"Tout abandon de principes aboutit forcément à une défaite" Elisée Reclus "Le dialogue, c'est la Mort" L'injure sociale
dimanche 30 juillet 2023
Sur le peu de Révolution de Michel Surya/ Bernard Noël
Michel Surya: 29/01/12
"Il faut se faire aussi à cette idée: qu'il n'y a pas "en soi" de bonnes révolutions. Qu'il peut y avoir des révolutions à exposant négatif. On appelait ça avant des contre-révolutions. mais le mot ne fonctionne peut-être pas pour ce qui arrive en ce moment dans ces pays (alors qu'il fonctionnerait encore sans doute en Europe)."
Bernard Noël: 08/01/15
"C'est vrai, et profondément, que le politique n'est pas notre lien même s'il y est vivement inclus. Ce que j'ai essayé de te dire hier est la substance de ce lien, mais comment exprimer un arrière-pays fait de tes livres supportant ta présence? Je ne sais pas traduire cela, son volume intérieur, son émanation dans ma vie.
je longe depuis des mois une sorte d'abîme (attention aux grands mots!) ou tout simplement la mort, sans morbidité. Tout cela a été mis à l'écart durant l'écriture du Monologue du nous, puis l'insensé est revenu. L'impression d'assister à une fin qui n'est pas personnelle et de faire partie d'une société criminelle, où nos aspirations politiques ne sont qu'illusions car c'est toujours l'adversaire "bourgeois" qui l'a emporté, à la fin, même quand il cédait des "acquis sociaux". Cela vient d'être intensifié par la lecture des "Veines ouvertes de l'Amérique latine", un livre que je voulais lire depuis trente ans au moins, et qui montre froidement que l'Occident a transformé l'Amérique latine d'abord en terre d'extermination, puis y a déporté en esclavage des millions d'Africains, puis grâce au pillage économique maintenu les peuples dans la misère: accablant!
Cela m'a confirmé dans le désespoir politique...Que faire pour positiver le désespoir, en faire l'arme efficace que, jamais, n'a été l'espoir? C'est sans doute le sujet profond de mon "Monologue", et ça finit mal!
pardon, je te livre maladroitement ce qui m'occupe. Bien sûr que j'aimerais m'engager dans ce "livre de dialogue" qui me remettrait dans le Sens..."
Michel Surya: 22/11/16
"Ce monde ne peut qu'aller plus mal.
Je m'efforce, sans toutefois toujours y réussir, d'être pour une part dans "cette" époque, de "ce" monde (comment l'éviter?) et, pour une autre, non. De n'y être pas réductible.
Continuer de le penser, et à plusieurs, bizarrement demande que je n'y pense pas aussi - parfois, jamais assez souvent. Je pense alors à l'homme du "sous-sol" de Dostoieski, cherchant à m'en inspirer. Nous sommes encore trop pieux, n'est-ce pas?"
Michel Surya: 29/11/16
"Il y a trop de "bien" implicite possible dans la piété.
Nous ne croyons plus en Dieu, mais nous ne cessons jamais assez de croire au bien.
Le bien est tout ce qu'il nous reste de Dieu. Nous n'avons plus de religion, mais encore beaucoup trop de morale.
C'est ce qui nous étouffe ( ou ce dont on s'étouffe nous-mêmes).
C'est surtout ce qui nous empêche de voir venir, comprendre, etc.
Impuissance de la pensée, toujours attachée à faire advenir le bien qu'aurait été une vraie gauche, quand c'est à empêcher que le mal vienne qu'il fallait s'attacher.
Pourtant, Dieu sait ( si j'ose dire) si on a accusé "Lignes" de faire au mal une place désespérante. Pas assez, à l'évidence.
Tu vois, je ne voyais pas, moi, hélas, de paix tapie dans ce mot "piété"."
Bernard Noël: 12/07/18
"Ta préface est admirable (autant le dire puisque je le pense), je n'ai sérieusement lu que la première partie pour l'instant et suis sidéré par tout ce que tu explicites de ce qui, pour moi, était demeuré au bord, demeuré impensé...Se demander: qu'écrit un écrivain qui n'écrit pas des livres ouvre une brèche libératrice dans ce qui me borde, tout comme cette contestation de l'autorité, donc du pouvoir, et cette volonté d'anonymisation..."
