mardi 4 juillet 2023

Propos sur « Olivet » de Michel Surya par M.A. Partie 3


Pour en arriver à ce point de l’horreur penser que morts ils ne peuvent même pas mettre fin à toute cette souffrance car cette mort est arrivée trop tard ou arrivera trop tard trop tard pour savourer suffisamment longtemps pour oublier ce qui fut le temps qui reste à vivre peut-être libéré est plus court que celui qui fut une souffrance vécue assurément

Il y a des souffrances silencieuses doucereuses sans heurts dans un quotidien de faits et de gestes gestes avortés pour certains ou dont on n’est pas le destinataire ou des propos dits insidieusement à l’un ou l’autre pour mettre une compétition là où il ne devrait pas en avoir 

« …sa mort à elle ne me donnera pas davantage de joie que ne m’en a donné sa mort à lui leurs deux morts sont arrivés trop tard pour que j’en aie autant de joie que je l’aurais pourtant voulu certaines morts ne sont mêmes pas assez réelles pour délivrer de ceux qu’elles effacent… »

De l’un que l’on ensevelit jaillit au jour ce qui nous opposa aux autres dans l’ombre ce ne sont plus des yeux que l’on ferme mais des larmes qui nous balafrent et nous laissent le regard vide enregistrant des images dont l’analyse sera retardée le temps d’un deuil

« P. fit avec moi la moitié du chemin je l’ensevelis lui aussi ce jour-là comme lui-même m’ensevelit nous ne nous verrions plus et le savions quelque chose que nous avons en commun est sous la terre et sent intimement la mort nous revoir aurait une odeur de tombe ouverte c’est moi qui déciderais désormais des silences il ne me fait plus honte je n’en ai pourtant pas fini ni n’en finirai jamais avec la peur ni avec la honte de ce qui me reste d’eux »

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