai emprunté des formules, sans croire toujours nécessaire d’indiquer mes dettes. Dans un travail de la nature de celui-ci, les choses importent, non leur origine et on mange plus d’un fruit sans demander au jardinier le nom du fleuve ou du ruisseau qui féconde son jardin.

1I. De l’individualisme et de quelques individualistes

Suis-je individualiste ?

Je suis individualiste.

Qu’est-ce que j’entends par individualisme ?

J’entends par individualisme la doctrine morale qui, ne s’appuyant sur aucun dogme, sur aucune tradition, sur aucune volonté extérieure, ne fait appel qu’à la conscience individuelle.

Le mot individualisme n’a-t-il jamais désigné que cette doctrine ?

On a souvent donné le nom d’individualisme à des apparences de doctrines destinées à couvrir d’un masque philosophique l’égoïsme lâche ou l’égoïsme conquérant et agressif.

Citez un égoïste lâche qu’on appelle quelquefois individualiste.

Montaigne.

Connaissez-vous des égoïstes conquérants et agressifs qui se proclament individualistes ?

Tous ceux qui étendent aux relations des hommes entre eux la loi brutale du combat pour la vie.

Citez des noms.

Stendhal, Nietzsche

Nommez quelques vrais individualistes.

Socrate, Epicure, Jésus, Epictète.

Pourquoi aimez-vous Socrate ?

Il n’enseignait pas une vérité extérieure à ceux qui l’écoutaient, mais il leur apprenait à trouver la vérité en eux-mêmes.

Comment mourut Socrate ?

Il mourut condamné par les lois et par les juges, assassiné par la Cité, martyr de l’individualisme.

De quoi l’accusait-on ?

De ne pas honorer les dieux que la Cité honorait et de corrompre la jeunesse.

Que signifiait ce dernier grief ?

Il signifiait que Socrate professait des opinions désagréables au pouvoir.

Pourquoi aimez-vous Epicure ?

Sous son élégance nonchalante, il fut un héros.

Citez une parole ingénieuse de Sénèque sur Epicure :

Sénèque appelle Epicure « un héros déguisé en femme ».

Quel bien fit Epicure ?

Il délivra ses disciples de la crainte des dieux ou de Dieu, qui est le commencement de la folie.

Quelle fut la grande vertu d’Epicure ?

La tempérance. II distinguait entre les besoins naturels et les besoins imaginaires. Il montrait qu’il faut bien peu de chose pour satisfaire la faim et la soif, pour se défendre contre le chaud et le froid. Et il se libérait de tous les autres besoins, c’est-à-dire de presque tous les désirs et de presque toutes les craintes qui asservissent les hommes.

Comment mourut Epicure ?

Il mourut d’une longue et douloureuse maladie en se vantant d’un parfait bonheur.

Connaît-on généralement le véritable Epicure ?

Non. Des disciples infidèles ont couvert leurs vices de sa doctrine, comme on cache un ulcère sous un manteau volé.

Epicure est-il coupable de ce que de faux disciples lui ont fait dire ?

On n’est jamais coupable de la sottise ou de la perfidie d’autrui.

La déformation de la doctrine d’Epicure est-elle un phénomène exceptionnel ?

Toute parole de vérité, si elle est écoutée de beaucoup d’hommes, est transformée en mensonge par les superficiels, par les habiles et par les charlatans.

Pourquoi aimez-vous Jésus ?

Il vécut libre et errant, étranger à tout lien social. Il fut l’ennemi des prêtres, des cultes extérieurs et, en général, de toutes les organisations.

Comment mourut-il ?

 Poursuivi par les prêtres, abandonnés par l’autorité judiciaire, il mourut cloué sur la croix par les soldats. Il est, avec Socrate, la plus célèbre victime de la Religion, le plus illustre martyr de l’individualisme.

Connaît-on généralement le véritable Jésus ?

Non. Les prêtres ont crucifié sa doctrine comme son corps. Ils ont transformé en poison le breuvage vivifiant. Sur les paroles faussées de l’ennemi des organisations et des cultes extérieurs, ils ont fondé la plus organisée et la plus pompeusement vide des religions.

Jésus est-il coupable de ce que les disciples et les prêtres ont fait de sa doctrine ?

On n’est jamais coupable de la sottise ou de la perfidie d’autrui.

Pourquoi aimez-vous Epictète ?

Le stoïcien Epictète supporta courageusement la pauvreté et l’esclavage. Il fut parfaitement heureux dans les situations les plus pénibles aux hommes ordinaires.

