Le
militarisme est le système de la violence étatiste monopolisée
pour la défense et l’élargissement du domaine d’exploitation
nationale (guerre de défense ou d’agression), pour la soumission
de nouveaux domaines d’exploitation (guerre coloniale) et pour la
répression des masses populaires révoltées (grèves, agitation,
émeutes).
Dans tous
les cas, il s’agit de la protection et de l’augmentation des
profits des classes dominantes, c’est-à-dire de la classe ennemie
du prolétariat
Le
militarisme est le dernier et le plus puissant moyen de la
bourgeoisie pour tenir la classe ouvrière sous sa dépendance et
réprimer ses luttes pour la liberté.
Partout où,
dans des luttes nationales ou de libération, un nouveau militarisme
se forme (Russie, Chine), celui-ci se tourne toujours de nouveau
contre les travailleurs eux-mêmes, parce que, d’après sa nature
même, il n’est qu’un instrument de répression des masses dans
l’intérêt d’une classe de privilégiés et doit être l’ennemi
de toute liberté.
C’est donc
la tâche primordiale de la classe ouvrière de combattre non
seulement le militarisme capitaliste actuel, mais de supprimer le
militarisme comme tel. Les meilleurs moyens de combattre le
militarisme seront ceux qui sont le plus conformes à l’esprit
antimilitariste.
Il s’agit
tout d’abord de désagréger l’esprit du militarisme, de la
discipline et de la soumission, par une propagande active, d’éduquer
les soldats et de saper les bases des armées afin qu’elles perdent
leur efficacité contre les travailleurs. Les armées de volontaires,
les armées blanches, les armées fascistes, etc., doivent être
boycottées déjà en temps de paix.
Les
militaires se composant en majorité d’ouvriers, et, dans l’état
actuel de la technique moderne de guerre, les armées étant
absolument dépendantes de l’industrie de guerre, il est au pouvoir
des travailleurs de paralyser toute action militariste par le refus
de servir, grèves, sabotage et boycott, même si ces actions
militaires sont entreprises par des troupes blanches.
La meilleure
préparation d’une telle action de masses consiste déjà
actuellement dans le refus individuel de servir et dans le refus du
prolétariat organisé de fabriquer des armements.
Il s’agit
avant tout d’empêcher l’éclatement d’une nouvelle guerre et,
pour cela, de supprimer les principales causes de la guerre et du
militarisme par une transformation économique de notre ordre social
actuel (révolution sociale).
Le Congrès
appelle donc toutes les organisations adhérentes de l’A.I.T.
1) A
propager le refus de fabriquer des matériaux de guerre d’une façon
pratique, et ce dès maintenant ;
2) A
convaincre les ouvriers des usines de guerre et d’entreprises
pouvant être transformées en telles, qu’il est du devoir de la
classe ouvrière de déclarer la grève à une menace de guerre, de
s’emparer du matériel de guerre et de toutes les matières pouvant
servir à en fabriquer ; de mettre les usines hors d’état de
servir au capitalisme.
3) Les
organisations adhérentes devront former, partout où cela sera
possible, des Comités de grève générale qui auront pour tâche
d’étudier les moyens de s’emparer des usines de les défendre et
de les détruire au cas où elles seraient susceptibles de retomber
aux mains du capitalisme. Ils devront également étudier les moyens
de s’emparer des points vitaux de l’organisation nationale :
nœuds et voies de chemins de fer, mines, centrales électriques,
postes et télégraphes, points de distribution d’eau, corps de
santé et produits pharmaceutiques ; ils devront s’emparer d’otages
pris dans le monde de la bourgeoisie, de la politique, du clergé et
de la banque.
En un mot,
ils devront tout mettre en œuvre pour transformer la grève générale
insurrectionnelle en révolution triomphante.
Création
d’un fonds international de solidarité
La
solidarité est, nationalement aussi bien qu’internationalement, un
des moyens les plus efficaces et les plus reconnus par le prolétariat
révolutionnaire. Dans tous les pays règne aujourd’hui une
pression matérielle et économique terrible sur les grandes masses
de travailleurs, pression qui devient plus féroce encore sur la vie
politique également dans les pays de dictature. Si le prolétariat
international veut traverser sans trop de pertes la crise qui sévit
actuellement et qui empêche le renforcement du mouvement progressif
; s’il veut garder intacte, tout au moins dans leurs formes lès
plus primitives, ses organisations de combat, il est indispensable
que le lien qui unit le prolétariat de tous les pays soit
internationalement noué et que l’appui mutuel soit largement
réalisé.
.........................................................
