Il
semble qu'on devrait entendre sous cette dénomination, tous les arts
qui s'inspirent de préoccupations esthétiques et ont pour but la
manifestation du beau. Mais ce serait trop simple dans un monde basé
sur des complications hiérarchiques, et qui a créé les
classifications les plus imprévues pour les choses comme pour les
personnes. De même que les hommes se divisaient en « gentilshommes
» et en « vilains », il leur fallait l'art « noble » et l'art «
roturier », celui des « honnêtes gens » et celui de la «
canaille ». Or, comme ces divisions n'ont d'autre base qu'une
fantaisie arbitraire, elles sont pleines de contradictions ainsi que
nous l'avons constaté pour l'art, et que nous allons le voir à
propos des beaux-arts.
On
classe sous ce titre, d'une façon générale : l'architecture, la
sculpture, la peinture, la poésie, l'éloquence, la musique et la
danse ; elles sont, paraît-il, parmi les arts, les plus nobles et
les plus dignes de la véritable beauté. Mais on fait une première
distinction en appelant plus particulièrement beaux-arts,
ceux qui ont à leur base le dessin et sont dits : arts
plastiques, à savoir l'architecture, la sculpture et la
peinture. Les arts plastiques sont-ils des beaux-arts dans toutes
leurs manifestations ? Non. Là encore on fait une distinction
lorsqu'il s'agit de leurs dérivés, les arts décoratifs,
dont nous parlerons plus loin. Les beaux-arts proprement dits étant
limités à l'architecture, la sculpture et la peinture, on donne à
la poésie et à l'éloquence, le titre de belles lettres.
Sous cette rubrique, elles se rencontrent avec la grammaire, la
rhétorique, la philosophie et toutes les formes de la littérature
qui ne sont pas des beaux-arts et sont seulement des arts
libéraux.
Mais
elles deviennent beaux-arts en devenant belles-lettres ; Pour la
musique et la danse, elles sont dans les beaux la danse, ne va guère
sans son aînée la musique ; elle en est tributaire,
particulièrement au théâtre.
Le
théâtre, avec la
multiplicité de ses spectacles, soit en plein air, soit dans des
salles fermées, appartient lui aussi aux beaux-arts sans leur
appartenir. N'a-t-il pas eu toujours la plus détestable réputation
auprès des gens « bien pensants » qui jugent de ce qui est «
noble » et « honnête » ? Mais
comme
il réunit ensemble tous les beaux-arts, il est bien difficile qu'il
n'en soit pas. C'est lui qui les groupe pour des manifestations
collectives et leur permet de se réaliser le plus totalement en
donnant l'idée complète de leurs rapports entre eux. À la
construction du monument appelé théâtre,
participent, ou doivent participer, dans un harmonieux ensemble, non
seulement l'architecture, la sculpture et la peinture, mais encore
tous leurs dérivés ornementaux qui sont des arts décoratifs. Pour
les spectacles qui sont donnés dans le théâtre, il est non moins
besoin d'une collaboration harmonieuse de la poésie, l'éloquence,
la musique, la danse et des effets combinés dans la mise en scène
des décors, accessoires, machinerie, jeux de lumière, costumes,
etc... qui sont une autre catégorie des arts décoratifs. De même
que les arts plastiques, la poésie, l'éloquence, la musique et la
danse ont des dérivés qui ne prennent toute leur signification que
dans des manifestations collectives et particulièrement au théâtre.
La poésie et l'éloquence y forment la littérature
dramatique qui
a plusieurs genres de la plus grande variété. La musique prend des
formes non moins variées suivant qu'elle est d'église, de concert
ou de théâtre. Enfin, la danse présente tous les aspects de la
chorégraphie.
Les
divers avatars par lesquels sont passées l'organisation de
l'Académie des Beaux-Arts actuelle
et sa représentation dans l'Institut qui
est la réunion des cinq Académies, montrent bien ce qu'il y a
d'artificiel dans la distinction entre les beaux-arts.
