jeudi 28 novembre 2019

Lignes N°59 collection de Michel Surya


Le peuple des "gilets jaunes"      Par Yves Dupeux


"Nul besoin d'une assemblée républicaine qui ne pourrait que s'opposer à cette unité, mais nul besoin non plus d'une "manifestation syndicale" qui, au moyen de son "service d'ordre", place de l'ordre de la manifestation au service d'une démonstration de puissance qui ne remet pas en cause l'ordre républicain, bien au contraire. La force des gilets jaunes ne réside pas dans le nombre des manifestants, mais dans la détermination et la lutte, dans leur détermination à lutter".

"Toutefois, il faut commencer par préciser que le sens du mot "populisme" est à ce point confus que le pouvoir en fait un usage idéologique ayant pour but de discréditer le mouvement des "gilets jaunes". C'est ainsi que l'accusation de populisme recouvre celle de xénophobie, voire du racisme et d'antisémitisme, ce qui permet au pouvoir de q'auto-justifier comme unique sens possible du peuple, de la démocratie et de ses valeurs que seule la république peut défendre. Mais plus précisement, cette auto-justification du pouvoir présente une double signification. D'une part, elle suppose à l'évidence une référence à la victoire de la démocratie ( libérale) contre le fascisme à l'issue de la dernière guerre mondiale et en oubliant évidemment Marx tout autant que dans le retour amont à la Révolution française. D'autre part, cette auto-justification présuppose que la démocratie libérale est la finalité de l'histoire, son achèvement incontestable qu'il faut défendre contre tous les soi-disant retours du fascisme, dans le terrorisme d'ordre religieux principalement. ce postulat téléologique a pour effet de forger le mythe d'une démocratie libérale absolument séparée d'un fascisme lui-même inquestionnable; puisqu'il est irrecevable. C'est l'analyse du populisme et de ses enjeux selon ce double sens de l'auto-justification du pouvoir que l'on va à présent mener."

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