Michel Surya: 29/01/12
"Il faut se faire aussi à cette idée: qu'il n'y a pas "en soi" de bonnes révolutions. Qu'il peut y avoir des révolutions à exposant négatif. On appelait ça avant des contre-révolutions. mais le mot ne fonctionne peut-être pas pour ce qui arrive en ce moment dans ces pays (alors qu'il fonctionnerait encore sans doute en Europe)."
Bernard Noël: 08/01/15
"C'est vrai, et profondément, que le politique n'est pas notre lien même s'il y est vivement inclus. Ce que j'ai essayé de te dire hier est la substance de ce lien, mais comment exprimer un arrière-pays fait de tes livres supportant ta présence? Je ne sais pas traduire cela, son volume intérieur, son émanation dans ma vie.
je longe depuis des mois une sorte d'abîme (attention aux grands mots!) ou tout simplement la mort, sans morbidité. Tout cela a été mis à l'écart durant l'écriture du Monologue du nous, puis l'insensé est revenu. L'impression d'assister à une fin qui n'est pas personnelle et de faire partie d'une société criminelle, où nos aspirations politiques ne sont qu'illusions car c'est toujours l'adversaire "bourgeois" qui l'a emporté, à la fin, même quand il cédait des "acquis sociaux". Cela vient d'être intensifié par la lecture des "Veines ouvertes de l'Amérique latine", un livre que je voulais lire depuis trente ans au moins, et qui montre froidement que l'Occident a transformé l'Amérique latine d'abord en terre d'extermination, puis y a déporté en esclavage des millions d'Africains, puis grâce au pillage économique maintenu les peuples dans la misère: accablant!
Cela m'a confirmé dans le désespoir politique...Que faire pour positiver le désespoir, en faire l'arme efficace que, jamais, n'a été l'espoir? C'est sans doute le sujet profond de mon "Monologue", et ça finit mal!
pardon, je te livre maladroitement ce qui m'occupe. Bien sûr que j'aimerais m'engager dans ce "livre de dialogue" qui me remettrait dans le Sens..."
Michel Surya: 22/11/16
"Ce monde ne peut qu'aller plus mal.
Je m'efforce, sans toutefois toujours y réussir, d'être pour une part dans "cette" époque, de "ce" monde (comment l'éviter?) et, pour une autre, non. De n'y être pas réductible.
Continuer de le penser, et à plusieurs, bizarrement demande que je n'y pense pas aussi - parfois, jamais assez souvent. Je pense alors à l'homme du "sous-sol" de Dostoieski, cherchant à m'en inspirer. Nous sommes encore trop pieux, n'est-ce pas?"
Michel Surya: 29/11/16
"Il y a trop de "bien" implicite possible dans la piété.
Nous ne croyons plus en Dieu, mais nous ne cessons jamais assez de croire au bien.
Le bien est tout ce qu'il nous reste de Dieu. Nous n'avons plus de religion, mais encore beaucoup trop de morale.
C'est ce qui nous étouffe ( ou ce dont on s'étouffe nous-mêmes).
C'est surtout ce qui nous empêche de voir venir, comprendre, etc.
Impuissance de la pensée, toujours attachée à faire advenir le bien qu'aurait été une vraie gauche, quand c'est à empêcher que le mal vienne qu'il fallait s'attacher.
Pourtant, Dieu sait ( si j'ose dire) si on a accusé "Lignes" de faire au mal une place désespérante. Pas assez, à l'évidence.
Tu vois, je ne voyais pas, moi, hélas, de paix tapie dans ce mot "piété"."
Bernard Noël: 12/07/18
"Ta préface est admirable (autant le dire puisque je le pense), je n'ai sérieusement lu que la première partie pour l'instant et suis sidéré par tout ce que tu explicites de ce qui, pour moi, était demeuré au bord, demeuré impensé...Se demander: qu'écrit un écrivain qui n'écrit pas des livres ouvre une brèche libératrice dans ce qui me borde, tout comme cette contestation de l'autorité, donc du pouvoir, et cette volonté d'anonymisation..."
Bernard Noël: 19/03/19
3Le mouvement des Gilets Jaunes est pour moi important parce qu'il ne veut pas de chefs ce qui était enfin une réponse à la question que je me pose depuis la Commune: comment un contre-pouvoir peut-il prendre le pouvoir et demeurer un contre-pouvoir? Question qui tourne à l'absurde, sauf que cette volonté de n'avoir pas de chef m'a fait comprendre que le politique recherche toujours le pouvoir et n'utilise le social que comme pansement, alors que le social ne veut que solidarité et partage...Ce qu'avait esquissé la Minorité du conseil de la Commune."
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