L'Académie
des Beaux-Arts fut fondée en 1795, en même
temps que l'Institut,
pour remplacer l'Académie royale de peinture
et de sculpture et l'Académie
royale d'architecture. Elle ne fut d'abord
représentée à l'Institut,
que par les sections de la peinture, la sculpture, la musique et la
déclamation. Puis la déclamation fut remplacée par la gravure.
Aujourd'hui, et jusqu'à nouvel ordre, la peinture, la sculpture,
l'architecture, la gravure et la musique sont les beaux-arts reconnus
par l'Académie qui compte 14 peintres, 8 sculpteurs, 8 architectes,
4 graveurs, 6 compositeurs de musique. Mais si l'académisme réduit
ainsi le nombre des beaux singulièrement en étendant les tentacules
de son administration sur tous les autres. L'État se donne ainsi des
airs de libéralisme en face de l'Académie ; nous verrons qu'ils
sont aussi malfaisants l'un que l'autre. (Voir Administration
des Beaux-Arts.)
Nous
dirons, pour préciser autant que possible ce qu'on entend par les
beaux-arts
:
ils sont limités à l'architecture, la sculpture, la peinture,
lorsqu'on les considère séparément ; ils comprennent en outre,
lorsqu'ils participent à des manifestations collectives, la poésie,
l'éloquence, la musique, la danse et tous les dérivés des deux
groupes : arts décoratifs, littérature dramatique, musique
d'église, de concert ou de théâtre, chorégraphie. Nous nous en
tiendrons ici aux beaux proprement dits : architecture, sculpture,
peinture, dans leurs rapports avec les arts décoratifs. Tout
d'abord, que sont les arts
décoratifs que
l'académisme prétendait repousser et traiter en parents pauvres,
mais qu'il est de plus en plus obligé d'adopter ? Ce sont ceux de
l'ornementation dans les constructions de l'architecture, dans la
fabrication des objets mobiliers, des vêtements, des parures et,
généralement, toutes les applications artistiques de l'industrie.
Ils sont les animateurs de l'architecture qui est, sans eux, une
chose morte chaque fois qu'elle ne s'intègre pas à la vie du milieu
où elle est placée. Ils créent l'atmosphère dans la maison en y
apportant leur rayonnement, c'est-à-dire la lumière, la grâce,
l'harmonie des couleurs et des lignes. Ils excitent les sentiments
des foules réunies pour des manifestations collectives, les invitant
au recueillement ou à la joie. La distinction tendant arbitrairement
à les exclure des beaux-arts, s'appuie sur ce qu'ils sont,
pratiquement, des arts
mécaniques ou
industriels.
Mais, dans leur utilisation, les beaux-arts proprement dits, ne
sont-ils pas pareillement industrialisés, lorsqu'on reproduit, ―
et
parfois avec quelle absence de scrupules ! ―
un
monument, une statue, un tableau, un poème, une partition ?
Qu'est-ce
qui n'est pas industrialisé aujourd'hui, même parmi les choses qui
paraissent les plus vénérables et qui sont les plus respectées ?
Toutes les formes de la vie et de la mort trouvent leurs mercantis.
