" Je le prouve par le témoignage de ce que nos Christicoles mêmes appellent la parole de Dieu, & par le témoignage de celui qu'ils adorent : car leurs livres, qu'ils disent contenir la parole de Dieu, & le Christ lui-même qu'ils adorent comme un Dieu fait homme, nous marquent expressément qu'il y a non seulement de faux Prophètes, c'est-à-dire des imposteurs qui se disent envoyés de Dieu & qui parlent en son nom, mais nous marquent expressément encore qu'ils font & qu'ils feront de si grands & si prodigieux miracles que peu s'en faudra que les justes n'en soient séduits. Voy. Matthieu, XXIV, 5, 11, 24, & ailleurs."
"Que l'on consulte Tacite & quantité d'autres célèbres historiens au sujet de Moïse & de sa nation, on verra qu'ils sont regardés comme une troupe de voleurs & de bandits. La magie & l'astrologie étaient pour lors les seules sciences à la mode ; & comme Moïse était, diton, instruit dans la sagesse des Égyptiens, il ne lui fut pas difficile d'inspirer de la vénération & de l'attachement pour sa personne aux enfants de Jacob, rustiques & ignorants, & de leur faire embrasser, dans la misère où ils étaient, la discipline qu'il voulut leur donner. Voilà qui est biecomme la foi n'est qu'un principe d'erreur & d'imposture, comment la foi, c'est-à-dire une créance aveugle, peut-elle rendre certains les livres qui sont eux-mêmes le fondement de cette créance aveugle ? Quelle pitié & quelle démence ! Voilà qui est bien différent de ce que les Juifs & nos Christicoles nous en veulent faire accroire. Par quelle règle certaine connaîtra-ton qu'il faut ajouter foi à ceux-ci plutôt qu'aux autres ? Il n'y en a certainement aucune raison vraisemblable."
"Si ces livres ont été partie perdus, partie corrompus, comme le témoignent Esdras & le docteur St Jérôme en tant d'endroits, il n'y a donc aucune certitude sur ce qu'ils contiennent ; & quant à ce qu'Esdras dit les avoir corrigés & remis en leur entier par l'inspiration de Dieu même, il n'y a aucune certitude de cela, & il n'y a point d'imposteur qui n'en puisse dire autant."
"Ce qui confirme d'autant plus qu'il n'y a aucun fondement de certitude touchant l'autorité que l'on prétend donner à ces livres, c'est que ceux qui en maintiennent la Divinité sont obligés d'avouer qu'ils n'auraient aucune certitude pour les fixer si leur foi, disent-ils, ne les en assurait, & ne les obligeait absolument de le croire ainsi. Or, comme la foi n'est qu'un principe d'erreur & d'imposture, comment la foi, c'est-à-dire une créance aveugle, peut-elle rendre certains les livres qui sont eux-mêmes le fondement de cette créance aveugle ? Quelle pitié & quelle démence !"
"Matthieu dit, parlant de Jésus, que le bruit s'étant répandu dans Jérusalem qu'il était né un nouveau roi des Juifs, & que les mages étant venus le chercher pour l'adorer, le roi Hérode, craignant que ce prétendu roi nouveau-né lui ôtât quelque jour la couronne, fit égorger tous les enfants nouvellement nés depuis deux ans, dans tous les environs de Bethléem, ou on lui avait dit que ce nouveau roi devait naître, & que Joseph & la mère de Jésus ayant été avertis en songe, par un ange, de ce mauvais dessein, ils s'enfuirent incontinent en Égypte, où ils demeurèrent jusqu'à la mort d'Hérode, qui n'arriva que plusieurs années après. Au contraire, Luc marque que Joseph & la mère de Jésus demeurèrent paisiblement durant six semaines dans l'endroit où leur enfant Jésus fut né ; qu'il y rut circoncis suivant la Loi des Juifs, huit jours après sa naissance, & que lorsque le temps prescrit par cette Loi pour la purification de sa mère fut arrivé, elle & Joseph son mari le portèrent à Jérusalem pour le présenter à Dieu dans son temple, & pour offrir en même temps un sacrifice, ce qui était ordonné par la Loi de Dieu ; après quoi ils s'en retournèrent en Galilée dans leur ville de Nazareth, où leur enfant Jésus croissait tous les jours en grâce & en sagesse ; & que son père & sa mère allaient tous les ans à Jérusalem, aux jours solennels de leur fête de Pâques, si bien que Luc ne fait aucune mention de leur fuite en Égypte, ni de la cruauté d'Hérode envers les enfants de la province de Bethléem."
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