vendredi 1 novembre 2019

Articles politiques de Errico Malatesta


Sur la grève générale

« Le malheur est que la plupart virent dans la grève générale non pas un moyen d’entraîner les masses à l’insurrection, c’est-à-dire à l’abattage par la violence d’un pouvoir politique et à l’expropriation des terres, des moyens de production et de toute la richesse sociale, mais un remplacement de l’insurrection par une façon d’« affamer la bourgeoisie » et de la faire capituler sans violence. »

« Par conséquent, une grève générale, soit pour une solution définitive, soit dans un but transitoire, doit être faite en étant disposés et prêts à résoudre la question par la force. »

Pour demain

« Nous ne comprenons pas, ou plutôt nous comprenons trop bien, la hâte avec laquelle on a voulu arrêter la grève au moment où la menace fasciste était la plus forte et où il fallait se montrer le plus ferme et décidé. »

« S’il est bien que nos militants soient toujours les premiers prêts à agir avec ceux qui le veulent, s’il est nécessaire de ne pas nous isoler et faire tout notre possible, même si ce n’est pas exactement ce que nous voudrions, il est très regrettable que nous, anarchistes, malgré le courage et l’esprit de sacrifice des camarades, les initiatives, notre nombre, pas très important, mais loin d’être négligeable, nous ne réussissions jamais à agir de nous-mêmes et que, quand nous sommes abandonnés ou trahis, nous ne puissions que… crier à la trahison. »

Mussolini au pouvoir

« Les travailleurs ne surent pas opposer la violence à la violence parce qu’ils avaient été éduqués dans le respect de la légalité. »

« L’avènement du fascisme devrait plutôt servir de leçon aux socialistes légalitaires, qui croyaient et hélas ! croient encore qu’on peut abattre la bourgeoisie par le système du vote, la moitié plus une voix des électeurs, et ne veulent pas nous croire lorsque nous leur disons que s’ils avaient un jour la majorité au Parlement et voulaient, pour faire des hypothèses absurdes, appliquer le socialisme depuis ce lieu, ils en seraient chassés à coups de pied aux fesses ! »

« Politiquement, le fascisme au pouvoir, avec des formes bestialement brutales et des façons ridicules et théâtrales, ne fait au fond que ce que tous les gouvernements ont toujours fait : protéger les classes privilégiées et créer de nouveaux privilèges pour ses partisans. Il démontre même aux plus aveugles, qui voudraient croire à l’harmonie sociale et à la mission modératrice de l’État, comment l’origine véritable du pouvoir politique et son axe essentiel pour exister est la violence brutale : le « saint gourdin ». Et il enseigne par là aux opprimés quelle est la voie pour s’émanciper et ne pas retomber sous de nouvelles oppressions : c’est d’empêcher qu’une classe, ou un parti, ou un homme puisse imposer sa propre volonté aux autres par la force. »

« C’est incroyable de voir ces gâchis de liberté, de vie, de dignité d’êtres humains causés par d’autres êtres humains. Et c’est humiliant pour celui qui sent qu’il appartient à l’humanité qui unit tous les hommes, bons ou mauvais, de penser que toutes les infamies commises n’ont pas produit dans la foule un mouvement d’indignation, de rébellion, d’horreur et de dégoût. C’est humiliant pour la nature humaine qu’il puisse exister tant de férocité et de lâcheté. C’est humiliant que des hommes arrivés au pouvoir seulement parce que, privés de tout scrupule moral, ils ont su saisir le bon moment pour menacer une bourgeoisie tremblante, puissent recueillir l’approbation, ne fût-ce que par une aberration passagère, d’un nombre de gens suffisant pour imposer à tout le pays leur propre tyrannie. »

La nouvelle crise textes écrits dans les années 1920

« Si le peuple français ne sait pas se libérer de ses Millerand, Poincaré, Clemenceau, Tardieu, sur lesquels pèse une si grande part de la responsabilité de la dernière guerre et qui s’emploient stupidement à préparer la prochaine guerre ; si la révolution pacificatrice ne vient pas renouveler le monde et établir entre les peuples des rapports de justice et de fraternité, il ne s’écoulera pas vingt ans, nous en sommes fermement convaincus, avant que les Allemands n’entrent à Paris, alliés peut-être avec ­l’Italie, pour se venger de toutes les indignités auxquelles ils sont soumis aujourd’hui et faire aux Français, car tous les militarismes se valent, ce que les Français leur font aujourd’hui. »

Idéalisme et matérialisme
« Je fréquente depuis bien des années les organisations ouvrières, les groupes révolutionnaires, les sociétés éducatives et j’ai toujours vu que les personnes les plus actives, les plus sérieuses étaient celles qui se trouvaient dans les conditions les moins pénibles et qui étaient attirées non pas leurs soucis, mais par leur désir de coopérer à une œuvre élevée et de se sentir ennoblis par un idéal. Les individus vraiment misérables, ceux qui semblaient le plus directement intéressés à un changement de situation immédiat, étaient absents ou faisaient partie des gens passifs. »

« Je sais bien que les anarchistes terroristes – les rares qui existent – repoussent toute terreur organisée, exercée sur l’ordre d’un gouvernement par des agents salariés, et voudraient que ce soit les masses qui infligent directement la mort aux ennemis. Mais cela ne ferait qu’empirer la situation. La terreur peut plaire aux fanatiques, mais elle convient surtout aux vrais malfaiteurs avides d’argent et de sang. Et il ne faut pas idéaliser les masses et les voir composées entièrement d’hommes simples, qui peuvent bien commettre des excès, mais qui sont toujours animés de bonnes intentions. Les flics et les fascistes servent les bourgeois, mais ils sortent de la masse ! »

Par exemple, une municipalité de Londres distribuait des formulaires pour demander aux habitants du quartier s’ils voulaient ou non une bibliothèque publique. Tu me croiras si tu veux, mais il y a eu des anarchistes qui, tout en voulant la bibliothèque, n’ont pas voulu répondre « oui », parce que répondre c’était voter.
Et n’y en avait-il pas, du moins à mon époque, à Paris et à Londres, des camarades qui trouvaient anti-­anarchiste de lever la main pour approuver un ordre du jour qui exprimait leurs idées ? Ils applaudissaient les orateurs qui défendaient une résolution, mais après ils refusaient de montrer leur approbation en levant la main ou par un « oui », parce que les anarchistes ne votent pas.




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