Bernard Noël: 19/03/19
3Le mouvement des Gilets Jaunes est pour moi important parce qu'il ne veut pas de chefs ce qui était enfin une réponse à la question que je me pose depuis la Commune: comment un contre-pouvoir peut-il prendre le pouvoir et demeurer un contre-pouvoir? Question qui tourne à l'absurde, sauf que cette volonté de n'avoir pas de chef m'a fait comprendre que le politique recherche toujours le pouvoir et n'utilise le social que comme pansement, alors que le social ne veut que solidarité et partage...Ce qu'avait esquissé la Minorité du conseil de la Commune."
samedi 29 juillet 2023
Sur le peu de Révolution de MIchel Surya/Bernard Noël Partie 2
Bernard Noël: 25/10/12
"Toujours, toujours saisi par : "Que reste-t-il de ce qu'on a cru quand on ne croit plus? Ou que reste-t-il de ce qu'on n'a pas cru quand on croit?" Saisi pour la raison que ces deux questions ne s'équilibrent pas plus qu'elles ne se renvoient. Entre les deux, un espace baille, un peu, une attente. il me semble que ces "cru" et "croit" demeurent relatifs à une foi, et religieuse. Qu'en est-il du politique ou de la simple relation? l'alternative alors n'est pas si claire ni tranchée. dans ces questions, le cru et le croit représentent un absolu. les engagements humains sont nuancés, ne relèvent pas du tout ou du rien, n'en relèvent pas seulement. bref, si je cherche une issue qui ne soit pas entre deux (conscient que ce serait péjoratif) mais en deça. dans la formule de Chestov :"La transformation des convctions", il y a indiqué un mouvement et non un arrêt. Je vois un Janus tournant et refuse cette image. Sauf que la tête assure l'unité des deux visages. Et là peut-être est la question car c'est le même qui croit et ne croit plus. Non, cela m'embrouille. Il y a dans chaque foi, dans chaque croyance, un autre, et il ouvre un passage vers un avatar positif de la croyance devenue négative. Tout change et cependant tout continue...Suis-je tout bêtement en train de me heurter à mon incapacité de concevoir ce que je désire projeter? Tu parles justement de "salut" pour l'un (celui qui croit) et de "délivrance" (pour celui qui ne croit plus). J'ai toujours cherché à me délivrer du salut et suis sans doute toujours égaré sur le chemin sans chemin -pardonne ma confusion."
Michel Surya: 31/10/12
"Tu as raison, c'est le même qui a cru et qui croit; la séparation n'est donc pas étanche; de là le caractère de Janus que tu es tenté de conférer à cette figure; et qui ne te satisfait pas; je le comprends, moi non plus. Il entre là-dedans beaucoup trop d'absolu encore: dans le cru, dans le croire, et encore: dans le passage de l'un à l'autre. Et c'est mon problème sans doute autant sinon plus que celui de Chestov lui-même (pour quoi je te disais une fois que je "romançais" sa figure, comme celle de Bataille peut-être, aussi bien. La politique, même absolu pour moi "aprè", que Dieu "avant"; mais avant et après ne sont pas si distincts qu'ils ne se confondent pas souvent. Même chose de l'art, de l'amour, ou de la révolution. Pourquoi je parle de la politique en des termes péjoratifs? Parce que la révolution seule de l'absolu de la politique, ou la politique en tant qu'absolu. Illusoire, cela va de soi, et parce qu'illusoire et parce qu'absolue (nécessairement) sanglante. "Chemin sans chemin" dis-tu pour finir en une formule pour une fois blanchotienne. Oui, et le seul possible cependant, quand bien même il n'exalte pas, jamais, qu'il est le patient apprentissage d'un accommodement avec le réel, avec sa désillusion. j'ai beau écrire en ce sens, je n'en montre pas moins dans tout ce que j'écris de la nostalgie pour le contraire. Déchirement."
Sur le peu de révolution de Michel Surya/Bernard Noël Partie 1
Bernard Noël : 17/11/04
« Lu ce soir tes pages
105 à 135, qui ont trait à l’engagement. La position radicale de Bataille, je l’adopterais
volontiers parce qu’elle met fin au débat. Mais c’est accepter une espèce de consubstantialité
entre « inutilité » et « littérature » (n’est-ce-pas très
exactement ce que j’ai éprouvé tout à l’heure, devant mon « Retour de Sade »
réalisé, c’est-à-dire devenu un livre de plus ?). La « littérature »
n’est pas l’écriture même si toute écriture est condamnée à devenir
littérature. L’inutilité de l’écriture est comparable à l’inutilité du plaisir
ou à celle de la douleur : elle en tire une qualité sans fin. Au
contraire, l’inutilité de la littérature est finie. J’admire sans réserve la
précision de ton analyse et la manière dont tu l’appuies sur la connaissance de
la diversité des positions. Ce faisant, tu ne laisses place à aucune échappée :
tout est là, exactement dit, parfaitement pensé, parfaitement dévisagé. J’en éprouve
un désespoir car – oui !- il n’y a rien d’autre. L’engagement est en
général un sacrifice à la morale. Personne n’ose être amoral ou immoral, sauf
Bataille. Mais son choix est-il une réponse ? Quand Breton parle d’opposer
« un NON irréductible à toutes les formules disciplinaires », je
sais qu’il discourt, qu’il écrit de la fumée verbale. J’aimerais qu’il ajoute
que c’est l’inutilité de ce NON qui fonde sa nécessité. Comme j’aimerais que
Bataille dise que l’inutilité est la seule expression raisonnable (non
illusoire) de la résistance…Mais, bien sûr, je ne fais que désigner l’impasse
au fond de laquelle j’étouffe ».