La nécessité
d’un tel lien international est d’autant plus frappante qu’il
existe, dans la plupart des pays, des fonds de secours ou des
organisations de solidarité ou d’entraide et que, de tous côtés,
le désir est exprimé de voir toutes ces organisations unis
internationalement.
.....................................................................
L’idée
d’une Union Internationale de Solidarité doit servir à vivifier
et à renforcer la solidarité internationale. L’initiative
solidaire sur les lieux sera renforcée par le lien international.
Aucune atteinte à l’indépendance totale ne doit être tentée ;
la collaboration internationale donnera, au contraire, la possibilité
d’une activité plus énergique dans tous les pays, de façon à
pouvoir, dans les cas d’extrême urgence, apporter l’aide
immédiate à ceux qui ont en besoin.
Règlement
de l’Union Internationale de Solidarité
1) Le IIIe
Congrès de l’A. I. T. considère désirable et nécessaire la
collaboration, au sein de l’A. I. T. des fonds de solidarité déjà
existants, ainsi que des Comités ou organisations similaires
d’entraide révolutionnaire. Dans les pays où il n’existe pas
encore de Comités d’entraide ou de secours aux emprisonnés au
sein du prolétariat révolutionnaire organisé, il est du devoir de
la Centrale syndicale révolutionnaire d’en créer une. A cet
effet, le Congrès propose le mode suivant :
2) Partout
où il n’existe pas encore de tel organisme, mais où existent des
possibilités dans cette direction, des Comités ou Groupes se créent
avec le but d’aidée matériellement et moralement les victimes de
la lutte de classes. Cette aide peut, suivant les cas, prendre la
forme d’aide juridique, pécuniaire autre que la situation peut
exiger ;
- Les groupes ainsi formés ou déjà existants seront complètement autonomes, c’est-à-dire qu’ils auront le droit de s’administrer eux-mêmes et de déterminer de quelle façon ils doivent recueillir les sommes destinées à la solidarité. IIs s’engagent seulement à verser une cotisation régulière à l’Union Internationale de Solidarité ;
- 4) Cette cotisation sera fixée au prorata des membres et après entente entre le Bureau de l’Union Internationale de Solidarité et l’organisation intéressée ;
5) Dans des
cas spéciaux les Unions nationales, aussi bien que l’Union
Internationale, peuvent lancer des appels pour des- fonds
spécifiques. Les secours seront répartis par le Bureau de l’U.I.S.
qui rendra compte de son activité aux Unions nationales de
solidarité. Ces Unions deviennent par le fait même, section de
l’A.I.T. ;
6) L’Union
Internationale de Solidarité doit immédiatement transmettre les
sommes reçues par elle à titre de solidarité internationale
7) Les
Unions présentent leur rapport trimestriel à l’A. I. T. Ces
rapports sont publiés par les soins de cette dernière ;
8) Des
rapports immédiats doivent être présentés quand il s’agit
d’événements de grande importance, de procès et tentatives
réactionnaires. Des rapports fréquents doivent être envoyés dans
les cas où les événements sont de longue haleine ;
9) La
solidarité internationale est effectuée : a) Dans tous les cas où
cette solidarité n’est pas effectuée par l’organisation du pays
; b) Dans les cas d’arrestations et de persécutions en masse ; c)
Aux emprisonnés déportés, et à leurs familles, dans les pays où
règne la dictature (Italie, Russie, Chili, Cuba, etc.) ; d) Aux
émigrés politiques à l’étranger e) Aux familles et enfants de
ceux qui sont devenus les victimes de la lutte de classes ;
10) L’Union
Internationale de Solidarité publie tous les six mois- un rapport
sur son activité.
Résolution
sur l’attitude de l’A. I. T. dans les luttes syndicales actuelles
Considérant
que les puissances dominantes et le capitalisme accaparent toutes les
conquêtes faites dans le domaine économique, technique et
scientifique pour asseoir et développer plus fortement leur
domination sur la classe opprimée ;
Que le
capitalisme, par sa facilité d’adaptation, a réussi à travers
les grands troubles politiques qui suivirent la guerre mondiale ou
les crises économiques qui furent les suites de l’inflation dans
beaucoup de pays, ou encore par la rationalisation dans presque tous
les pays, non seulement à s’affirmer, mais aussi à se consolider
;
Que le
patronat défend ses positions, non seulement dans les limites de
soi-disant patries, mais tente aussi par des trusts et cartels
internationaux, d’instituer l’exploitation du prolétariat et de
lui donner un caractère fort et permanent ;
Que, par
contre, le mouvement ouvrier, sous la conduite des partis politiques
et des organisations réformistes fidèles à l’État et pactisant
avec lui, n’a aucunement su utiliser la situation favorable qui
s’est offerte dans les différents pays durant ces dernières
années pour la conquête du pouvoir économique, ou même seulement
pour l’amélioration de la situation économique et politique de la
classe ouvrière ;
Le Congrès
tient pour absolument nécessaire que le mouvement ouvrier ne soit
pas non plus si dogmatique, mais s’avance parallèlement au
développement du progrès et mette ses méthodes de lutte en accord
avec les exigences du moment, c’est-à-dire qu’il doit être
souple et avoir des facultés, des capacités de transformation et
d’adaptation où il ne faut pas oublier les aspirations de liberté
et de dignité humaines pour le prolétariat, ni de prendre égard au
fédéralisme et à l’autonomie de ses organisations, contribuant à
la réaliser.
