Ce
qui est bon, utile, avantageux, ce qui est juste, honnête. Se dit au
sens physique et au sens moral. Il se prend aussi au sens absolu et
est précédé de l'article Le Bien. Le Bien, est : la conformité
des actions à la règle, tant individuelle que sociale. Le Bien, au
sens propre, sous-entend : universalité et immuabilité de la Règle,
de la Loi. Afin de savoir si Le Bien est autre chose qu'un mot et
quelle valeur on doit lui accorder, il est nécessaire d'examiner si
une Règle des actions, une Loi existe, qui soit la même partout et
dans tous les temps. . Si Dieu : Être essentiellement immuable,
existe, Sa Volonté, nécessairement immuable et éternelle, comme
Dieu même, est la seule Loi. Le Bien, sera, en dernière analyse :
Être. Car il est évident que Dieu, Tout-Puissant, a ce qu'Il veut ;
que l'homme, fait ce qu'Il veut et ne peut pas ne pas le faire ; que
Dieu existant, il n'y a en réalité ni Bien, ni Mal, mais Dieu. Les
Religions, qui ne s'embarrassent guère de logique, énoncent : Une
règle des actions révélée par Dieu. ― Dans toute humanité dans
l'enfance cette Révélation sert de Loi, et le Bien est l'obéissance
à cette Loi. Or, il y a autant de Religions, donc, de Révélations,
que de peuplades ; d'où il s'en suit que Le Bien n'est pas le même
partout, qu'il n'est pas Universel, ni immuable, qu'il n'est pas Le
Bien. Sous la poussée du libre examen et des progrès de la science,
dans chaque Religion, la Règle est soumise à la critique, et
l'Ordre qu'elle crée dans la société est mis en danger. Dès lors,
ce sont les plus forts qui édictent une règle et qui l'imposent aux
faibles, par des sophismes, une fausse éducation, une police et une
armée. Le Bien est en cette époque : Être fort. Or, la force, est
par essence, changement, mouvement ; le fort d'aujourd'hui est le
faible de demain et Le Bien n'est pas constant, immuable, il n'est
pas Le Bien.
Mais.
si Le Bien, au sens propre, n'existe pas, il est cependant des règles
de conduite ― des lois ― qui ont un caractère de nécessité,
pour l'homme. Il ne peut désobéir à ces lois, sans en être puni.
Il ne peut pas échapper à ces conséquences qui sont parfois
mortelles. Ce sont les lois immuables de la Matière. L'Homme doit :
manger ou mourir, ne pas se jeter au feu, se tirer un coup de fusil,
etc... sans mourir. Il ne peut se jeter par la fenêtre sans tomber ;
marcher sur la mer sans se noyer, etc...
Toutes
les notions morales et sociales, au contraire, ne revêtent pas ce
caractère de nécessité. Tuer un homme, voler, frapper, déserter,
actes considérés comme mal, ne reçoivent pas nécessairement leur
châtiment. Au sens étymologique de Bien, est bien, ce qui est :
agréable, bon, utile à l'Individu. L'Individu seul, peut
s'appliquer une Règle des actions, une morale, qui ne soit pas une
contrainte, un mensonge, qui soit le produit d'un raisonnement
incontestable.
A.
LAPEYRE.
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