Bernard Noël : 25/11/04
« Cette fois, j’ai lu
trop de pages en peu de temps si bien que tout se précipite, se bouscule. Il y
a eu d’abord – mais cela, je te l’ai dit déjà – tout ce qui concerne communisme
et littérature. Et mon impression que cela avait été recouvert par l’histoire,
ne nous concernait plus, à la différence de «l’engagement » dont le
problème reste vif. Ton travail là-dessus est toujours aussi documenté, aussi
complet que possible ; il est final. Ensuite, j’ai fait grâce à toi une
découverte : Manuel de Diéguez, je connaissais son nom, rien de plus, pour
avoir reculé devant je ne sais quel gros bouquin dont l’épaisseur justement m’intriguait.
Surprise aussi de la position de Claude Roy (214), proche de celle de Bataille
à propos d’Auschwitz un modèle industriel idéalement réussi – un modèle de
rationalisation de la production. Mais viennent Kafka et tout ce qu’il annonce
et que tu développes avec cette clarté inexorable qui distingue ton livre. « Un
mythe contre lequel nul ne saurait en appeler auprès d’aucune justice que
lui-même reconnaitrait est une terreur. » Je deviens ici (les procès de
Moscou, de Budapest, de Prague) un lecteur terrifié au souvenir que l’aveu crée
la faute, si bien que le rétrospectif se change en avenir- le court avenir qui
sépare l’aveu de l’exécution. Tu as une formule à la hauteur de cette horreur :
« une fidélité dérélictive »…je ne sais quelle courbe abominable,
après nous avoir éloignés de la possibilité de ce monde-là, nous ramène vers
lui. C’est le à-survenir menaçant derrière la nouvelle trahison des clercs de
nos deux générations. J’émerge de la lecture complétement désespéré parce que,
ici comme partout, ton analyse est si totale qu’il n’y a de place pour aucune
issue. Pas d’échappatoire. L’analyse se confond avec le destin. »
Bernard Noël : 31/12/06
« Repris ton « jamais »
qui démontre bien la fausseté du « suffrage » et de « l’universel »
- fausseté accentuée par le façonnage médiatique de l’opinion. Que faire ?
On offre au peuple de servir la messe démocratique tous les cinq ans. Une messe
minable. Je crois beaucoup aux gestes symboliques parce qu’ils disent très
exactement ce qu’ils disent en accordant l’acte et la parole –et en les
vérifiant l’un par l’autre. Ils sont très rares. En dehors d’eux, la société
devenue laïque n’a pas su inventer l’équivalent de la cérémonie religieuse. La communion,
le corps mystique, la grâce, etc., avaient l’avantage de nourrir la vie intérieure,
la pensée, l’art. C’étaient des illusions, mais heureusement partagées. De « glorieux
mensonges » sans doute comme tout ce que fabrique notre intelligence face
à la mort, mais « glorieux » et non pas minables comme tout ce qu’est
censé nous assurer la consommation. Je suppose que j’attendais de la Révolution
qu’elle change glorieusement la vie…Au moins n’était-elle pas vendable. »
Bernard Noël: 17/04/07
"La révolution ne survit elle que dans le mot "révolution"? Ou ce mot est-il la graine que la réaction n'arrive pas à écraser de telle sorte qu'il en sortira un mouvement? ces questions sont peut-être idiotes quand il faudrait rendre inconciliables les termes de "révolution" et de "prise de pouvoir". A-t-on jamais pensé l'une sans l'autre? J'en doute."
Michel Surya: 24/04/07
"Ne dis pas des choses qui cherchent à m'attrister: d'ailleurs, on n'est plus élu que pour coinq ans. Nous faut-il trouver des qualités à Royal, parce qu'il nous faudrait préférer tout ou n'importe qui à l'autre (Sarkozy)? C'est bien ce que ce jeu a de plus profondèment pervers et répugnant. As-tu remarqué que la Bourse et la cotation des valeurs n'ont pas cillé, même positivement, à l'annonce des résultats? Preuve, s'il en était besoin, qu'il n'y a plus de politique, sinon celle des capitaux, bien supérieure à tout autre."
