Une constitution pour les
Versaillais ?
Cela
fait maintenant 50 ans que la bourgeoisie se sert des institutions
européennes pour s’acharner contre
le mouvement ouvrier et ses conquêtes sociales. Depuis 50 ans en
effet, “l’Europe” n’aura été que
le cadre de l’organisation du Capital, une structure de coercition
et d’intégration des économies capitalistes
des différents Etats qui la composent. L’Europe des commissaires
de Bruxelles, des juges de
Luxembourg, des banquiers de Francfort, des policiers de Schengen et
des ersatz de députés de Strasbourg,
c’est un demi-siècle de destruction des droits sociaux, de
précarisation et paupérisation du
salariat, de démantèlement des services publics, de marchandisation
des biens et services, de
dislocation
des garanties collectives. En dépit de tous ses griffonnages
juridiques et maquillages institutionnels,
le seul projet politique européen reste ce qu’énonçait
explicitement sa dénomination d’origine,
aujourd’hui délibérément caché : un Marché commun !
Et
c’est ce demi-siècle de régressions sociales qu’on nous propose
aujourd’hui de constitutionnaliser ? qu’on nous impose de
reconduire et d’élargir à 25 ? Avec un salaire horaire de 1,35
euros en Bulgarie, les effets bénéfiques (pour le Capital) de
l’élargissement
ne tarderont pas !...Il
ne peut pas y avoir d’Europe sociale dans le cadre de
l’Union
européenne ! Toutes les Chartes sociales que nous vend
la sociale-démocratie européenne pour nous faire avaler le
tatcherisme bruxellois se heurtent à la logique anti-sociale du Marché
commun. Tous les boniments que déblatère l’Europe Arc
en Ciel des gauches plurielles (rouge, rose, verte) sur l’Union comme
rempart à la mondialisation et contre-pouvoir à l’impérialisme
américain, et son chantage sur l’air du «Sans l’Europe,
ce serait encore pire» sont contredits pas cette réalité incontournable
: l’Union est le cadre, et Bruxelles l’instrument, de
la mise en oeuvre du capitalisme mondialisé en Europe.
A
contrario, croire possible au sein d’un espace géographique sanctuarisé,
la conservation des droits sociaux conquis à l’époque
du compromis social-démocrate dans le cadre des
Etats
nations est une illusion funeste. Il faut bien sûr résister, et s’arc
bouter sur la défense des conquêtes sociales à chaque niveau
où elles ont été structurées. Mais le mouvement social en
Europe doit impérativement répondre à la double exigence à
laquelle il est confronté. Celle d’abord de
porter le combat au niveau où sont définies les orientations et
prises les décisions. Le mot d’ordre évolue
– «Sortir du SME», «Non à
Maastricht et aux critères de convergence», «Rejet
de la Constitution Giscard»
- mais la nécessité reste la même : la rupture avec la
bureaucratie communautaire et ses politiques
anti-sociales. Celle également de mise en relation des salariés
d’Europe pour coordonner une
mobilisation unitaire contre la politique de l’Union – c’est à
dire mener la lutte des classes au niveau
européen où s’est organisé le Capital.
Aussi
longtemps que, dans chaque pays, les mouvement sociaux en restent à
la scène nationale; qu’ils
se satisfont de la contestation de leurs gouvernement respectifs en
laissant dans l’ombre et en paix
les instances communautaires; qu’ils ne dénoncent pas la duplicité
de leurs oppositions parlementaires qui,
lorsqu’elles retrouvent le pouvoir, se fondent dans le même cadre
communautaire pour y
mener la même politique soumises aux mêmes directives dictées par
les mêmes intérêts du Capital européen,
ils confortent autant d’alternances gouvernementales stériles et
enregistrent autant de désespérantes
défaites.
Le
26 mai 2004
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