Pour en arriver à ce point
de l’horreur penser que morts ils ne peuvent même pas mettre fin à toute cette souffrance
car cette mort est arrivée trop tard ou arrivera trop tard trop tard pour
savourer suffisamment longtemps pour oublier ce qui fut le temps qui reste à
vivre peut-être libéré est plus court que celui qui fut une souffrance vécue assurément
Il y a des souffrances silencieuses
doucereuses sans heurts dans un quotidien de faits et de gestes gestes avortés
pour certains ou dont on n’est pas le destinataire ou des propos dits
insidieusement à l’un ou l’autre pour mettre une compétition là où il ne
devrait pas en avoir
« …sa mort à elle ne me
donnera pas davantage de joie que ne m’en a donné sa mort à lui leurs deux
morts sont arrivés trop tard pour que j’en aie autant de joie que je l’aurais
pourtant voulu certaines morts ne sont mêmes pas assez réelles pour délivrer de
ceux qu’elles effacent… »
De l’un que l’on ensevelit
jaillit au jour ce qui nous opposa aux autres dans l’ombre ce ne sont plus des
yeux que l’on ferme mais des larmes qui nous balafrent et nous laissent le
regard vide enregistrant des images dont l’analyse sera retardée le temps d’un
deuil
« P. fit avec moi la
moitié du chemin je l’ensevelis lui aussi ce jour-là comme lui-même m’ensevelit
nous ne nous verrions plus et le savions quelque chose que nous avons en commun
est sous la terre et sent intimement la mort nous revoir aurait une odeur de
tombe ouverte c’est moi qui déciderais désormais des silences il ne me fait
plus honte je n’en ai pourtant pas fini ni n’en finirai jamais avec la peur ni
avec la honte de ce qui me reste d’eux »
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