Bernard Noël: 26/05/08
"Cependant, j'ai ce sentiment: que je me retire un peu plus chaque jour. Oui, je suis bien ici; mais il faut entendre cela aussi: je me trouve bien de n'être plus qu'aussi peu à paris. cette considération pourrait avoir aussi ce sens encore qu'on ne lui prêterait pas d'emblée: un sens politique. Il me semble qu'il n'y a plus que ce retrait pour dire l'irrésistible raillerie que suscite chez moi tout ce que j'entends qui prétend au nom de "politique"; raillerie, les meilleurs jours; dégoût des autres. Tu parlais, il n'y a pas longtemps, de cette possibilité qui nous restait, et qui voulait qu'on recoure à la violence; je le pense aussi; à ceci près que, le plus souvent, je pense que cette violence, que tout appelle, à laquelle je ne comprends pas que personne ne réponde, cette violence elle aussi semble fausse, ou n'être vraie que d'une façon subjective (faite pour soulager nos affects les plus virulents). parce qu'au fond nous ne croirions plus à son efficacité."
vendredi 28 juillet 2023
Sur le peu de révolution…de Michel Surya
Comment un roman,
semble-t-il sans le chercher, dit-il tout ? De l’état de son auteur, bien
sûr, Du nôtre aussi ? De celui que son auteur et nous partageons ? De
l’état du temps que nous avons en commun ?
« Le syndrome de
Gramsci » de Bernard Noël est en cela un livre « politique ».
Beaucoup plus que beaucoup qui voudraient l’être. Qui le chercheraient. Il est
politique en ce sens, qui en effet ne se donne pas d’emblée, que le mal dont
son narrateur se découvre atteint est celui dont l’époque est atteinte avec
lui. On sait au juste assez peu quel mal, si même c’est un mal – peut-être
existe-t-il des syndromes de maux qui n’existent pas encore ou qui n’existent
plus. Si ce mal est celui de la mémoire qui manque et troue la langue ou s’il
est de la langue elle-même qui est sans plus pouvoir accéder à sa mémoire. S’il
est de la mémoire qui s’est fermée aux mots dont use la langue ou des mots qui
dérobent la langue à sa mémoire ? Parler d’amnésie ne suffit donc sans
doute pas. C’est d’un oubli plus profond qu’il est question qui ne suffit pas à
désigner l’amnésie. Un oubli qu’il n’est pour le moment possible de désigner
que par ses manifestations pour que n’en soient atténuées ni la gravité ni l’ampleur
(un oubli aussi profond ne peut qu’être contagieux).
Qu’il suffise de dire que
certains mots – mais il est de la plus grande importance que ces mots soient, à
ceux auxquels ils se mettent soudain à se dérober, les plus chers, ou les plus
chargés – par ce temps, c’est lui qui les évince d’une postérité possible) qu’il
n’existe plus pour eux d’espace à occuper, même au sein des langues qui s’étaient
jusqu’alors le plus fermement maintenues dans leur souvenir ( n’est-ce pas ce
contre quoi Hegel mettait en garde quand il disait que « maintenir
fermement ce qui est mort » demande « la plus grande force » ?).
Le mot qui, dans la douceur
d’une soirée toscane, se dérobe à la mémoire du narrateur de ce roman, le mot à
l’oubli duquel celui-ci doit de se savoir atteint de ce mal, est un nom. L’oubli
commence par un nom. Non pas n’importe quel nom, mais le plus représentatif de
tout ce que le narrateur pensait à ce moment-là et que ce nom aurait
éloquemment désigné à son interlocuteur. Il faudrait donc en convenir : si
ce nom est venu à lui manquer, c’est que cette désignation est devenue
impossible. Comme si, avec la possibilité de désigner, disparaissait aussi la
désignation. Comme si d’une chose disparue, la désignation l’était aussi.
Gramsci est ce nom. Et ce qu’il
désigne (la révolution rêvée, le communisme perdu, l’engagement des
intellectuels, l’antifascisme, l’Italie…) est en effet devenu sans objet. Ce nom
est sans pouvoir survivre à la disparition de ce qu’il désignait. Il est sans
pouvoir rien désigner qui n’ait pas disparu. En même temps, il n’y a sans doute
pas moyen de faire disparaitre une figure sans que celle-ci resurgisse masquée
pour hanter l’espace dont on a tenté de l’évincer. Ce livre –magnifique- témoigne
que l’art reste « l’intime » moyen d’atteindre l’Histoire. Au sens où
Bataille dit, énigmatiquement, qu’intime est la question du communisme : « ailleurs
et autrement intime ».
A propos de… « Sur le peu de Révolution » de Michel Surya et Bernard Noël
Oui, si peu de révolution et
un monde qui s’enlise dans les contradictions volontaires, les à peu-près
entretenus, les pensées que l’on impose à des gens qui ne « pensent »
plus. Qui n’ont jamais pensé ? Quel sens donnons-nous à ce verbe ?
Quel sens veulent-ils que les « citoyens » donnent à ce
verbe-là ?
La révolution est l’après
rupture. Il n’est pas le point de rupture. Celui-ci est la fin de la politique,
dans le sens gestion de la cité, et du remplacement par la gestion financière
de la cité, c’est-à-dire, que l’on place la finance au-dessus de l’humain.