Aucun art n'échappe à ce sort. La plupart des artistes sont devenus
des boutiquiers et, suivant un mot ministériel, on trouve « étrange
» l'obstination que mettent à ne pas faire parler d'eux, ceux qui
font leur oeuvre dans la retraite et le silence. Pour un peu, on
verrait une tare dans cette obstination et on traiterait de
malfaiteurs ceux qui s'y renferment. L'art véritable, le seul qui
devrait compter aux yeux de ses puristes, est uniquement dans Ia
création de celui qui le produit. Or, en quoi la création de
l'artisan : peintre-décorateur, ébéniste, céramiste, graveur,
ciseleur, verrier, émailleur, tapissier, relieur, etc... est-elle
moins de l'art et moins belle que celle de l'architecte, du
sculpteur, du peintre ? Phidias, sculptant les frises du Parthénon
fut-il moins artiste que lorsqu'il exécuta la statue de Minerve ? Le
Michel-Ange qui décora de ses fresques la Chapelle Sixtine, fut-il
inférieur à celui qui sculpta la Pietà ? Et l'art d'un
Benvenuto Cellini, d'un Bernard Palissy, d'un Boulle, ne serait pas
du bel art, alors que l'architecture du Trocadéro, les hideux
monuments aux morts qui souillent leur souvenir, les kilomètres de
toiles barbouillées qui vont s'échouer chez les Dufayel de la
peinture, en seraient!... On dit : « Il n'y a pas d'art, ou il n'y a
qu'un art très inférieur dans les reproductions indéfinies des
arts industriels » ; y en a-t-il davantage dans celles non moins
indéfinies des beaux-arts ? La salière d'or, de Benvenuto
Cellini, qui est une des merveilles du musée de Vienne, ne serait
pas du bel art parce que ses reproductions pourraient être sur
toutes les tables, et l'Angelus, de Millet, en serait malgré
ses reproductions à des milliers d'exemplaires en d'affreux chromos,
sur des tapis de table et jusque sur des descentes de lit, ce qui
permettrait à des pieds sales, de marcher sur « l'art » ! Ce seul
exemple suffit à démontrer la stupidité de la distinction faite
entre les beaux-arts et les arts industriels, basée sur leur
utilisation. Le sculpteur Rodin disait du travail de
I'artisan-artiste qu'il était : « Le sourire de l'âme humaine sur
la maison et sur le mobilier ». Or, il n'y a rien de plus beau, dans
tout le domaine de la beauté, que le sourire de l'âme humaine.
Pendant
longtemps il n'y avait pas eu de distinction entre les beaux-arts et
les arts décoratifs. Confondus ensemble, ils avaient eu une histoire
commune. On les aurait séparés d'autant plus difficilement qu'Ils
étaient plus mêlés à là vie et avaient tous cette destination
pratique qui est précisément celle des arts décoratifs : montrer
la beauté de la vie. La distinction devint plus facile, quand on
sépara l'art de la vie, pour en faire une sorte de royaume spirituel
réservé à des élus, et elle trouva ses prétextes dans le
développement de l'industrie, réduisant de plus en plus la valeur
esthétique des arts soumis à son exploitation. L'antiquité ne
connut pas cette exploitation dans les objets fabriqués en série
par le moyen des machines. L'objet était produit par l'artisan, et
il pouvait toujours en varier la forme ou la couleur, au gré de sa
fantaisie. La grande époque des arts décoratifs fut alors celle de
l'Égypte. Elle brilla surtout par la polychromie. Tous les jours,
dans les monuments enfouis, et qui sont, hélas ! Si stupidement
saccagés, on découvre des aspects nouveaux de cette décoration
extrêmement variée, et qui s'appliquait à la perfection tant sur
les objets les plus simples et des usages les plus intimes, que dans
les monuments les plus grands. Chez les Grecs, l'oeuvre décorative
fut admirable surtout par l'ornementation sculpturale des monuments,
leurs statues et figures de marbre ou de bronze. Chez les Romains, la
décoration fut de caractère grec. On l'a retrouvée intacte dans
Pompei. Byzance surpassa de beaucoup Rome, par sa magnificence dans
la décoration de ses monuments, par ses richesses dans le mobilier
et par ses chefs-d'oeuvre de mosaïque et d'orfèvrerie, ses
miniatures et ses émaux. L'art arabe brilla d'autant plus dans
l'ornementation, que la religion de Mahomet interdit les
reproductions de la figure humaine. Aucun autre ne l'a dépassé dans
les dispositions et les couleurs de ses tapis, ses tissus, ses
ouvrages en cuir, ses faïences en majolique, ses verreries qu'avec
une longue patience les artisans exécutaient sans autres indications
que les traditions orales transmises d'une génération à l'autre.
