Je ne lutte pas pour un poste au
gouvernement.
J’ai reçu des propositions de beaucoup
de madéristes de bonne foi -car il y en a, et en assez grand nombre- pour que
j’accepte un poste dans ce qu’on appelle le Gouvernement « provisoire », et le
poste que l’on m’offre est celui de vice - président de la République. Avant
tout, je dois dire que les gouvernements me répugnent. Je suis fermement
convaincu qu’il n’y a pas, qu’il n’y aura jamais de bon gouvernement. Tous sont
mauvais, qu’ils s’appellent monarchies
absolues ou républiques constitutionnelles. Le gouvernement c’est la tyrannie
parce qu’il limite la libre initiative des individus et sert seulement à
soutenir un état social impropre au développement intégral de l’être humain.
Les gouvernements sont les gardiens des intérêts des classes riches et éduqué
es, et les bourreaux des saints droits du prolétariat. Je ne veux donc pas être
un tyran. Je suis un révolutionnaire et le resterai jusqu’à mon dernier soupir.
Je veux être toujours aux côtés de mes frères, les pauvres, pour lutter avec
eux, et non du côté des riches ni des politiciens, qui sont les exploitants des
pauvres. Dans les rangs du peuple travailleur je suis plus utile à l’humanité
qu’assis sur un trône, entouré de laquais et de politicards. Si le peuple avait
un jour la très mauvaise idée de me demander d’être son gouverneur, je lui
dirai : Je ne suis pas né pour être bourreau. Cherchez-en un autre !
Je lutte pour la liberté économique des
travailleurs. Mon idéal est que l’homme arrive à posséder tout ce dont il a
besoin pour vivre, sans qu’il ait à dépendre d’un quelconque patron, et je
crois, comme tous les libéraux de bonne foi, qu’est arrivé le moment où nous,
les hommes de bonne volonté, devons faire un pas vers la vraie libération, en
arrachant la terre des griffes du riche, Madero inclus, pour la donner à son
propriétaire légitime : le peuple travailleur. Dès qu’on aura obtenu cela, le
peuple sera libre.
Mais il ne le sera pas s’il fait de Madero
le Président de la République, parce que, ni Madero, ni aucun autre gouverneur,
n’aura le courage de faire un pas dans ce sens et que s’il le faisait, les
riches se soulèveraient et une nouvelle révolution suivrait la présente. Dans
cette révolution, celle que nous sommes en train de contempler et celle que
nous essayons de fomenter, nous devons enlever la terre aux riches.
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