Comme le dit Michel Surya
dans sa « Notice éditoriale » :
« Ancienne, abondante,
la correspondance entre les deux auteurs de ce livre porte sur beaucoup de
sujets. Sur la littérature le plus souvent. Mais sur la politique aussi, ou, on
le verra, plutôt que sur la « politique », sur la « révolution »,
la première étant d’un bout à l’autre mesurée par eux à l’aune de l’espérance
et de l’attente de la seconde.
Aussi bien, est-ce la partie
que ceux-ci ont choisie d’isoler, prélever et reproduire ici, sans égard pour
tout ce que chacune de leurs lettres pouvait contenir d’autre, recomposant
quelque chose comme un échange, un dialogue, un entretien
politique-révolutionnaire au long des années.
Le titre de ce livre :
« sur le peu de révolution » s’est imposé aux auteurs au fil de leur
échange. C’est une fois celui-ci terminé qu’il leur est apparu être aussi, en
partie, le titre d’un texte d’Alain Jouffroy : « Discours sur le peu
de révolution », inconsciemment inspiré par lui, peut-être. Ils ont
toutefois désiré le conserver, en forme d’hommage. ».
Ce livre fait suite, ou du
moins écho, à celui que je vous recommande depuis peu de temps et qui s’appelle
« De l’argent. La ruine de la politique ». D’ailleurs, ce qui suit en
est un commentaire fort à propos.
Bernard Noël : « La
première fois que j’avais lu : « La victoire la plus grande de la
politique : contraindre au bonheur des foules », j’étais un peu
sceptique, mais ces derniers jours les informations vantaient ce bonheur social
des français. Et Fabius vient d’y ajouter en reprenant le rite de la Confirmation.
Tu me donnes envie de relire « Le bonheur dans l’esclavage »
(question d’actualité : une foule qui cesse de se soumettre devient-elle
républicaine ?) je lis et relis : « consommation…destin
commun=fin de la valeur politique de l’égalité ». C’est d’une évidence qui
m’accable : ‘il n’y a personne qui ne se soit librement humilié… » Et
qui ne rêve d’être bourgeois avec les bourgeois….mais sans lutte ! Je lis
et relis les pages 16 à 20 avec le bizarre sentiment qu’il ne faut pas qu’un
mot m’en échappe pour qu’elles soient en moi une sorte d’arme interne : un
révélateur automatique de la « domination » dont tu affines et durcis
la définition pour en arriver à cette position terrible : efficacité
contre sacralisation. C’est un renversement radical, toute l’histoire ayant
recherché le pouvoir absolu dans le mouvement inverse. Et quand tu accentues
encore la dose de désespoir en disant que le système bourgeois, en éradiquant
le rêve, détruit toute alternative possible, j’entrevois une fonction du sacré :
il ouvrirait une béance dans le dos du pouvoir, une perte, un détour…tout en
l’illusionnant sur sa qualité.
« […]pas de politique
dont l’argent n’ait eu raison… » et « Il n’y a même pas de meilleur
monde possible ». Tu passes vite sur la trahison des « soumis »,
pas même « convertis », mais la chose est assez claire, comme il est
bien clair que la « domination » repose sur la disparition de la
politique. Ton analyse sur le rôle du FN comme paravent de cette disparition
est d’une perspicacité géniale, j’allais dire : hélas ! car tu nous
révèles en même temps l’irrémédiable. On ne retrousse pas le temps : son
épaisseur s’éclaire en vain ». Les pages suivantes sont extraordinaires
qui montrent à l’évidence qu’obtenir, au-delà de la soumission, l’adhésion
permet au vainqueur de s’assurer une exclusivité morale sans appel. Dès lors,
il peut tout, y compris guérir le désespoir par la disparition de l’espérance.
Dans un monde libéré de sa transcendance, tout est là, ouverture offert à la
vie de tous, disponible, immédiat – et que le meilleur gagne à égalité avec
tous puisque le voilà promu entraineur social.
Egalité, liberté, légalité,
c’est la trinité de la transparence –transparence qui fonde le monde le plus
moral et par conséquent le plus égal. Et par conséquent le plus équitable. Je
rêve là-dessus ou plutôt j’essaie d’imaginer comment la
« transparence », dont tu as inventé le concept, crée un monde où la
fiction remplace la réalité en produisant une substance transparente, qui
devient le liant social et permet que chacun s’aperçoive soi-même constamment
au mieux de ses intérêts. Dans ce monde, où toute contrainte a disparu, la
« substance » est infiniment plus efficace que tous les Big Brother
parce qu’elle opère insensiblement. C’est l’équivalent de la
« grâce » et du corps mystique, sauf que le spirituel a été
avantageseument remplacé par un corps chimique…
Un « capitalisme
propre », « des limites à l’exploitation » et une collaboration
« librement consentie » à la prospérité…Le mot
« collaboration » fut infamant lorsqu’il désignait un groupe, il
suffit de généraliser ce qu’il désigne. Autre effet de la
« transparence ». Et « divine surprise » pour elle-même
quand elle constate à quel point elle a pu métamorphoser les adversaires du
« capital ». Tu analyses parfaitement le retournement par lequel les
raisons de combattre deviennent les raisons de vanter, de soutenir. De
transparaitre ! Rien de plus désirable que ce qui fut matière à soupçon
depuis que cette matière a cessé d’être opaque. Pouvoir=pureté ! Plus on a
de pouvoir, plus on est innocent.
Ta démonstration est si
raisonnable qu’elle en parait « théorique » : je veux dire que
la manière de lui résister, c’est de la juger trop belle pour être vraie.
J’imagine cette défense chez ceux que tu dénonces. La défense du capital, y
compris contre les forces conservatrices, par les « forces
progressistes ». Mais voilà désormais le spectacle quotidien, et il est
incroyable ! par l’effet, encore, de la transparence. Le heut de la page
60, qui dit la prise de pouvoir universelle de l’Organisation mondiale du
Commerce, cadre bien la situation nouvelle. La transparence, certes, et le
pouvoir en douceur, mais en gardant possible l’intervention cynique de la
force, de la violence.
1989 : il n’y a pas de
révolution dont on ne veuille revenir ! C’est le principe fondamental de
la contre-révolution. Désormais, l’argent, et lui seul, décide des formes du
pouvoir – un pouvoir donc formel, comme est formelle la morale et formelle la
« fatalité de l’égalité » et la « justice » de l’argent. La
transparence rend tout formel : tout fictif…Tu ne cesses de rendre plus
précis le mécanisme de cet envahissement, qui devient le transformateur général
de la société, de la mentalité et – pourquoi pas- qui imprègne même les corps.
Le blanchiment : cette
page 74 où tu dénonces l’alchimie qu’est en soi la transparence apporte, si
j’ose dire, le comble de ta démonstration. Il faut que l’argent se montre,
écris-tu, pour que sa visibilité le purifie. Et le visible va servir de cache,
puisque le visible intensifie le fictif. Ici, à propos d’argent propre et
d’argent sale, je me dis que les mafias de la drogue servent de paravent au
même titre que le FN. Aujourd’hui même, la nouvelle du jour était la saisie par
la police espagnole – mais on ne s’extasiait que l’action du juge X- de je ne
sais combien de centaines de kilos de cocaïne. Il serait facile d’annuler le
trafic en légalisant la distribution des drogues dures, mais quelle perte pour
la « justice » et la publicité de la pureté de l’argent…
C’est désormais la « grande
exploitation » qui est blanchie. L’histoire est devenue un trompe-l’œil.
Et le capital, le mouvement vers un monde égalitaire. L’incroyable est devenu
parfaitement consommable. Il l’est chaque jour un peu plus : « ensorcellement
idéologique » ! Echange de l’espérance contre la rente.
« Domination » :
tu charges ce mot d’un sens toujours plus fort, plus précis, tout en lui
reconnaissant un arrière-pays obscur (page 90). Mais, grâce à toi, le mot
travaille à réduire cette obscurité parce qu’il la considère au lieu de faire
comme si elle était résolue.
Et la considérant, il l’attaque.
Au fond, ta « domination » englobe pouvoir et contre-pouvoir dans une
alliance contre-nature, identique à celle du bourreau et de la victime quand
cette dernière s’offre au couteau (tu y as d’ailleurs fait allusion au début).
La « domination », dis-tu, ne pèse à personne dès lors que tous la
désirent. Ma « sensure » est au fond l’un des moyens qui assure sa
pénétration. Car elle est pénétrante mais au gré d’une contamination
imperceptible.
Le capitalisme peut tirer
profit du ressentiment, tirer profit de la honte : il est « totalitaire »
et lui seul pour la raison qu’il peut même tirer profit de ce mot et le rendre
honorable. Car son totalitarisme est finalement plus innocent que tout ce qui
peut lui être comparé.
