Un régime à 6,88% de démocratie
“On
vous emm..., on continue”. Tel est au fond le message délivré en
choeur par tous les
gouvernements
aux peuples d’Europe au lendemain d’élections qui, de Lisbonne à
Riga, ont massivement dénoncé
la politique de destruction des droits sociaux que coordonne
Bruxelles et qui est mise
en oeuvre dans chacun des pays de l’Union. 21,5% pour Schröder (le
pire score du SPD depuis 45),
20% pour Berlusconi (le pire score de Forza Italia depuis sa création
en 94), 20% pour Blair...
Libéraux,
conservateurs, sociaux-démocrates, ex-communistes ou néo-chrétiens,
quel que soit le logo,
dés lors qu’ils gouvernent, tous les partis sont confrontés à
une fronde électorale qui conteste les
mesures qu’ils prennent. Et cela, sans même parler d’une
abstention majoritaire qui atteint jusqu’à
80% en Europe de l’Est.
”On
vous emm..., on continue” - ainsi que le déclare Ernest
Antoine Medef dont le cynisme somme le gouvernement de
profiter de l’absence d’élections pour accélérer et
intensifier sa politique. “Allons-y, allons-y fort, allons-y vite”.
Car, dans le cadre contraint de l’Union européenne, inévitablement,
les gouvernements s’enfoncent toujours plus
avant dans cette voie. Et 5 jours à peine après ce désaveu
collectif, les voilà qui décident de constitutionnaliser leur
politique de régression sociale.
Une
nouvelle fois, les peuples d’Europe viennent d’exprimer très
majoritairement leur hostilité à la “déconstruction sociale
européenne”. Dès lors, l’analyse de la situation
politique
est-elle si compliquée? En France, tout particulièrement
: qu’est ce qu’en effet Raffarin III ? Un gouvernement
à 16,6%”, soit 1 électeur sur 6. Raffarin III, c’est
2,8 millions d’électeurs, c’est à dire 6,88% des inscrits !
6,88% pour détenir tous les pouvoirs institutionnels!
6,88%
pour liquider les conquêtes sociales issues de la
Résistance! 6,88% pour saccager le pays! 6,88% ... Et il n’y
aurait pas de crise institutionnelle? et il n’y aurait pas de
crise de régime? et cette spirale de déroutes gouvernementales - 21
avril, 28 mars, 13 juin- ne
serait
pas l’expression de l’approfondissement de cette crise?
On
comprend mieux dés lors le refus obstiné des directions syndicales,
co-gestionnaires de cette crise,
d’organiser la moindre mobilisation sociale et leur volonté plus
ou moins masquée de contenir, voire
d’enrayer les luttes, là où elles commençaient à se développer
réellement, comme à EDF. Car le pouvoir
gouvernemental est à ce point fragile qu’un mouvement social
démasquerait aussitôt cette crise,
contraindrait le pouvoir à la brutalité pour se maintenir et
créerait une situation de rupture ouvrant
sur l’inconnu.
Qu’en
l’absence de perspectives nouvelles, le corps électoral soit
partagé entre défaitisme,
fatalisme
et refuge résigné vers des solutions anciennes - comme par exemple
en France celle d’une sociale-démocratie
défraîchie - ne fait que masquer la situation. Le mouvement social
n’en continue pas
moins de chercher une issue à la crise dans laquelle la nouvelle
époque du capitalisme mondialisé
le plonge. De manière certes moins ouverte mais tout aussi tenace,
un travail se poursuit :
la recherche des moyens théoriques et pratiques d’organiser, dans
les conditions actuelles de la lutte
des classes, la résistance des forces sociales à la dynamique
présente du capital.
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