Comment connaissons-nous la doctrine d’Epictète ?

Son disciple Arrien a recueilli quelques-unes de ses paroles dans un petit livré intitulé Manuel d’Epictète.

Que pensez-vous du Manuel d’Epictète ?

Sa noblesse précise et sans défaillance, sa simplicité exempte de tout charlatanisme me le rend beaucoup plus précieux que les Evangiles. Le Manuel d’Epictète est le plus beau et le plus libérateur de tous les livres.

N’y a-t-il pas dans l’histoire d’autres individualistes célèbres ?

Il y en a d’autres. Mais ceux que j’ai nommés sont les plus purs et les plus faciles à comprendre.

Pourquoi ne nommez-vous pas les cyniques Antisthène et Diogène ?

Parce que la doctrine cynique est l’ébauche de la doctrine stoïcienne.

Pourquoi ne nommez-vous pas Zénon de Cittium, le fondateur du stoïcisme ?

Sa vie fut admirable et, selon les témoignages anciens, ne cessa de ressembler à sa philosophie. Mais aujourd’hui il est moins connu que ceux que j’ai nommés.

Pourquoi ne nommez-vous pas le stoïcien Marc-Aurèle ?

Parce qu’il fut empereur.

Pourquoi ne nommez-vous pas Descartes ?

Descartes fut un individualiste intellectuel. Il ne fut pas assez nettement un individualiste moral. Sa véritable morale paraît avoir été stoïcienne. Mais il n’osa pas la rendre publique. Il fit connaître seulement une « morale provisoire »dans laquelle il se recommande d’obéir aux lois et coutumes de son pays, ce qui est le contraire de l’individualisme. Il semble d’ailleurs avoir manqué de courage philosophique en d’autres circonstances.

Pourquoi ne nommez-vous pas Spinoza ?

La vie de Spinoza fut admirable. II vivait sobrement, de quelques grains de gruau ou d’un peu de soupe au lait. Refusant les chaires qu’on lui offrit, il gagna toujours sa nourriture par un travail manuel. Sa doctrine morale est un mysticisme stoïcien. Mais, trop exclusivement intellectuel, il professe une étrange politique absolutiste et ne réserve contre le pouvoir que la liberté de penser. Son nom fait d’ailleurs songer à une grande puissance métaphysique plus encore qu’à une grande beauté morale.

 

 

II. Préparation à l’individualisme pratique

 

Suffit-il de se proclamer individualiste ?

Non. Une religion peut se contenter de l’adhésion verbale et de quelques gestes d’adoration. Une philosophie pratique qui n’est point pratiquée n’est rien.

Pourquoi les religions peuvent-elles montrer plus d’indulgence que les doctrines morales ?

Les dieux des religions sont des monarques puissants. Ils sauvent les fidèles par des grâces et des miracles. Ils accordent le salut en échange de la loi, de certaines paroles rituelles et de certains gestes convenus. Ils peuvent même me tenir compte de gestes que je fais faire et de paroles que je fais prononcer par des mercenaires.

Que dois-je faire pour mériter réellement le nom d’individualiste ?

Je dois mettre tous mes actes d’accord avec ma pensée.

Cet accord n’est-il pas pénible à obtenir ?

Il est moins pénible qu’il ne le paraît.

Pourquoi ?

L’individualiste qui commence est retenu par les faux biens et les mauvaises habitudes. Il ne se libère pas sans quelque déchirement. Mais le désaccord entre ses actes et sa pensée lui est plus pénible que tous les renoncements. Il en souffre comme le musicien souffre d’un manque d’harmonie. Le musicien ne voudrait, à aucun prix, passer sa vie an milieu de bruits discordants. De même mon inharmonie est pour moi la plus grande des douleurs.

Comment s’appelle l’effort pour mettre sa vie d’accord avec sa pensée ?

Il s’appelle la vertu.

La vertu obtient-elle une récompense ?

La vertu est sa récompense à elle-même.

Que signifient ces paroles ?

Elles signifient deux choses : 1° Si je songe à une récompense, je ne suis pas vertueux. La vertu a pour premier caractère le désintéressement. 2° La vertu désintéressée crée le bonheur.

Qu’est-ce que le bonheur ?

Le bonheur est l’état de l’âme qui se sent parfaitement libre de toutes les servitudes étrangères et en parfait accord avec elle-même.

N’y a-t-il donc bonheur que lorsqu’on n’a plus besoin de faire effort et le bonheur succède-t-il à la vertu ?

