"Tout abandon de principes aboutit forcément à une défaite" Elisée Reclus "Le dialogue, c'est la Mort" L'injure sociale
mercredi 13 novembre 2019
Campagne Contre l’Esclavage en Prison — Campaign Against Prison Slavery
Se battre pour mettre fin au travail forcé dans les prisons L’esclavage n’a pas été aboli en Grande-Bretagne, derrière les hauts murs et les portes fermées, il reste florissant. Les travailleuses sont obligées de trimer dans des conditions pénibles, au mépris des inspections de santé et de sécurité, du respect des droits du travail et des accords syndicaux même les plus basiques, et sont sévèrement punies si elles refusent de se soumettre. Dans les prisons britanniques, il y a eu des coupes sauvages dans les budgets de l’éducation depuis plus de cinq ans et toute prétention de réhabilitation des prisonnières et d’apprentissage de compétences valorisées a été abandonnée. Elles sont maintenant perçus comme une force de travail exploitable à merci, une colonie du tiers-monde dans la propre arrière-cour de la Grande-Bretagne, bon marché, non syndiquée, disponible et littéralement acculée au travail. Si les prisonniers refusent de travailler, ou ne sont pas considérés comme assez productifs, ils sont placés en isolement, brutalisés, n’ont plus droit aux visites et voient leur peine rallongée de jours supplémentaires. Les sociétés privées font d’énormes profits grâce au travail pénitentiaire : 52,9 millions de livres en 1999, et les chiffres progressent rapidement. Ils l’utilisent parce qu’il est bon marché – les prisonnières ne bénéficient pas de congés maladie ni de vacances, qu’il leur est interdit de tenir des réunions, qu’elles ne posent pas de problèmes de transport, et que, s’il n’y a pas de travail, elles peuvent être simplement bouclées dans leurs cellules. Elles sont traitées comme les patrons aimeraient tous pouvoir nous traiter.
La question du travail en prison concerne tous les travailleurs, et pas uniquement parce qu’elle sape les salaires et les conditions générales du travail. Pas parce que les prisonniers voleraient en quelque sorte les emplois, ils n’ont absolument aucun choix sur ce point, mais parce que les entreprises peuvent réduire les salaires de leurs propres employés en utilisant le travail pénitentiaire et que celui-ci entraîne l’augmentation du travail intérimaire et des licenciements. Les employés de Dysons par exemple, le fabricant d’aspirateurs, ont été viré quand Dysons a décidé d’utiliser la main-d’œuvre bon marché et non syndiquée de Malaisie. Mais combien d’employés de Dysons savaient que depuis quelque temps l’entreprise employait la main-d’œuvre bon marché et non syndiquée de la prison de Full Sutton ? Sans surprise, les esclavagistes modernes cherchent désespérément à cacher leur responsabilité à leurs propres employés et au grand public. Pour mieux vendre le travail pénitentiaire aux entreprises avides de profit, le ministère de l’Intérieur assure non seulement le faible coût et la fiabilité, mais aussi l’anonymat. Peu d’entreprises qui ont recours au travail forcé en prison l’assumeraient face à leurs employées et à leurs clientes. Un des premiers objectifs de la Campagne Contre l’Esclavage en Prison est de faire circuler des informations fiables et mises à jour sur ces entreprises esclavagistes, puis de les pointer du doigt et d’en faire des cibles. Dans le but d’obtenir de telles informations, nous sommes en contact avec les prisonniers, leurs amies et familles, pour que l’on sache ce qui se passe dans les ateliers esclavagistes des prisons de Grande-Bretagne, quelles sont les entreprises contractantes, quelle est la nature du travail, et combien sont payés les prisonniers. Le simple fait que le silence qui entoure l’exploitation des prisonnières puisse être rompu, et que l’esclavage carcéral puisse être mis à l’ordre du jour, aura à lui seul un effet sur la capacité du ministère de l’Intérieur à vendre le travail des détenus. Nous nous sommes déjà aperçus qu’il s’agit là d’un sujet controversé pour l’opinion publique, et nous avons reçu énormément de soutien. Il s’agit d’entreprises capitalistes soucieuses de leur image de marque, elles ne veulent pas être liées à l’esclavage, ne veulent pas que leurs clients les boycottent, et ne veulent certainement pas que des gens protestent devant leurs magasins. Un développement relativement récent du marché de l’esclavage carcéral est l’exploitation de prisonnières pour le travail informatique. À Rye Hill par exemple, une entreprise internet appelée Summit Media paie les prisonniers 9 £ par semaine, mais facture aux clientes plus de 50 000 £ pour 2-3 semaines de travail. Sur son site internet Summit Media souligne sa fiabilité, pourtant cela est complètement contradictoire avec son recours à l’esclavage. Les lectrices peuvent se rappeler de toute l’anxiété des médias il y a une paire d’années, quand les données du recensement de 1901 avaient été mises sur le net. Les gens étaient alors contents de trouver qui étaient leurs ancêtres et le site devint très populaire. De toute façon, ce site a vite été fermé après qu’on ait découvert que les données qu’il contenait ne valaient pas un clou, ce qui est très peu surprenant quand on sait que les prisonnières ont été forcés de les enregistrer. Il y a une leçon à tirer de l’histoire du recensement de 1901 : le travail carcéral est exploitable seulement parce qu’il est jugé fiable pas les entreprises voraces. Avec la panne d’un ordinateur clé ou la lacération d’une longueur de coton, il devient considérablement moins fiable. Les grèves, la lenteur au travail, les sabotages, avec ces
actes de résistance et d’autres, les esclavagistes des prisons pourraient voir les choses différemment. Actuellement, les prisonnières sont prises dans un cauchemar où elles sont simplement entreposées et exploitées comme main-d’œuvre bon marché, où l’éducation est une farce, et où les choses empirent. En se joignant à la Campagne Contre l’Esclavage en Prison, les activistes des deux côtés des barreaux peuvent changer les choses, rejeter l’esclavage et le Complexe Industriel des Prisons.
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