samedi 30 décembre 2017

Edito A Contre-Courant Novembre 2003

Un autre socialisme est possible: Schroder

Depuis sa déroute du 21 avril, la sociale-démocratie française s’échine à reconstruire, sur les ruines de ses défaites électorales, un programme qui lui permettrait de retrouver les places institutionnelles (gouvernementales, parlementaires, municipales…) qu’elle vient de se faire prendre par la droite. Dans cet effort - plus ridicule que dérisoire - on peut l’observer, gesticuler, courir à hue et à dia à la recherches d’alliances, d’expériences et de personnalités sensés camoufler sa vacuité et donner un semblant de reflet rose à ses Hollande, Strauss-Kahn et Fabius! Croit-elle vraiment faire oublier les ravages de sa politique anti-sociale en allant mendier tantôt une caution sociale auprès de Lula, tantôt une caution syndicale en invitant Thiblault-le-fossoyeur à ses Congrès, tantôt une caution internationaliste en essayant de s’incruster dans les rassemblements anti-mondialisation. Cet effort n’est pas propre aux seuls socialistes français, il concerne l’ensemble de la sociale démocratie
occidentale prise en étau entre l’accentuation présente de la domination du capital et, en retour, la radicalisation de sa contestation.
L’exacerbation des contradictions (sociales, politiques, idéologiques, écologiques…) dans la phase présente du capitalisme ruine les bases et le sens même d’une position réformiste. Car aussi longtemps que ne s’organisera pas et ne s’affirmera pas un rapport de forces clairement inscrit dans un horizon de rupture avec le capitalisme, le “réformisme de gauche” ne peut qu’être une politique au service du Capital et du renforcement de sa domination.
Il n’est qu’à regarder outre-Rhin. Quand, par le miracle d’une catastrophe naturelle, l’abyssale grossièreté de son opposition, et le renfort du Grand Timonier de l’opportunisme écologiste européen (Joschka Fischer), la sociale-démocratie se maintient au gouvernement, c’est sous les traits d’un Schröder. Elle contribue ainsi à créer des conditions politiques, non pas de “moindre mal” - comme on qualifié parfois le PS en France -, mais pires encore que celles d’une opposition à un gouvernement ouvertement libéral. En effet, la politique du socialiste Schröder n’est pas seulement aussi anti-sociale que celle du libéral Raffarin (certaines des dispositions de l’Agenda 2010, ce plan septennal de démolition de la sécurité sociale
allemande sont plus néfastes encore que celles des réformes Raffarin), mais en outre elle paralyse la contestation et conduit à retarder et minorer l’émergence d’un mouvement social en Allemagne.

Ce n’est donc pas une politique à la Blair qui sommeille dans les cartons de l’ex-gauche plurielle, mais plutôt un “schröderisme” à la française. Or, face à la droite de combat, seule une gauche de combat, animée d’un esprit et d’une culture de rupture avec le capitalisme, peut défendre les intérêts du monde du travail - toute autre posture la condamnant aux compromissions, démissions et capitulation.

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