mardi 11 juillet 2023

A propos de « Principes pour une littérature qui empeste »de Michel Surya Partie 1

 


 

"S’il en résulte quelque chose, ce ne sera certes pas une révolution - en même temps, qui sait si le mot «révolution » dit rien encore  qui prédise ce qui peut arriver, encore moins qui le doit. Il y a si longtemps qu'on n'attend plus que rien n’arrive qu’on sait encore moins quel nom il conviendra de donner à ce qui arrivera- si quoi que ce soit arrivé encore. Tout le temps qu’on a donné un nom à ce que l’on voulait qu’il arrivât – «  communisme » fut ce nom réflexe, le plus souvent -, on a empêché qu’arrivât quoi que ce soit qui n’eût pas de nom.  Or rien n’arrive réellement qui ait un nom, tout ce qui a déjà un nom tout au plus "vient-il », mais n’arrive pas. C’est le tort qu’a Badiou de donner à ce dont il appelle la venue un nom connu (communisme), nom par lequel il prive la venue attendue de son caractère, selon lui, d’événement. Ce qui arrive, par définition, diffère de ce qui vient, qui ne vient que parce qu’il est déjà venu. Par définition, il n’a pas de nom connu."

 

Il est vrai que continuer à appeler quelque chose qui ne vient pas par un nom qui décrit tout le contraire de ce à quoi cela doit ressembler est stupide et improductif. Seul le nazisme correspond à ce qu’il était. La déception pour les uns fut qu’il n’eut pas abouti et pour les autres il fut la monstruosité que « Mein Kampf’ » annonça. Qui ne le vit que ceux qui voulurent y voir ce qu’il sera. Les lâches n’y trouvèrent que les délires d’un fou qui ne parviendra jamais au pouvoir. Qui pouvait penser que le suffrage universel accouchât d’une telle monstruosité.

Nous sommes à la veille de réitérer le même schéma. Ceux qui aujourd’hui créèrent le Front national sont les mêmes qui s’allièrent à l’idéologie du nazisme, tout en sachant ce à quoi ça a mené. Nul ne pourra aujourd’hui dire qu’il n’était pas au courant. Les mêmes qui aujourd’hui ratonnent dans les rues de nos villes, et en particulier à Lyon, sont la copie conforme des ligues fascistes qui défilèrent en Italie dans les années 20 et les SA en Allemagne quelques temps plus tard.

Pour ce qui est du communisme, l’illusion demeura pour la bonne raison que personne ne dénonça quoique ce soit avant bien longtemps. Qui plus est nous nous sommes basés sur des faits historiques pour se laisser convaincre que Staline et les communistes avaient assassinés en masse. Que le communisme avait tué autant que le nazisme. C’est que nous n’avons vu aucune armée délivrer quelque camp que ce fut. Nous avons bien quelques intellectuels français qui revinrent de l’Union Soviétique un peu perturbés sans qu’il y ait vraiment une prise de position franche.

Il est vrai aussi que dans le discours propagandiste des uns et des autres on tenta de laisser croire aux braves citoyens que le communisme qui était devenu celui de l’état était tel qu’il était en 1917, celui du peuple par les Soviets. Peu s’intéressa vraiment aux complications et à la politique interne de ce pays. Seuls, contre tous, les anarchistes tentèrent d’ouvrir les yeux au monde entier. Personne ne les crut. Pourtant, dès 1918-1919, les choses changèrent dans ce pays.

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