Il existe l’horreur telle qu’on
l’a vécue enfant et qui reste gravée dans la mémoire consciente ou inconsciente
et il faut que l’horreur qui va nous servir à nous en délivrer doit surpasser
celle du souvenir.
«…je repousse le drap il
faut que je voie nu le corps duquel je suis né il est lui-même comme celui d’un
vieux mort si faible qu’il force la pitié ou le rire j’ai envie de rire je ne
manque généralement pas de décence mais il faut que je rie parce qu’elle ne
sera plus telle que je doive ne plus vouloir la voir ni le lui écrire parce que
le temps est aussi féérique qu’enfant je me représentais celui qui me
délivrerait de ceux auxquels je devais d’avoir eu jusque-là si peur et parce
que cette féérie « est sans effet sur sur son corps ».
La haine est toujours un
piège qui à un moment où un autre se retourne vers celui qui la porte vers
celui qui pense que celle-ci va lui permettre de passer à autre chose :
« …je sonne à une porte
voisine m’attends à voir le visage d’une femme dont je me moquais enfant j’ai
ce sourire de qui a besoin je lui dis de quoi d’alcool je sais à ce moment que
tout m’accuse je ne sais pourtant pas encore à quel point je suis aussi veule
qu’une vieille peut se le représenter des hommes en général d’un en particulier
qui respecte si peu les morts qu’il en est à sonner elle doit s’imaginer
partout puisqu’aussi bien j’ai sonné chez elle « pour boire » elle
revient avec une bouteille et m’emboite le pas pour rejoindre avec moi la
dépouille en réalité c’est elle qui m’y reconduit et c’est elle qui a la
bouteille elle pénètre la première dans la maison je comprends trop tard 1.qu’elle
et la morte se disaient tout 2. Qu’au moins la morte lui disaient tout 3. Que ce
que la morte ne pouvait plus lire c’est elle qui le lui lisait 4. Que c’est
elle qui lui lut les lettres au moyen desquelles en lettres capitales pour que
se vieux yeux pussent « in extremis » les lire je l’insultais peut-on
à ce point s’exaucer et se nuire être son propre faiseur de miracle et son
jugement dernier il est clair que la vieille que j’ai connu capable d’endurer
tout sans rien dire lui a tout dit que tous savent tout et que revenir ici c’était
me livrer à leur jugement j’ai moi-même refermé sur moi le piège que j’imaginais
avoir refermé sur elle pour qu’elle ne l’emportât pas comme elle disait de lui
à tout instant à tout propos au paradis j’imagine ces insultes dites à haute
voix tout le voisinage qui le sait aussitôt la honte que ce dut être pour elle
que l’un de ceux auxquels elle avait tout sacrifié ce qu’elle ne cessait de
dire aussi à tous partout alors que c’est elle et lui qui en avaient sacrifié
deux et l’avaient essayé en vain des trois autres la honte que ce dut lui être
que l’un de ceux qui survécurent à un sacrifice aussi affreux l’en accusât par
le hasard de sa cécité « publiquement ». »
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