mardi 4 juillet 2023

Propos sur "Olivet" de Michel Surya Par M.A. Partie 2

 

Il existe l’horreur telle qu’on l’a vécue enfant et qui reste gravée dans la mémoire consciente ou inconsciente et il faut que l’horreur qui va nous servir à nous en délivrer doit surpasser celle du souvenir.

«…je repousse le drap il faut que je voie nu le corps duquel je suis né il est lui-même comme celui d’un vieux mort si faible qu’il force la pitié ou le rire j’ai envie de rire je ne manque généralement pas de décence mais il faut que je rie parce qu’elle ne sera plus telle que je doive ne plus vouloir la voir ni le lui écrire parce que le temps est aussi féérique qu’enfant je me représentais celui qui me délivrerait de ceux auxquels je devais d’avoir eu jusque-là si peur et parce que cette féérie « est sans effet sur sur son corps ».

 

La haine est toujours un piège qui à un moment où un autre se retourne vers celui qui la porte vers celui qui pense que celle-ci va lui permettre de passer à autre chose :

 

« …je sonne à une porte voisine m’attends à voir le visage d’une femme dont je me moquais enfant j’ai ce sourire de qui a besoin je lui dis de quoi d’alcool je sais à ce moment que tout m’accuse je ne sais pourtant pas encore à quel point je suis aussi veule qu’une vieille peut se le représenter des hommes en général d’un en particulier qui respecte si peu les morts qu’il en est à sonner elle doit s’imaginer partout puisqu’aussi bien j’ai sonné chez elle « pour boire » elle revient avec une bouteille et m’emboite le pas pour rejoindre avec moi la dépouille en réalité c’est elle qui m’y reconduit et c’est elle qui a la bouteille elle pénètre la première dans la maison je comprends trop tard 1.qu’elle et la morte se disaient tout 2. Qu’au moins la morte lui disaient tout 3. Que ce que la morte ne pouvait plus lire c’est elle qui le lui lisait 4. Que c’est elle qui lui lut les lettres au moyen desquelles en lettres capitales pour que se vieux yeux pussent « in extremis » les lire je l’insultais peut-on à ce point s’exaucer et se nuire être son propre faiseur de miracle et son jugement dernier il est clair que la vieille que j’ai connu capable d’endurer tout sans rien dire lui a tout dit que tous savent tout et que revenir ici c’était me livrer à leur jugement j’ai moi-même refermé sur moi le piège que j’imaginais avoir refermé sur elle pour qu’elle ne l’emportât pas comme elle disait de lui à tout instant à tout propos au paradis j’imagine ces insultes dites à haute voix tout le voisinage qui le sait aussitôt la honte que ce dut être pour elle que l’un de ceux auxquels elle avait tout sacrifié ce qu’elle ne cessait de dire aussi à tous partout alors que c’est elle et lui qui en avaient sacrifié deux et l’avaient essayé en vain des trois autres la honte que ce dut lui être que l’un de ceux qui survécurent à un sacrifice aussi affreux l’en accusât par le hasard de sa cécité « publiquement ». »

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