vendredi 6 novembre 2020

Le mouvement anarchiste en France des origines à 1914 Par Jean Maitron


Une petite introduction est nécessaire pour parler de ce livre. C’est un travail énorme que Jean Maitron a entrepris lorsqu’il a décidé de parler du mouvement anarchiste. Surtout qu’il n’a pas voulu parler de l’anarchisme lui-même, par rapport à ce qu’il pensait lui. Non, il s’est entouré d’anarchistes qui sont venus lui parler de leurs expériences, de leurs projets. Donc, en fait, c’est le mouvement anarchiste expliqué par ceux qui l’ont fait.

J’ai donc décider de vous le faire découvrir par des morceaux choisis mais, honnêtement, il est à lire entièrement pour les recherches, les documents, et les témoignages.

Un deuxième tome complète celui-ci et il s’appelle : Le mouvement anarchiste de 1914 à nos jours » et il fera très bientôt l’objet du même genre de travail de ma part.

 

« Définition « anarchistes » dans le journal des débats : « Par anarchistes, le directoire exécutif entend ces hommes couverts de crimes, entachés de sang et engraissés de rapine, ennemis des lois qu’ils n’ont pas faites et de tout gouvernement où ils ne gouvernent pas, prêchent la liberté et pratiquent le despotisme, parlent de fraternité et égorgent leurs frères, et se targuent de désintéressement en partageant leurs dépouilles : tyrans, exclaves, adulateurs serviles du dominateur adroit qui les subjugue, capables en un mot de tous les excès, de toutes les bassesses, et de tous les crimes. »

 

Bakounine au congrès de la ligue de la paix et de la liberté septembre 1868 :

« Parce que je demande l’égalisation économique et sociale des classes et des individus, parce que, avec le congrès des travailleurs de Bruxelles, je me suis déclaré partisan de la propriété collective, on m’a reproché d’être communiste. Quelle différence m’a-t-on dit, faites-vous entre le communisme et la collectivité ? Je suis étonné, vraiment, que M. Chaudey ne la comprenne pas, cette différence, lui l’exécuteur testamentaire de Proudhon. Je déteste le communisme, parce qu’il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d’humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l’état, parce qu’il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l’état, tandis que, moi, je veux l’abolition de l’état, l’extirpation radicale de ce principe de l’autorité et de la tutelle de l’état, qui, sous le prétexte de moraliser et de civiliser les hommes, les a jusqu’à ce jour asservis, opprimés, exploités et dépravés. Je veux l’organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut par la vois de la libre association, et non du haut en bas par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voulant l’abolition de l’état, je veux l’abolition de la propriété individuellement héréditaire, qui n’est qu’une institution de l’état, une conséquence même du principe de l’état. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste. »

 

Les membres de la fédération Jurassienne doute du terme anarchie :

« Les mots d’anarchie et d’anarchistes sont, à nos yeux et ceux de beaucoup de nos amis, des termes qu’on devrait renoncer à employer, parce qu’ils n’expriment qu’une idée négative sans indiquer aucune théorie positive, et qu’ils prêtent à des équivoques fâcheuses. Aucun « programme anarchiste » n’a jamais été formulé, à notre connaissance ; il ne peut donc y avoir, au sujet d’une chose qui n’existe pas, une divergence entre les jurassiens, et les Italiens, entre les espagnols et les russes. Mais il existe une théorie « collectiviste », formulée dans les congrès de l’Internationale, et c’est à celle-là que nous nous rattachons tout comme nos amis de Belgique, de France, d’Espagne, d’Italie et de Russie. »

 

Kropotkine :

« Sous le nom de socialisme en général, un immense mouvement d’idées s’est accompli dans le courant de notre siècle, en commençant par Babeuf, Saint-Simon, Robert Owen et Proudhon, qui formulèrent les courants dominants du socialisme et ensuite par leurs nombreux continuateurs français (Considérant, Pierre Leroux, Louis Blanc), allemands ( Marx, Engels), russes ( Tchernychevsky, Bakounine), etc. Ces idées, en se précisant, engendraient deux courants principaux : le communisme autoritaire, et le communisme anarchiste, ainsi qu’un certain nombre d’écoles intermédiaires, cherchant des compromis, tels que l’état seul capitaliste, le collectivisme, la coopération. »

Lénine : « Le prolétariat n’a besoin de l’état que pour un temps. Sur la suppression de l’état comme but, nous sommes complètement d’accord avec les anarchistes. »

Kropotkine : « On peut dire que toutes [les fractions socialistes] par la parole de leurs penseurs, reconnaissent, pour point de mire, le communisme libertaire. Le reste, de leur propre aveu, ne seraient qu’étapes intermédiaires. »

 

« Les anarchistes estiment que leur doctrine est si conforme aux aspirations fondamentales de l’homme que de tout temps les peuples luttèrent dans ce sens. »

 

Léon Tolstoï, anarchiste chrétien : « Le véritable fondateur de l’anarchie fût Jésus-Christ et […]la première société anarchique fut celle des apôtres. ». « L’idéal évangélique, l’idéal du Christ est non seulement semblable mais identique à l’idéal anarchiste. »

 

Proudhon : « Quiconque met la main sur moi pour me gouverner est un usurpateur et un tyran, je le déclare mon ennemi. »

« Qu’ai-je besoin de mandataires, pas plus que de représentants ? Et puisqu’il faut que je précise ma volonté, ne puis-je l’exprimer sans le secours de personne ? M’en coûtera-t-il davantage, et ne suis-je pas encore plus sûr de moi que de mon avocat ? ».

« La loi de la majorité n’est pas ma loi, c’est la loi de la force ; par conséquent le gouvernement qui en résulte n’est pas mon gouvernement, c’est le gouvernement de la force. »

« L’homme seul a le droit de se juger, et s’il se sent coupable, s’il croit que l’expiation lui est bonne, de réclamer pour soi un châtiment. La justice est un acte de la conscience, essentiellement volontaire : or la conscience ne peut être jugée, condamnée ou absoute que par elle-même. »

« Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu…Être gouverné, c’est être à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, côté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C’est, sous ce prétexte d’utilité publique, et au nom de l’intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié », vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! Et dire qu’’il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon, des socialistes qui soutiennent, au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, cette ignominie : des propriétaires qui posent leur candidature à la présidence de la République ! Hypocrisie !... »


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