Une patience encore plus grande est à la base du travail des
artisans d'Extrême-Orient. Aussi, leurs laques, leurs émaux avec
incrustations de cuivre, leurs porcelaines, grès, aciers
damasquinés, bronzes fondus à cire perdue, broderies, etc...
présentent une perfection d'achèvement incomparable. Mais les arts
arabe et extrême-orientaux ne se sont pas renouvelés. Au Moyen-Âge,
le véritable art français naquit et se développa en puisant aux
sources populaires. Orfèvres, brodeurs, tapissiers, armuriers, gens
de métiers, étaient tous artistes pour l'embellissement des objets
nécessaires à la vie ; ils formèrent ces traditions de l'art
véritable que l'on recherche aujourd'hui. La Renaissance, surtout en
Italie, donna un éclat sans pareil aux travaux de l'artisan, en
appliquant l'art à toutes les formes de la vie. La distinction entre
les arts est née avec la situation privilégiée des artistes,
lorsqu'ils furent soi-disant « élevés » au-dessus des artisans,
par les rois et les nobles riches qui les attachèrent à leurs
maisons, dans des emplois où ils se confondirent plus ou moins avec
la valetaille. Perdant peu à peu auprès de leurs maîtres, tout
contact vivifiant avec la nature et le peuple, ils enfermèrent l'art
dans des formes de plus en plus étroites et conventionnelles. Mais
il fallait maintenir leur prétendue supériorité artistique. On
fonda pour cela, les Académies et on y installa la cuistrerie
pontifiante qui
devait
se dresser contre la vraie beauté. Rome et Florence virent les
premières de ces Académies, à
la
fin de la Renaissance. En France, on fonda d'abord, en 1635,
l'Académie Française,
pour les gens
de
lettres, puis, en 1648, sur l'initiative de Lebrun, l'Académie
royale de Peinture et de Sculpture,
Colbert créa, en 1663, l'Académie
des Inscriptions et Belles-lettres,
et, en 1671, il installa l'Académie
royale d'Architecture.
Ces fondations placèrent les beaux-arts sous le patronage de l'État,
et inaugurèrent cet art officiel qui exerce toujours sa souveraine
malfaisance. Jusqu'à la Renaissance qui amena peu à peu cette
transformation, les artistes n'avaient été que des ouvriers habiles
qui apportaient dans l'exercice de leur métier, les formes nouvelles
de leurs créations personnelles. Le travail était commun ;
l'artiste produisait le modèle que l'ouvrier l'aidait à réaliser.
Au Moyen-Âge, les architectes s'appelaient simplement maçons
ou
maîtres
des oeuvres de maçonnerie,
les sculpteurs : imagiers
ou
tombiers,
les peintres : enlumineurs.
Tous se confondaient avec la foule qui travaillait du compas, de la
truelle, du ciseau, du, pinceau, et les cathédrales, tant dans leur
plan que dans leur construction et dans leur ornementation, ne
proposent à notre admiration, que le magnifique anonymat des
travailleurs, créateurs de génie ou simples manoeuvres, qui les
érigèrent. La vanité humaine qui, depuis, a voulu faire de
l'artiste un surhomme, n'a fait que déshonorer l'artiste en le
déchaînant contre l'art. Aujourd'hui, suivant le mode de
démocratisation à-rebours institué par les démagogues, tout le
monde a du génie et veut être artiste en quelque chose, depuis ces
ministres. interchangeables qui transfèrent d'un ministère
quelconque à celui des beaux-arts leur incompétence souriante,
jusqu'aux cordonniers qui se qualifient chausseurs
et
aux empailleurs d'oiseaux qui s'intitulent naturalistes.
Toutes les professions sont devenues des beaux-arts, et Thomas de
Quincey ne faisait qu'anticiper sur notre époque en y mettant
l'assassinat ; grâce à « l'art -de gouverner » et à « l'art de
la guerre », il se perfectionne tous les jours. La distinction entre
les artistes et les artisans amena la distinction entre les arts. En
France, les beaux-arts séparés des métiers, allèrent de plus en
plus vers des formes pompeuses mais dépourvues d'originalité
foncière. De même qu'on adaptait à la langue une antiquité qui la
défigurait en prétendant la rendre plus noble, on imitait l'antique
dans les arts, sans tenir compte qu'il ne répondait ni au caractère
du pays, ni à son climat, ni à l'époque, et qu'il faisait perdre à
l'art français, tout ce qui avait constitué sa nature propre. On
créait une langue et un art « nobles » à côté de la langue et
de l'art « roturiers » laissés au peuple de plus en plus méprisé.
