La
connaissance limitée que nous avons de la mécanique physicochimique
du système nerveux et notamment du processus de la pensée rendent
difficile une définition de l'intellect qui soit pleinement
satisfaisante et dégagée de tout spiritualisme. Pour nous exprimer
strictement en matérialiste, nous nous bornerons à dire
qu'intellect est le mot qui désigne la faculté du système nerveux
d'examiner et d'associer les données fournies par les sens et d'en
tirer les déductions que sa raison indique à l'être pensant, la
fonction étant l'intellection et la qualité du produit
l'intellectualité. Sans ces opérations intellectuelles, les données
des sens ne seraient que momentanées ; elles n'auraient que la durée
de la sensation. Connaître, dans le sens de concevoir et comme
différencié - pour les besoins de l'analyse - de percevoir est donc
le fait de l’intellect, source de la compréhension et du savoir
durable, principe même de la pensée sous ses divers aspects.
Certains psychologistes font une distinction entre, d'une part,
intelligence, qui désignerait plutôt la capacité ou faculté de se
rendre compte, dans le domaine pratique, de ce qu'il y a à faire
dans une situation donnée, et, d'autre part, intellect, qui
concernerait plutôt la théorie et les principes, surtout dans le
domaine des choses abstraites. Mais cette distinction n'a rien
d'absolu. Le fait est qu' « intelligence » est un terme d'usage
général, tandis qu' « intellect » est d'un emploi plus restreint.
La scolastique appelait intellect-agent, la « faculté
intellectuelle qui s'approprie activement les espèces », et
intellect-patient, celle « qui reçoit passivement les espèces que
lui envoient les objets extérieurs. Dans sa Théorie des intellects
ou concepts, Abailard désigne ainsi les universaux (idées
générales) pris et envisagés dans notre entendement. On désigne
sous le nom d'intellectualisme le système ou la tendance qui met en
relief l'importance de la fonction de connaître ou la place
au-dessus de toute autre. D'où le substantif, issu de l'adjectif,
intellectuel pour désigner un homme qui limite plus ou moins son
activité cérébrale au monde des idées pures et préfère
l'activité de l'intellect à n'importe quelle autre.
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M. D.
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