Le sage a toujours besoin d’effort et de vertu. Il est toujours attaqué par le dehors. Mais le bonheur n’existe, en effet, que dans l’âme où il n’y a plus de lutte intérieure.

Est-on malheureux dans la poursuite de la sagesse ?

Non. Chaque victoire, en attendant le bonheur, produit de la joie.

Qu’est-ce que la joie ?

La joie est le sentiment du passage d’une perfection moindre à une perfection plus grande. La joie est le sentiment qu’on avance vers le bonheur.

Distinguez par une comparaison la joie et le bonheur.

Un être pacifique, forcé de combattre, remporte une victoire qui le rapproche de la paix : il éprouve de la joie. Il arrive enfin à une paix que rien ne pourra troubler : il est dans le bonheur.

Faut-il essayer d’obtenir le bonheur et la perfection dès le premier jour où l’on comprend ?

Il est rare qu’on puisse tenter sans imprudence la perfection immédiate.

Quel danger courent les impatients ?

Le danger de reculer et de se décourager.

Comment convient-il de se préparer à la perfection ?

Il convient d’aller à Epictète en passant par Epicure.

Que voulez-vous dire ?

Il faut d’abord se placer au point de vue d’Epicure et distinguer les besoins naturels des besoins imaginaires. Quand nous serons capables de mépriser pratiquement tout ce qui n’est pas nécessaire à la vie ; quand nous dédaignerons le luxe et le confortable ; quand nous savourerons la volupté physique qui sort des nourritures et des boissons simples ; quand notre corps saura aussi bien que notre âme la bonté du pain et de l’eau : nous pourrons avancer davantage.

Quel pas restera-t-il à faire ?

Il restera à sentir que, même privé de pain et d’eau, nous serions heureux ; que, dans la maladie la plus douloureuse et la plus dénuée de secours, nous serions heureux ; que, même en mourant dans les supplices et au milieu des injures de tous, nous serions heureux.

Ce sommet de sagesse est-il abordable à tous ?

Ce sommet est abordable à tout homme de bonne volonté qui se sent un penchant naturel vers l’individualisme.

Quel est le chemin intellectuel qui conduit à ce sommet ?

C’est la doctrine stoïcienne des vrais biens et des vrais maux.

Comment appelle-t-on encore cette doctrine ?

On l’appelle encore la doctrine des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous.

Quelles sont les choses qui dépendent de nous ?

Nos opinions, nos désirs, nos inclinations, nos aversions, en un mot toutes nos actions intérieures.

Quelles sont les choses qui ne dépendent point de nous ?

Le corps, les richesses, la réputation, les dignités, en un mot toutes les choses qui ne sont point du nombre de nos actions intérieures.

Quels sont les caractères des choses qui dépendent de nous ?

Elles sont libres par nature ; rien ne peut les arrêter ou leur faire obstacle.

Quels sont les caractères des choses qui ne dépendent point de nous ?

Elles sont faibles, esclaves, sujettes à beaucoup d’obstacles et d’inconvénients, et entièrement étrangères à l’homme.

Quel est l’autre nom des choses qui ne dépendent pas de nous ?

Les choses qui ne dépendent pas de nous s’appellent aussi les choses indifférentes.

Pourquoi ?

Parce qu’aucune d’elles n’est un vrai bien ou un vrai mal.

Qu’arrive-t-il à celui qui prend les choses indifférentes pour des biens, ou pour des maux ?

Il trouve partout des obstacles ; il est affligé, troublé ; il se plaint des choses et des hommes.

N’éprouve-t-il pas un plus grand mal encore ?

Il est esclave du désir et de la crainte.

Quel est l’état de celui qui sait pratiquement que les choses qui ne dépendent pas de nous sont indifférentes ?

Il est libre. Personne ne peut le forcer à faire ce qu’il ne veut pas ou l’empêcher de faire ce qu’il veut. Il n’a à se plaindre de rien ni de personne. 1

La maladie, la prison, la pauvreté, par exemple, ne diminuent-elles point ma liberté ?

Les choses extérieures peuvent diminuer la liberté de mon corps et de mes mouvements. Elles ne sont pas des empêchements pour ma volonté, si je n’ai pas la folie de vouloir ce qui ne dépend pas de moi.

La doctrine d’Epicure ne suffit-elle pas dans le courant de la vie ?

La doctrine d’Epicure suffit si j’ai les choses nécessaires à la vie et si je me porte bien. Elle me rend devant la joie l’égal des animaux, qui ne se forgent pas des inquiétudes et des maux imaginaires. Mais, dans la maladie ou dans la faim, elle ne suffit plus.

Suffit-elle dans les relations sociales ?

Dans les relations sociales courantes, elle peut suffire. Elle me libère de tous les tyrans qui n’ont de pouvoir que sur mon superflu.

Y a-t-il des circonstances sociales où elle ne suffit plus ?

Elle ne suffit plus si le tyran peut me priver de pain ; s’il peut me mettre à mort ou blesser mon corps.

Qui appelez-vous tyran ?

J’appelle tyran quiconque, en agissant sur les choses indifférentes, telles que mes richesses ou mon corps, prétend agir sur ma volonté. J’appelle tyran quiconque essaie de modifier mon état d’âme par d’autres moyens que la persuasion raisonnable.

N’y a-t-il pas des individualistes auxquels l’épicurisme suffira ?

Quelque que soit mon présent, j’ignore l’avenir. J’ignore si la grande attaque où l’épicurisme ne suffit plus ne me guette pas à quelque détour de ma vie. Je dois donc, dès que j’ai atteint la sagesse épicurienne, travailler à me fortifier davantage, jusqu’à l’invulnérabilité stoïcienne.

Comment vivrai-je dans le calme ?

Dans le calme, je pourrai vivre doucement et sobrement comme Epicure, mais avec l’esprit d’Epictète.

Est-il utile à la perfection de se proposer un modèle tel que Socrate, Jésus ou Epictète ?

Cette méthode est mauvaise.

Pourquoi ?

Parce que j’ai à réaliser mon harmonie, non celle d’un autre.

Combien y a-t-il de sortes de devoirs ?

Il y a deux sortes de devoirs : les devoirs universels et les devoirs personnels.

Qu’appelez-vous devoirs universels ? J

J’appelle devoirs universels ceux qui s’imposent à tout homme sage.

Qu’appelez-vous devoirs personnels ?

J’appelle devoirs personnels ceux qui s’imposent particulièrement à moi.

Existe-t-il des devoirs personnels ?

Il existe des devoirs personnels. Je suis un être particulier qui se trouve dans des situations particulières. J’ai un certain degré de force physique, de force intellectuelle et je possède plus ou moins de richesses. J’ai un passé à continuer. J’ai à lutter contre une destinée hostile, ou à collaborer avec une destinée amie.

Distinguez par un signe facile les devoirs personnels et les devoirs universels. 1

Sauf exception, les devoirs universels sont des devoirs d’abstention. Presque tous les devoirs d’action sont des devoirs personnels. Même dans les circonstances rares où l’action s’impose à tous, le détail de l’action portera la marque de l’agent, sera comme la signature de l’artiste moral.

Le devoir personnel peut-il contredire le devoir universel ?

Non. Il est comme la fleur, qui ne saurait pousser que sur la plante.

Mes devoirs personnels sont-ils ceux de Socrate, de Jésus ou d’Epictète ?

Ils ne leur ressemblent en rien, si je ne mène pas une vie apostolique.

Qui m’apprendra mes devoirs personnels et mes devoirs universels ?

Ma conscience.

Comment m’apprendra-t-elle mes devoirs universels ?

En me disant ce que j’attendrais de tout homme sage.

Comment m’apprendra-t-elle mes devoirs personnels ?

En me disant ce que je dois exiger de moi.

Y a-t-il des devoirs difficiles ?

Il n’y a pas de devoir difficile pour le sage.

Avant que j’aie atteint la sagesse, la pensée de Socrate, de Jésus, d’Epictète, ne me sera-t-elle pas utile dans les difficultés ?

Elle pourra m’être utile. Mais je ne me représenterai jamais ces grands individualistes comme des modèles.

Comment me les représenterai-je ?

Je me les représenterai comme des témoins. Et je désirerai qu’ils ne blâment point ma façon d’agir.

Y a-t-il des fautes graves et des fautes légères ?

Toute faute reconnue telle avant d’être commise est grave.

Théoriquement, pour juger de ma situation ou de celle d’autrui dans la voie de la sagesse, ne puis- je pas distinguer des fautes graves et des fautes légères ?

Je le puis.

Qu’appellerai-je faute légère ?

J’appellerai ordinairement faute légère celle qu’Epictète blâmerait et qu’Epicure ne blâmerait pas.

Qu’appellerai-je faute grave ?

J’appellerai faute grave celle que blâmerait même l’indulgence d’Epicure.

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