«Tous
les syndicats sont pour la Constitution européenne».
Cette déclaration de Chérèque résume l’orientation
générale que la CES s’efforce d’obtenir de toutes les
organisations de salariés. Les instances
dirigeantes de la CES ont apporté, le 13 juillet puis le 14 octobre,
leur «soutien ferme au Traité».
Pour les confédérations françaises, c'est un peu plus nuancé :
aucune n’est réellement contre la
Constitution. Même si, parmi les 77 syndicats membres de la CES, il
revient à FO le courage d’avoir voté
–seul- contre la résolution d’approbation de la Constitution;
mais ce n’est pas encore une position
contre la Constitution, ni une mobilisation syndicale pour le Non au
référendum. Mais, c’est tout
de même un premier pas. Ce qui, en l’état, est loin d’être
l’orientation de la CGT. Son représentant à
la CES, Guy Juquel ne déclarait-il pas le 13 juillet : «
Il est indéniable que le traité constitutionnel
représente
une avancée réelle par rapport au Traité actuel (…) Nous avons
besoin d’un débat sérieux (…)
sur ce que peut apporter, comme point d’appui, le Traité pour
faire avancer la dimension sociale de
l’Europe.» D’ailleurs, la presse bourgeoise ne s’y
est pas trompée. Le Monde se félicitait de la position
«surprenante» de la CGT qui refusait d’exprimer son opposition.
Il y a 12 ans, elle avait mené une
campagne résolue contre Maastricht.
En
pleine offensive, le Capital ne concède plus de “grains à
moudre”. Si bien que le réformisme syndical,
pour survivre, se contente d’un réformisme de régression.
Depuis un certain temps déjà les hommes d’appareil
ont pris la décision de s’en contenter mais sans
clairement l’avouer. Adeptes désormais du défaitisme de
classe, ils deviennent organisateurs d’abandons de
luttes et de capitulations préventives ! Plus obscène
et plus visible, le réformisme de régression de la
CFDT est finalement moins dangereux que celui, encore sournois,
de la direction de la CGT. Car derrière un discours
(de moins en moins) revendicatif, Thibault –en s’appuyant
sur des cadres de l’organisation et le légitimisme de
certains adhérents- multiplient les compromissions qui
sont autant de redditions. Reddition parfois sans
condition comme vient de le montrer le conflit de
Perrier où l’on vit ce spectacle irréel du secrétaire général
de la CGT se faire la courroie de transmission du
secrétaire général… de l’UMP. Tout cela pour obtenir la
fin de la lutte des salariés en grève.
Au
moment où le patronat avive la lutte des classes, l’exigence pour
le capitalisme est double : empêcher
l’apparition de toute forme autonome de combat social et intégrer
le plus fermement possible
toutes les formes organisées de contestation. Au premier rang
desquelles, l’instrument historique
du combat de classe du mouvement ouvrier : les syndicats. Ce
réformisme de régression n’est
que la politique du syndicalisme dégradé en corporatisme.
Avec
une extraordinaire puissance d’intuition, Jack London, décrivait
il y a un siècle dans le Talon de
Fer, le processus d’intégration corporatiste des syndicats à la
«ploutocratie». Et ces conséquences pour
le mouvement ouvrier : disparition des organisations de classe,
prolifération des castes, transformation
de la lutte des classes en «révoltes d’esclaves»…
L’urgence
et la nécessité du combat contre la CES –et contre la soumission
de nos syndicats à ses orientations-
sont un combat décisif contre ce projet politique funeste:
l’intégration corporatiste des confédérations
syndicales à l’oligarchie européenne et la constitutionnalisation
d’une politique de collaboration
de classe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire