Se dit du
meurtre d'un enfant nouveau-né. L'infanticide était admis chez les
Chinois les Romains et en général chez les peuples anciens ; le
respect de la vie humaine est fonction de la civilisation. A l'examen
du cadavre, le médecin légiste se demande si l'enfant est né
vivant ou s'il s'agit d'un mort-né. On plonge les poumons dans l'eau
; s'ils surnagent, c'est que l'enfant a respiré, c'est-à-dire qu'il
est né vivant. Néanmoins, ce procédé comporte des causes
d'erreur. Car si la putréfaction est commencée, il se développe
dans le poumon des gaz qui ne proviennent pas de l'air extérieur :
il peut donc flotter au-dessus de l'eau sans que l'enfant ait
respiré. L'infanticide est un crime ; néanmoins il est, dans la
plupart des cas, un crime excusable. Le vrai coupable est le préjugé
social qui fait un déshonneur pour la femme d'être mère hors
mariage. Des jeunes filles chez leurs parents, séduites et
délaissées ; des jeunes bonnes engrossées, souvent par leur patron
ou par le fils de la maison ; des femmes qui ont succombé au besoin
sexuel, leur mari étant absent, subissent pendant tout le cours de
leur grossesse un véritable martyre. Elles se serrent pour la
dissimuler, elles doivent taire leurs malaises à tout le monde. La
malheureuse accouche seule, sans secours, le corps dans l'ordure ;
elle déchire avec ses dents son mouchoir, pour ne pas laisser
échapper le cri qui révélerait aux voisins sa honte ; mais
l'enfant arrive, il va crier, on va savoir : la malheureuse, affolée,
l'étouffe au passage en serrant les jambes… Pendant ce temps, le
père de l'enfant vit sans souci. Depuis longtemps il a oublié la
pauvre fille pour aller à d'autres amours. Dans le Faust de Gœthe,
l'histoire de Faust et de Marguerite nous présente la tragédie de
la maternité clandestine. Mais Gœthe, malgré son génie, est resté
dans le conformisme social. A ses yeux, Marguerite, en se livrant à
Faust, a commis une faute, excusable seulement parce qu'elle a été
victime d'une machination de Méphistophélès. Gœthe n'a pas encore
compris que la satisfaction d'un même besoin de la nature ne saurait
être anodine chez l'homme et coupable chez la femme. L'infanticide
diminue parce que l'avortement se répand de plus en plus. Seules
aujourd'hui, se rendent coupables d'infanticide les jeunes filles
tout à fait ignorantes, ou celles qui vivent à la campagne, loin de
tout centre…L'infanticide disparaîtra tout à fait lorsque les
mœurs seront transformées et qu'on admettra que la maternité est
un acte naturel qui ne saurait, en n'importe quel cas, constituer un
déshonneur.
- Doctoresse
PELLETIER.
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