Il y a une transsubstantiation
à l’œuvre dans tous les domaines : elle aboutit à garder le « sens »
tout en ayant changé le sens du sens, si je puis dire. Il manque peut-être à
ton livre d’analyser ce qu’il en est du langage dans cette opération, mais tu
analyses si bien l’opération que le lecteur a tout en tête pour y réfléchir. »
jeudi 27 juillet 2023
A propos de Stefan Zweig
"Mon enfant est mort hier. Trois jours et trois nuits durant, j'ai lutté avec la mort pour sauver cette tendre petite vie ; quarante heures durant, alors que la grippe secouait de fièvre son pauvre corps, je suis restée à le veiller. J'ai appliqué des linges frais sur son front ardent ; nuit et jour j'ai tenu ses petites mains fébriles dans les miennes. Au troisième soir, je me suis effondrée. Mes yeux n'en pouvaient plus, ils se fermaient sans que je m'en rende compte. J'ai dormi trois, peut-être quatre heures sur un mauvais fauteuil, et la mort en a profité pour s'emparer de lui. Maintenant il repose là-bas, le pauvre chéri, sur son petit lit d'enfant, dans la position où la mort l'a pris ; on lui a simplement fermé les yeux, ses yeux sombres et intelligents ; on a joint ses mains sur sa chemise blanche, et quatre cierges brûlent d'une flamme vive aux quatre coins du lit. Je n'ose pas regarder, je n'ose pas bouger, car quand les flammes vacillent, des ombres passent sur son visage et sur sa bouche close ; alors c'est comme si ses traits s'animaient, et je croirais presque qu'il n'est pas mort, qu'il se réveillera et que de sa voix claire il me dira des mots pleins de tendresse enfantine. Mais je le sais, il est mort, et je ne veux plus regarder, pour n'avoir plus à espérer, pour n'être pas déçue une fois de plus. Je sais, je le sais bien qu'il est mort, mon enfant est mort hier. Maintenant je n'ai plus que toi au monde, toi qui ne sais rien de moi, toi qui en ce moment même joues sans te douter de rien, ou alors t'amuses de quelque objet ou personne. Plus que toi qui jamais ne m'auras connue et que j'aurai toujours aimé.J'ai pris le cinquième cierge et l'ai posé là, sur la table où je t'écris. Car je ne peux pas rester seule avec mon enfant mort sans épancher mon âme, et à qui pouvais-je parler en cette heure terrible sinon à toi, toi qui m'étais tout et m'es tout ! Peut-être que je ne parviendrai pas à te parler avec toute la clarté souhaitable, peut-être que tu ne me comprendras pas – j'ai la tête si lourde c'est vrai, le sang bat et bourdonne dans mes tempes, mes membres me font si mal. Je crois que j'ai la fièvre, peut-être est-ce déjà la grippe, qui va maintenant de porte en porte ; ce serait bien, car alors je partirais avec mon enfant et je n'aurais pas à me faire violence. Par moments mes yeux se couvrent de noir, peut-être n'arriverai-je même pas à finir d'écrire cette lettre – mais je veux rassembler toutes mes forces, pour qu'une fois, rien que cette fois, je puisse te parler, à toi mon aimé, toi qui jamais ne m'auras reconnue."
Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig.
Stefan Zweig fut une découverte merveilleuse un temps où j'étais alité. Il m'a permis de passer paisiblement ce temps de repos forcé avec un livre d'une force mélancolique: "Le monde d'hier souvenir d'un européen".
1000 pages d'une délicatesse infinie, avec, en fond, ce reproche féroce, d'avoir été négligent vis-à-vis des signes qui laissaient augurer de ce que fut le terreau de la montée d'Hitler. Il fut ce jeune intellectuel juif qui passait son temps dans les salons à parler de littérature quand, dans l'Allemagne la violence nazie déferlait
.
Il ne s'engagea pas dans la politique, dans la lutte pour ses convictions, il ne sut qu'avoir remords et regrets pour finalement décider de mettre fin à ses jours avec sa fidèle épouse.
Il fuit son pays et devint l'européen qui voyageait en Europe, ne voulant jamais s'exprimer sur la politique du continent.
D'autres ont fuit également, Hermann Hesse aussi l'a fait, Thomas Mann également.
On peut les opposer aux intellectuels de l'est qui pour eux, il ne pouvait être question de "ne pas être moderne" comme dira Rimbaud, paraphrasé par Jaromil dans "La valse aux adieux". les intellectuels étaient engagés dans le combat politique de force ou par conviction. On multipliait les congrès, les "colloques" sur la poésie ou la littérature auxquels ils participaient.
M.A.
27/07/23
Les fleurs de Krysald
La différence n'est que très rarement un choix. Il faut donc vivre avec.
Souvent c'est l'intolérance des autres qui la révèle à ceux qui éclairent le monde autrement, et en fait toujours, toujours, une souffrance, un mal de vivre, une torture, une douleur, une honte d'être soi, une envie d'en mourir pour ceux qui se découvrent différents dans le regard des autres.
Car il ne s'agit bien que de cela.
Dans la réalité, rien d'étrange. Bras, Jambes yeux, bouche et cerveau là aussi plus ou moins rempli, etc. .
Tout est en place pour un être humain. Il ne s'agirait donc que d'éducation à concevoir le pluriel de la nature dans cet unique monde. Une nature parfois compliquée à laisser en paix les êtres mais n'est-ce pas non plus à cause de l'accueil de ce monde à l'entendre ?
Il s'agirait donc juste d'apprendre à respecter l'autre. Combattre la méchanceté avec courage est ce qui devrait donc être intolérable, rien d'autre. Permettre à chacun d'être soi et heureux est la seule chose à vouloir dans un monde dit civilisé....
