jeudi 19 novembre 2020

Le mouvement anarchiste en France des origines à 1914 de Jean Maitron

 

Au congrès de 1872 qui se conclut par l’exclusion de Bakounine de l’AIT, Dave lut une déclaration :

« Désirant éviter toute scission au sein de l’AIT,

1                    nous continuerons avec le conseil général nos rapports administratifs concernant le paiement des cotisations, la correspondance et la statistique du travail,

2                    les fédérations représentées par nous établiront entre elles et toutes les branches de l’internationale régulièrement constituées des rapports directs et continus,

3                    dans le cas où le conseil général voudrait s’ingérer dans les affaires intérieures d’une fédération, les fédérations représentées par les soussignés s’engagent solidairement à maintenir leur autonomie, tant que ces fédérations n’entreront pas dans une voie directement contraire aux statuts généraux de l’internationale, approuvé au congrès de Genève

4                    Nous engageons toutes les fédérations et sections à se préparer, d’ici au prochain congrès général, au triomphe au sein de l’internationale, comme base de l’organisation de travail, des principes de l’autonomie fédérative. »

 

Bakounine dans sa lettre d’adieu à l’internationale :

« J’ai cette conviction que le temps des grands discours théoriques, imprimés ou parlés, est passé. Dans les neuf dernières années, on a développé au sein de l’internationale plus d’idées qu’il n’en faudrait pour sauver le monde, si les idées seules pouvaient le sauver, et je défie qui que ce soit d’en inventer une nouvelle. Le temps n’est plus aux idées, il est aux faits et aux actes. Ce qui importe avant tout aujourd’hui, c’est l’organisation des forces du prolétariat. »

 

Au congrès de 1877 à Verviers : la question des prolétaires face aux partis politiques :

« Le congrès déclare qu’il ne fait aucune différence entre les divers partis politiques, qu’ils se disent socialistes ou non : tous ces partis, sans distinction, forment à ses yeux une masse réactionnaire, et il croit de son devoir de les combattre tous. » Ainsi, revenant sur la décision du VII congrès tenu à Bruxelles en 1874, les délégués se déclarent formellement hostiles aux partis politiques quels qu’ils soient, et, de ce fait, laissent peu d’espoir sur les possibilités d’union qui pourront résulter du congrès qui doit se tenir quelques jours plus tard à Gand »

 

Congrès des 9 et 10 octobre 1880  à la Chauds-de-fonds définition de la propagande par le fait :

1.       « destruction intégrale par la force des institutions actuelles.

2.       Nécessité de faire tous les efforts possibles pour propager par des actes l’idée révolutionnaire et l’esprit de révolte.

3.       Sortir du terrain légal pour porter l’action sur le terrain de l’illégalité, qui est la seule voie menant à la révolution

4.       Les sciences techniques et chimiques ayant déjà rendu des services à la cause révolutionnaire, il faut recommander aux organisations et aux individus faisant partie des groupes, de donner un grand poids à l’étude et aux applications de ces sciences, comme moyen d’attaque et de défense

5.       L’autonomie des groupes est acceptée, mais afin de maintenir l’unité d’action, chaque groupe a le droit de correspondre directement avec les autres groupes, et pour faciliter ces relations, un bureau central de renseignements internationaux sera créé. »

 

Lettre de Marx à Sorge en décembre 1872 :

« Les jurassiens ici, les blanquistes là, minent le terrain dans toute la France et font des progrès et Seraillier ne reçoit plus de courriers des différentes sections, parce qu’il ne peut écrire que comme simple particulier …Si vous différez encore, la France sera presque entièrement perdue pour nous…. »

 

Procès de Toulouse après l’arrestation de nombreux antiautoritaires, Jules Guesde écrit :

« Ce qui ressort du procès de Toulouse, ce n’est pas seulement le rôle infâmant du fondé de pouvoir de Marx et du conseil général, mais la condamnation du système de l’organisation autoritaire, dont Marx et le conseil général sont les soutiens. Ce qui a permis en effet à d’Entraygues de livrer à la police rurale, les organisateurs de l’internationale dans le midi de la France, c’est la fonction d’initiateur attribué dans notre association parle congrès de la Haye à une autorité centrale. Laissez la classe ouvrière, dans chaque pays, s’organiser anarchiquement, au mieux de ses intérêts et les d’Entraygues ne sont plus possibles…L’autonomie des sections, des fédérations n’est pas seulement l’esprit de l’internationale, mais sa sécurité. »

 

La fédération Française publie en effet un manifeste rédigé par Brousse qui sera affiché clandestinement dans toutes les grandes villes de France :

« A quoi vous servirait ouvriers d’abattre les gouvernement des « curés » et des « ducs », si vous installez à sa place les gouvernements des « avocats » et  des « bourgeois » ? Songez que parmi ceux que vous porteriez au pouvoir, il est des hommes que vos pères y ont placés en février 1848, et ces hommes ont fait fusiller vos pères. N’oubliez pas que parmi ces hommes que vous installerez au gouvernement, il en est que vos frères y ont envoyé en 1870 et ces hommes ont fait ou laisse massacrer vos frères en mai 1871. Non si les barricades dressent leurs pavés sur les places publiques, si elles sont victorieuses, il ne faut pas qu’il en sorte des gouvernements, mais un principe ; pas d’hommes, mais la Commune ! »

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