Le Congrès
attire l’attention de tous les pays sur la poIitique des
réformistes et de l’aile étatiste du mouvement ouvrier, par
lesquelles le prolétariat est détourné vers la soi-disant État
socialiste par la voie des lois sociales, politique aboutissant à
cacher complètement les buts de l’émancipation totale de la
classe ouvrière, à enchaîner d’une façon durable le prolétariat
aux formes d’économie de profits de l’État capitaliste et les
éloignant de plus en plus de la révolution sociale.
Cette
législation de lois sociales ne se borne pas à un pays, mais
s’étend de plus en plus à tous les pays et trouve sa confirmation
et son renforcement dans l’activité du Bureau International du
Travail de Genève. Les quelques améliorations préconisées par les
décisions du B.I.T. et leur confirmation par des mesures
gouvernementales pour certaines catégories d’ouvriers ne sont pas
comparables aux dommages à réparer qui furent causés moralement au
sein du prolétariat et l’étouffement de l’esprit
révolutionnaire, qui était l’héritage le plus précieux des
révolutions passées et appartient aux richesses les plus sacrées
de la classe opprimée. Si louables que soient les aspirations
d’obtenir un relèvement égal de la situation de la classe
ouvrière dans tous les pays, comme par exemple l’instauration de
l’unification de la durée de la journée de travail ou
l’unification des salaires pour le prolétariat mondial,
aspirations approuvées et soutenues par l’A.I.T., on ne doit pas,
d’autre part, manquer de faire remarquer que l’atteinte de ces
buts par la voie de lois sociales nationales et internationales est
la dernière à employer pour y parvenir, car cette législation ne
peut être que le refuge d’un mouvement ouvrier affaibli ou
spirituellement dévoyé, les puissances dominantes ne se soumettant
qu’à l’expression de puissance obtenue par les actions de la
classe ouvrière elle-même et non par des pétitions de chefs, comme
cela fut clairement démontré par l’attitude du gouvernement
anglais contre la ratification du traité de Washington sur la
journée de huit heures au B.I.T. C’est pourquoi on doit appuyer
sur le fait que les plus petites améliorations sanctionnées par le
traité de Washington ou la formation du B.I.T., ne sont dues qu’à
une époque révolutionnaire, au cours de laquelle les puissances
dominantes, par crainte d’actions révolutionnaires, accordèrent
aux masses quelques concessions insignifiantes afin de les calmer et
de diminuer leur force d’attaque. - Le troisième Congrès de l’A.
I. T. recommande donc à la classe ouvrière de se détourner de la
voie d’entente avec les puissances capitalistes et étatistes, et,
en accord :avec cette méthode, d’œuvrer au rappel de leurs
représentants de toutes les institutions étatistes ou législatives,
comme les Comités de fixation des tarifs, les Commissions étatistes
d’arbitrage, les Bureaux nationaux et internationaux du Travail.
Dans sa
condamnation de la collaboration du mouvement ouvrier avec les
classes dominantes, le Congrès ne veut pas manquer d’attirer
l’attention sur les aspirations du mouvement syndical réformiste
aboutissant à pénétrer aussi dans les trusts et cartels
internationaux créés ces derniers temps par l’envoi de délégués.
