Une étincelle
pourrait suffire
Avec
près de 80%des exprimés, le « Oui » espagnol illustre une fois de
plus la forte domination de la bourgeoisie
et la redoutable efficacité de ses moyens de propagande et
d’asservissement. Certes, les conditions
en Espagne sont particulières; certes, le prolétariat s’est méfié
pour finalement s’abstenir massivement.
Mais s’il avait retrouvé un peu de vigueur idéologique et sa
conscience de classe il aurait
su combattre par un “NON” catégorique la mise en place d’un
arsenal juridique violemment antisocial.
De
ce côté-ci des Pyrénées, le scénario présente des aspects plus
réjouissants. Elites politiques et apparatchiks
syndicaux essuient revers sur revers; ils ne cachent plus leur
contrariété, voire leur angoisse
pour certains, jusqu’à donner l’impression de paniquer :
étranglement du débat parlementaire sur
la loi Fillon, vote d’urgence au Sénat sur la Constitution,
convocation précipitée du Congrès, amputation
de la durée de la campagne référendaire pour tenter de faire
passer à la hussarde le Traité Constitutionnel…Est-ce
que, en cette mi-février, parler d’un climat de “sauve-qui-peut”
dans un camp du
“Oui” aux abois est faire preuve d’un optimisme exagéré ?…
Peut-être; attendons encore un peu que
le mouvement social prenne davantage d’ampleur…
Mais
déjà, cette claque infligée à Thibault !!! Magistrale, Non
?! Le voilà complètement déstabilisé celui qui, aux yeux d’une
partie du mouvement ouvrier, et aux yeux d’une
grande
majorité de cégétistes restait encore le leader de Décembre 95
(c’est d’ailleurs pour cette unique image qu’il avait
été nommé à ce poste). Le voilà contraint de montrer de
manière
très claire le camp auquel il appartenait : celui du "Oui",
celui de la soumission à la CES et donc de l’intégration du
syndicat aux rouages des institutions européennes.
La
Confédération Générale du Travail est allée puiser dans son
histoire, dans sa base, l’exigence de sa survie comme syndicat
de classe. Les 82% de rejet à la Constitution qui ont mis
le bureau confédéral en déroute auraient dû immédiatement
provoquer la démission de Thibault et de
ses acolytes. Mais ces grands démocrates s’accrochent, ils n’ont
pas dit leur dernier mot : après tout,
Cohen, secrétaire général de la fédération Mines Energie CGT,
battu sur les retraites en janvier 2003,
est bien resté; et c’est la base et les salariés qui ensuite ont
perdu la bataille…
Pour
l’instant, ni le gouvernement, ni l’opposition officielle, ni les
bureaucraties syndicales ne parviennent
à freiner la colère sociale qui monte. De plus, dans l’urgence,
la classe politique doit engager
une bataille électorale où l’enjeu est considérable. Avec des
caciques de droite pour la plupart HS,
il va revenir à quelques bouffons roses et verts de la “gauche
durable” de défendre ouvertement les
intérêts de la grande bourgeoisie internationale; évidemment sans
argument sérieux, réduits à n’user
que de quelques mimiques médiatiques. On vous le disait : le
scénario présente des aspects réjouissants
!…
Mais
n’oublions pas, camarades : si le “Non” réussit à devenir
numériquement et politiquement consistant,
c’est d’abord à une dynamique sociale qu’il le devra. Un “Non”
qui pourrait tout à la fois être
porté par les luttes et les dynamiser. Les apparatchiks syndicaux
qui nous expliquent sans rire que
le meilleur moyen de favoriser le “Non” est de ne pas appeler à
voter “Non” (!) l’ont bien compris : secrètement
pour le oui (mais se l’avouent-ils ?), ils pressentent que dans ces
circonstances les luttes pourraient
devenir réellement dangereuses pour le système qui les nourrit.
Une
étincelle pourrait suffire. Provoquons-la !
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