Pas d'abstention au 3° tour
A
la différence de ses trois précédentes expériences
gouvernementales depuis son échec en 1981 – 3
expériences avortées puisque la victoire électorale avait aussitôt
tourné en défaite sociale : déroute de
Chirac à l’hiver 86, louvoiements des années Balladur (93-95),
reculades de Juppé en 95 - la droite chiraquienne
est cette fois-ci contrainte de ne pas reculer. Sommée par son
commanditaire, le MEDEF, de
ne plus rien céder, elle exécutera sa besogne, quelles qu’en
soient pour elle les conséquences institutionnelles.
Coûte que coûte, telle est la devise de ce gouvernement.
C’est
pourquoi, attendre du rapport de forces électoral entre les partis
politiques qu’il modifie le rapport
de forces social, c’est prendre le risque de nouvelles déroutes.
Certes la mobilisation souhaitée, lors
du prochain scrutin, d’une partie des classes populaires peut
contribuer à renforcer la combativité
collective du salariat. Mais le jeu électoral n’a jamais été
qu’un reflet très partiel des antagonismes
entre les classes sociales. Le combat doit en même temps, d’abord
et surtout être mené sur
le seul terrain décisif, celui de la lutte des classes, et avec les
armes du mouvement social (grève, manifestations,
occupations…)
En
effet, ce n’est pas du ravalement des façades régionales de
l’ex-gauche plurielle ou de l’une ou l’autre
de ses victoires dans quelques baronnies locales que va naître une
résistance au saccage des conquêtes
sociales mené à la hussarde par la clique des soudards et pillards
de l’UMP. Ce ne sera pas non
plus l’une ou l’autre prouesse de l’alliance électorale LO-LCR
qui y contribuera beaucoup plus.
"Faire
reculer le patronat et le gouvernement” annoncent leurs
affiches électorales. Soit ! Mais ils savent
pourtant que ce n’est pas un bulletin de vote qui les fera reculer
- ni même 10%des bulletins de vote
exprimés - quand plus deux millions de manifestants et plusieurs
semaines de grève reconductible n’y
sont pas parvenus en juin dernier.
Même
si les circonstances et les options idéologiques
diffèrent, faut-il rappeler qu’en 1981,
avec 15% au premier tour, une organisation autrement
nombreuse, structurée et implantée, et
avec l’appui de l’appareil de la CGT
d’alors,
le PC n’a pas empêché le tournant de la
rigueur, les liquidations industrielles et les revirements
successifs du “ socialisme du possible
” de Mitterrand… Autre époque et autre
lieu pour un scénario aussi désespérant et
qui devrait autant inciter à la réflexion : au Brésil,
après 18 mois d’expérience Lula, que
reste-t-il
des perspectives ouvertes par la victoire électorale
massive du Parti des Travailleurs et
la participation gouvernementale de ministres
trotskistes ?…
Le
mouvement de mai-juin dernier a rappelé la capacité de mobilisation
du salariat français - et ce, alors
que ce ne fut qu’une partie de ce salariat qui a pris part au
mouvement. Son échec sur sa revendication
directe a en même temps rappelé ses faiblesses et impasses ainsi
que ses difficultés à échapper
au contrôle des appareils syndicaux et de leur logique
bureaucratique. Toutefois, c’est bien plus
en tirant les leçons de cette expérience encore chaude dans les
conflits sociaux qui s’annoncent (défense
de la Sécu, des services publics, du droit du travail..), en se
donnant les moyens d’une organisation
autonome du mouvement social, qu’il est possible de mener des
luttes victorieuses pour reconquérir
ce qui a été perdu - et gagner ce qui ne l’a jamais été.
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