En dehors de ce que le capitalisme international rejette à l’heure
actuelle une telle prétention, celle-ci est à rejeter en tout cas
du point de vue du mouvement ouvrier révolutionnaire, car elle il
n’est propre qu’à activer le fusionnement du mouvement ouvrier
avec le capitalisme. Loin d’exercer de cette façon un contrôle
efficace sur le fonctionnement de l’économie capitaliste, comme on
l’a pu constater avec les Conseils d’usines, une telle
représentation serait le dernier coup pour l’idéal du mouvement
ouvrier socialiste libertaire, en ce que cela lui enlèverait tous
ses propres buts. La lutte contre les trusts et cartels
internationaux ne peut être menée que par des voies
révolutionnaires, par exemple des grèves et boycotts internationaux
sur la plus grande échelle possible, des actions qui, comme le
prouve par exemple la défaite des mineurs anglais, doivent être à
l’avenir internationales, que ce soit par des déclarations de
grèves internationales d’une industrie par tous les travailleurs
de cette industrie dans tous les pays ou par des actions de boycotts
internationaux
Le mouvement
ouvrier révolutionnaire ne doit en aucun cas manquer, dans le
domaine d’organisation, en rassemblant des chiffres et des dates
s’étendant sur tous les domaines de la vie économique et la
situation des travailleurs dans le processus de la production et de
la consommation - tâche qui devrait être organisée dans chaque
industrie par les Fédérations respectives d’industries - de se
préparer pour sa grande œuvre : la prise en mains de la production
et de la consommation qui, après la prise de la terre et des
fabriques et moyens de production, doivent être réalisés
effectivement et considérés comme les buts du mouvement ouvrier
révolutionnaire.
Résolution
de clôture
Ayant
terminé ses travaux, le troisième Congrès de l’Association
Internationale des Travailleurs adresse son salut aux Travailleurs du
Monde.
Malgré les
difficultés rencontrées, l’A.I.T. a maintenu haut et ferme le
drapeau du syndicalisme révolutionnaire. Au cours des débats, le
Congrès a pu constater que la répression frappait de plus en plus
les militants des organisations de l’A.I.T. Il adresse son salut
fraternel à toutes les victimes et déclare que, si cette répression
l’émeut à la pensée de ceux qui tombent dans la lutte, elle le
remplit cependant de fierté, car elle prouve que nous sommes restés
dans la voie révolutionnaire.
Avec le
souci constant d’apporter toujours plus de bien-être et de liberté
aux travailleurs, le Congrès a examiné les grands problèmes
économiques et sociaux et s’est efforcé de trouver une solution
favorable au prolétariat.
Le Congrès
attire, à nouveau et avec force l’attention des travailleurs sur
la revendication de la journée de six heures, seul remède au
chômage mondial et moyen de défense contre la rationalisation
capitaliste.
Préoccupé
avant tout de donner une impulsion et un but révolutionnaire au
mouvement des masses exploitées, le Congrès a examiné largement la
question antimilitariste et l’a placée sur un terrain concret et
pratique.
Désireux
que toutes les victimes du fascisme blanc ou rouge et de la réaction
soient secourues, rapidement, le Congrès a créé l’organisme
international de Solidarité, qui assurera une aide sérieuse aux
camarades frappés dans l’action.
Il
appartient donc maintenant aux travailleurs d’entrer résolument
dans le chemin tracé par le Congrès et de mettre tout en œuvre
pour que les résolutions prises entrent dans le domaine des faits.
Mais le
Congrès tient à rappeler aux travailleurs que ces tâches, dont
l’accomplissement est nécessaire, ne sont qu’une faible partie
de celles que le prolétariat doit mener à bien.
Le
prolétariat doit, en effet, se souvenir constamment que sa
libération ne sera possible qu’avec la disparition de l’ordre
social existant et que lorsqu’il aura conquis les moyens de
production, de répartition et d’échange, il pourra alors
instaurer le véritable socialisme, permettant à I’individu de
s’épanouir librement.
Inspiré par
les principes fondamentaux de l’A.I.T. et instruit par les
événements sociaux de ces dernières années, le Congrès déclare
que ce stade de liberté ne pourra être atteint que si les
travailleurs poursuivent librement leur action, s’ils rejettent
toute tutelle politique et repoussent la collaboration des classes,
chère aux réformistes ; il leur faudra, en outre, entrer de plus en
plus dans les voies pratiques tracées par l’A.I.T.
Leur action
sera d’autant plus puissante qu’ils seront unis idéalement et
effectivement sur la base des principes ci-dessus, c’est-à-dire
dans l’Association Internationale des Travailleurs.
Le Congrès
lance donc un appel vibrant aux exploités du monde et leur demande
de venir se grouper dans le sein de l’’A.I.T., afin de hâter
l’heure des réalisations pratiques et d’achever l’œuvre
révolutionnaire libératrice.
Certain que
cet appel sera entendu et que les Centrales adhérentes mettront tout
en œuvre pour réaliser le programme établi, le Congrès se sépare
aux cris de :
"Vive
l’Association Internationale des Travailleurs ! Vive la Révolution
mondiale !
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