(latin latero, compagnon, de laius, côté.
C'était, jadis le soldat qui marche à côté du chef. Comme il arriva souvent que
les soldats pillaient, détroussaient les passants, ceux qui les imitaient
furent appelés Laterones ; de latera on a fait latro, voleur, larron) Larron
est une forme adoucie de voleur, comme larcin est un édulcoré de vol. Leur
différence tient surtout, dans le langage courant, à des rapports de
proportion. On appelle larron le voleur qui prend à la dérobée, furtivement. Et
ce que l'on dit du vo1, en général, s'applique dans ce cas particulier. Cette
épithète conviendrait aux commerçants, aux industriels, aux financiers, dont
les vols quotidiens et méthodiques sont admis par le code, mais n'en restent
moins patents. Ces vautours, d'une rapacité incroyable retiendront sur le
salaire de l'ouvrier, majoreront les prix de leurs marchandises, émettront des
actions sur des mines imaginaires pour faire passer subrepticement dans leurs
coffres-forts l'argent gagné par le populaire. Mais quelle indignation secoue
ces modèles de vertu dès qu'un pauvre diable s'avise de dérober quelques sous
dans le tronc de Saint-Antoine-dePadoue, ou quelques pommes chez le châtelain
de l'endroit. « Que fait donc la police, pourquoi les tribunaux, vite la
prison, à défaut du bagne! », s'exclament ces prétendus disciples de Jésus. Ils
oublient que d'après l'Evangile ce dernier fut crucifié entre deux larrons, et
qu'à l'un d'eux il aurait même promis un trône au ciel. Mais de Jésus les
bien-pensants se moquent comme de leur première chemise dès qu'il s'agit de
mettre à l'abri l'argent extorqué selon des méthodes admises par le gendarme et
le Parlement. De fameux larrons aussi nos parlementaires qui se gargarisent
avec l'argent enlevé à leurs électeurs par le ministère du fisc. Et les prêtres
qui troquent absolutions et indulgences contre des billets de Banque. Et les
gens de justice : « advocatus et non latro, res miranda populo », - c'était un
avocat, non un voleur, chose admirable aux yeux du peuple - disait la vieille
chanson de saint Yves. Tout bien considéré le vulgaire et antique larron, qui
chipait, de ci de là, quelques francs, fait piètre figure à côté du voleur
honnête que les pouvoirs publics honorent et que les gendarmes protègent pour
avoir subtilisé des millions.
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