"Si nos Christicoles disent que leur Christ est né miraculeusement d'une vierge, sans connaissance d'homme, les Païens avaient déjà dit avant eux que Rémus & Romulus, fondateurs de Rome, étaient miraculeusement nés d'une vierge vestale nommée Ilia, ou Silvia, ou Rhéa Silvia ; ils avaient déjà dit que Mars, Argé, Vulcain, & autres, avaient été engendrés de la déesse Junon, sans connaissance d'homme, & avaient déjà dit aussi que Minerve, déesse des sciences, avait été engendrée dans le cerveau de Jupiter, & qu'elle en sortit tout armée, par la force d'un coup de poing, dont ce Dieu se frappa la tête."
"Quoi ! un Dieu tout-puissant, & qui aurait voulu se faire homme mortel pour l'amour d'eux, & répandre jusqu'à la dernière goutte de son sang pour les sauver tous, aurait voulu borner sa puissance à guérir seulement quelques maladies & quelques infirmités du corps, dans quelques infirmes qu'on lui aurait présentés, & il n'aurait pas voulu employer sa bonté Divine à guérir toutes les infirmités de nos âmes, c'est-à-dire à guérir tous les hommes de leurs vices & de leurs dérèglements, qui sont pires que les maladies du corps ! Cela n'est pas croyable. Quoi ! un Dieu si bon aurait voulu miraculeusement préserver des corps morts de pourriture & de corruption, & il n'aurait pas voulu de même préserver de la contagion & de la corruption du vice & du péché les âmes d'une infinité de personnes qu'il serait venu racheter au prix de son sang, & qu'il devait sanctifier par sa grâce ! Quelle pitoyable contradiction !"
"Je voudrais bien savoir comment serait reçu un Ézéchiel qui dit, chap. III & IV, que Dieu lui a fait manger à son déjeuner un livre de parchemin ; lui a ordonné de se faire lier comme un fou ; lui a prescrit de se coucher trois cent quatre-vingt-dix jours sur le côté droit, & quarante sur le gauche ; lui a commandé de manger de la merde sur son pain, & ensuite, par accommodement, de la fiente de boeuf ? Je demande comment un pareil extravagant serait reçu chez les plus imbéciles même de tous nos provinciaux ?"
"Si Mahomet eût fait de semblables promesses à ses sectateurs que le Christ en a fait aux siens sans aucun succès, que ne dirait-on pas ? On crierait : Ah, le fourbe ! Ah, l'imposteur ! Ah, les fous de croire un tel imposteur ! Les voilà ces Christicoles eux-mêmes dans le cas : il y a longtemps qu'ils y sont sans revenir de leur aveuglement ; au contraire, ils sont si ingénieux à se tromper qu'ils prétendent que ces promesses ont eu leur accomplissement dès le commencement du Christianisme étant pour lors, disent-ils, nécessaire qu'il y eût des miracles afin de convaincre les incrédules de la vérité de la Religion ; mais que, cette Religion étant suffisamment établie, les miracles n'ont plus été nécessaires : où est donc la certitude de cette proposition ?"
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