L'art roturier, c'était l'art décoratif, qu'on séparait de l'art
proprement dit en le classant dans l'Industrie ; de même qu'on
séparait l'artiste de l'artisan. Mais les traditions du travail
d'art restaient chez ce dernier, et c'est chez lui que Lebrun
lui-même dut aller les chercher lorsque, ayant constaté la
lamentable déchéance des arts décoratifs, depuis le triomphe de
l'académisme, il voulut les faire revivre. Il provoqua ainsi
l'éclosion de l'art français le plus caractéristique et le plus
original, celui du XVIIIe siècle, qui réunit les traditions des
siècles passés dans la grâce, la légèreté, la coquetterie de
l'architecture, de la décoration et de l'ameublement. Après cette
époque unique dans l'art français et qui rayonna sur toute
l'Europe, on retourna à une antiquité aggravée d'académisme
napoléonien. Pendant tout le XIXe siècle, les arts décoratifs ne
trouvant plus aucune inspiration dans la vie populaire, végétèrent
misérablement. Ils allèrent de l'antique au Louis XV, et de la
Renaissance à l'Empire, cherchant à les combiner ensemble, mais ne
produisant que des monstres et aboutissant, finalement, à l'horreur
de ce qu'on a appelé le « style Fallières », qui caractérise la
fin du XIXe siècle et le commencement du XXe.
Des
efforts sont faits depuis quelque temps, pour relever les arts
décoratifs de la situation où ils sont tombés, et pour les
remettre à leur vraie place parmi les beaux-arts. Paris a vu, en
1925, une Exposition des Arts Décoratifs. Si elle a montré
certaines initiatives intéressantes dans les voies de ce qu'il y a à
réaliser, elle a surtout révélé le mal qui pèse sur les arts
décoratifs comme sur tous les arts en général : la bêtise
académique conjuguée avec la tyrannie capitaliste. Que pourront
faire les initiatives de quelques hommes dévoués à la beauté,
contre la double puissance des officiels empanachés et des mercantis
industriels, pour qui l'art n'est qu'un moyen d'exploiter les
travailleurs et d'amasser de l'argent ?
Sait-on
combien l'État, qui entretient somptueusement tant de majestueux
parasites, paie les artisans-artistes de sa manufacture de Beauvais ?
Voici leurs salaires : artistes tapissiers, chef, sous chefs, 5.800 à
14.000 fr. Élèves appointés, 5.000 à 5.800 francs. Élèves à
l'essai pendant deux ans, 1.500 fr. Dans quel ministère des chefs,
sous-chefs ou simples expéditionnaires se contenteraient de
pareils
salaires ? Pendant que l'Exposition des Arts
Décoratifs montrait par-dessus tout le
puffisme
capitaliste,
l'OEuvre de l'hospitalité de nuit, publiant sa dernière
statistique, faisait connaître que dans l'année écoulée, elle
avait abrité dans ses asiles, près de cinquante mille indigents et
que, sur 650 individus n'appartenant pas à des professions
ordinaires, il y avait eu 376 ouvriers
d'art ! L'oeuvre
de rénovation de l'art ne pourra aboutir que lorsqu'on ira chercher
dans les sources d'inspiration générale et populaire, une sève et
une vie nouvelles. Pour cela, il faut que l'art devienne
révolutionnaire. Quand les artistes et les artisans, se donnant la
main pour un effort commun comme celui des temps où ils se
confondaient, se lèveront pour abattre l'académisme qui étouffe
leur initiative et le capitalisme qui les exploite, les affame et les
tue, ils pourront alors réaliser l'oeuvre de renaissance de l'art,
et l'offrir aux hommes comme la parure de cette vie libre qui doit
être le bien de tous. ―
Edouard
ROTHEN.
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