Moi j'aime la différence. Elle m'a toujours enchanté dans ses rencontres. Elle colore nos vies et rend le monde chaleureux et presque magique pour ceux qui cultivent l'imaginaire dans leurs vies. Elle ne gage de rien d'autre que d'elle-même..
La bêtise étant bien sur partout. Son
seul mérite est le même que celui de tous ici-bas, celui d'exister et de faire
de ce monde un pluriel enrichissant avec les autres car rien n'est pire que
l'ennui de l'uniformisation. J'aime ce qui contraste pour valoriser tous les
beaux du monde. Alors je soutiens cette pluralité, au-delà du moindre
communautarisme qui tendrait à exclure finalement dans ma crainte la plus
profonde, même si je comprends l'envie de se comprendre, de panser ses plaies,
vites, avec ceux qui savent mais je suis aussi certaine que c'est au milieu des
autres, avec tous que la différence disparaît. Et pour cela il faut s'ouvrir
plus encore. Une marche ensemble peut prouver qu'on est bien ensemble. Qu'on
est là si ça vacille comme pour chacun, sans différence, sans exclusion, sans
discrimination. Que l'on fait ce monde ensemble. Car si le respect est de tous
côtés, que craindre sinon la joie de vivre?
C.A.
mercredi 26 juillet 2023
Les fleurs de Krysald
Aujourd'hui je suis heureuse Aujourd'hui
j'ai rencontré un être humain.
J'avais besoin de soutiens et j'ai pensé
à ce lieu pour guérir nos fêlures, pour inspirer nos âmes blessées...
Aujourd'hui je suis heureuse Aujourd'hui
j'ai rencontré un être humain.
Il m'a donné de son temps
Il n'en n'avait guère plus que moi...
Il a écouté mon cœur
J'ai découvert le sien
Aujourd'hui je suis heureuse Aujourd'hui
j'ai rencontré un être humain.
Après nous avoir installé
confortablement
il m'a dit je t'écoute
Je lui ai raconté notre drame, je lui ai
montré les flammes, décrit nos ames envolées,
la pluie de nos cendres, l'envie de
résilience par l'Art
Aujourd'hui je suis heureuse Aujourd'hui
j'ai rencontré un être humain.
Il a compris notre douleur,
Ma volonté de sortir de cette violence
De ne surtout pas lui laisser le dernier
mot sur nous.
Il m'a souri...
Aujourd'hui je suis heureuse Aujourd'hui
j'ai rencontré un être humain.
Sur son petit cahier, il a tout écrit.
Il m'a sagement questionné.
Puis il m'a regardé dans les yeux avec
une immense gentillesse.
Une que je ne connais pas.
Aujourd'hui je suis heureuse Aujourd'hui
j'ai rencontré un être humain.
Et pour la première fois depuis les
flammes,
J’ai entendu ces mots, délicatement
soufflés
Dans un timide sourire avec un geste
apaisant :
"Je n'aime pas voir le malheur des
autres"...
"Je vois ça on en reparle très
bientôt."
Aujourd'hui je suis heureuse Aujourd'hui
j'ai rencontré un être humain.
Rien n'est plus apaisant que ces mots
simples venus naturellement face à la tempête que nous traversons.
Aujourd'hui je suis heureuse
Aujourd'hui j'ai rencontré un être
humain.
Si vous saviez combien de redevenir
humain dans les yeux de l'autre
Ça fait du bien...
Et peut-être qu'un matin il m'écrira
:"viens!"
C.A 19/07/23
Les fleurs de Krysald
"Tenez bon âmes artistes
Tenez bon
Tout ceci n'est
Que de la lumière à venir
Qui éclaire nos pas
Tout ceci n'est
Qu’un avenir de lumières
Qui dévoilent les ombrageux
Tenez bon
Mes faiseurs de ciels
Mes dévoileurs d’âmes
Mes souffleurs de vagues
Mes ailes déchirées
Mes horizons calmes
Mes brûmes montagneuses
Mes tourbillons de feu
Mes orages majestueux
Mes nymphes en apnée
Mes jongleuses nanas
Mes élégants samouraïs
Mes onnas bugeishas
Mes dompteurs de Panda
Tenez bon
Nous avons près de nous
De belles âmes colorées
Des cœurs du sensible
Des façonneurs du simple
Des soleils enracinés
Nous avons au-delà
Une armée de lumières
Des veilleurs qui nous aiment
Des gardiens qui nous guident
Tenez bon mes amis
Tenez bon
Notre douleur commune
Va bientôt se poser
Sous un toit, sur les toiles
Enveloppée de lumière,
Imprégnée de couleurs
Panser nos déchirures
Mettant fin à l'errance et ensemble
Soigner nos blessures.
Tenez Bon mes amis
Tenez bon"
C.A
23/07/23