Une petite introduction est nécessaire pour parler de ce
livre. C’est un travail énorme que Jean Maitron a entrepris lorsqu’il a décidé
de parler du mouvement anarchiste. Surtout qu’il n’a pas voulu parler de l’anarchisme
lui-même, par rapport à ce qu’il pensait lui. Non, il s’est entouré d’anarchistes
qui sont venus lui parler de leurs expériences, de leurs projets. Donc, en
fait, c’est le mouvement anarchiste expliqué par ceux qui l’ont fait.
J’ai donc décider de vous le faire découvrir par des morceaux
choisis mais, honnêtement, il est à lire entièrement pour les recherches, les
documents, et les témoignages.
Un deuxième tome complète celui-ci et il s’appelle : Le
mouvement anarchiste de 1914 à nos jours » et il fera très bientôt l’objet
du même genre de travail de ma part.
« Définition « anarchistes » dans le
journal des débats : « Par anarchistes, le directoire exécutif
entend ces hommes couverts de crimes, entachés de sang et engraissés de rapine,
ennemis des lois qu’ils n’ont pas faites et de tout gouvernement où ils ne
gouvernent pas, prêchent la liberté et pratiquent le despotisme, parlent de
fraternité et égorgent leurs frères, et se targuent de désintéressement en
partageant leurs dépouilles : tyrans, exclaves, adulateurs serviles du
dominateur adroit qui les subjugue, capables en un mot de tous les excès, de
toutes les bassesses, et de tous les crimes. »
Bakounine au congrès de la ligue de la paix et de la liberté septembre
1868 :
« Parce que je demande l’égalisation économique et
sociale des classes et des individus, parce que, avec le congrès des
travailleurs de Bruxelles, je me suis déclaré partisan de la propriété
collective, on m’a reproché d’être communiste. Quelle différence m’a-t-on
dit, faites-vous entre le communisme et la collectivité ? Je suis étonné,
vraiment, que M. Chaudey ne la comprenne pas, cette différence, lui l’exécuteur
testamentaire de Proudhon. Je déteste le communisme, parce qu’il est la négation
de la liberté et que je ne puis concevoir rien d’humain sans liberté. Je ne
suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes
les puissances de la société dans l’état, parce qu’il aboutit nécessairement à
la centralisation de la propriété entre les mains de l’état, tandis que, moi,
je veux l’abolition de l’état, l’extirpation radicale de ce principe de l’autorité
et de la tutelle de l’état, qui, sous le prétexte de moraliser et de civiliser
les hommes, les a jusqu’à ce jour asservis, opprimés, exploités et dépravés. Je
veux l’organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de
bas en haut par la vois de la libre association, et non du haut en bas par le
moyen de quelque autorité que ce soit. Voulant l’abolition de l’état, je veux l’abolition
de la propriété individuellement héréditaire, qui n’est qu’une institution de l’état,
une conséquence même du principe de l’état. Voilà dans quel sens je suis
collectiviste et pas du tout communiste. »
Les membres de la fédération Jurassienne doute du terme
anarchie :
« Les mots d’anarchie et d’anarchistes sont, à nos yeux
et ceux de beaucoup de nos amis, des termes qu’on devrait renoncer à employer,
parce qu’ils n’expriment qu’une idée négative sans indiquer aucune théorie
positive, et qu’ils prêtent à des équivoques fâcheuses. Aucun « programme
anarchiste » n’a jamais été formulé, à notre connaissance ; il ne peut
donc y avoir, au sujet d’une chose qui n’existe pas, une divergence entre les
jurassiens, et les Italiens, entre les espagnols et les russes. Mais il existe
une théorie « collectiviste », formulée dans les congrès de l’Internationale,
et c’est à celle-là que nous nous rattachons tout comme nos amis de Belgique,
de France, d’Espagne, d’Italie et de Russie. »
Kropotkine :
« Sous le nom de socialisme en général, un immense
mouvement d’idées s’est accompli dans le courant de notre siècle, en commençant
par Babeuf, Saint-Simon, Robert Owen et Proudhon, qui formulèrent les courants
dominants du socialisme et ensuite par leurs nombreux continuateurs français (Considérant,
Pierre Leroux, Louis Blanc), allemands ( Marx, Engels), russes (
Tchernychevsky, Bakounine), etc. Ces idées, en se précisant, engendraient deux
courants principaux : le communisme autoritaire, et le communisme
anarchiste, ainsi qu’un certain nombre d’écoles intermédiaires, cherchant des
compromis, tels que l’état seul capitaliste, le collectivisme, la coopération. »
Lénine : « Le prolétariat n’a besoin de l’état que pour
un temps. Sur la suppression de l’état comme but, nous sommes complètement d’accord
avec les anarchistes. »
Kropotkine : « On peut dire que toutes [les fractions
socialistes] par la parole de leurs penseurs, reconnaissent, pour point de
mire, le communisme libertaire. Le reste, de leur propre aveu, ne seraient qu’étapes
intermédiaires. »
« Les anarchistes estiment que leur doctrine est si
conforme aux aspirations fondamentales de l’homme que de tout temps les peuples
luttèrent dans ce sens. »
Léon Tolstoï, anarchiste chrétien : « Le véritable
fondateur de l’anarchie fût Jésus-Christ et […]la première société anarchique
fut celle des apôtres. ». « L’idéal évangélique, l’idéal du Christ
est non seulement semblable mais identique à l’idéal anarchiste. »
Proudhon : « Quiconque met la main sur moi pour me
gouverner est un usurpateur et un tyran, je le déclare mon ennemi. »
« Qu’ai-je besoin de mandataires, pas plus que de
représentants ? Et puisqu’il faut que je précise ma volonté, ne puis-je l’exprimer
sans le secours de personne ? M’en coûtera-t-il davantage, et ne suis-je
pas encore plus sûr de moi que de mon avocat ? ».
« La loi de la majorité n’est pas ma loi, c’est la loi
de la force ; par conséquent le gouvernement qui en résulte n’est pas mon
gouvernement, c’est le gouvernement de la force. »
« L’homme seul a le droit de se juger, et s’il se sent
coupable, s’il croit que l’expiation lui est bonne, de réclamer pour soi un
châtiment. La justice est un acte de la conscience, essentiellement volontaire :
or la conscience ne peut être jugée, condamnée ou absoute que par elle-même. »
« Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté,
espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé,
estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la
science, ni la vertu…Être gouverné, c’est être à chaque opération, à chaque
transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré,
toisé, côté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté,
empêché, réformé, redressé, corrigé. C’est, sous ce prétexte d’utilité
publique, et au nom de l’intérêt général, être mis à contribution, exercé,
rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ;
puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé,
vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé,
mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié », vendu, trahi, et pour
comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa
justice, voilà sa morale ! Et dire qu’’il y a parmi nous des démocrates
qui prétendent que le gouvernement a du bon, des socialistes qui soutiennent,
au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, cette ignominie :
des propriétaires qui posent leur candidature à la présidence de la République !
Hypocrisie !... »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire