A
la mémoire de Carlo GIULIANI
«
Carlo è vivo, e lotta con noi»
Un
manifestant est mort ! jeune italien de 23 ans abattu de 2 balles
dans la tête sur le corps duquel un véhicule de la police s'est
acharné à rouler à plusieurs reprises. Un manifestant est mort !
un homme tué par cette bestialité policière qui matraque, piétine,
écrase, tabasse et assassine celles et ceux qui ont l'audace de ne
pas se soumettre à l'ordre injuste de ce monde. Un manifestant est
mort !
Carlo
Giuliani a rejoint le long cortège des martyrs qui ont lutté à en
mourir pour la justice et la liberté, son nom est venu s'ajouter
à l'interminable liste de ceux qui, des 10 de Fourmies à Gilles
Tautin et Malik Oussekine, sont tombés dans la rue et ne se sont
jamais relevés.
La
violence déchaînée est inhérente à l'action de la police
lorsqu'elle devient chien de garde du pouvoir d'Etat. Toute
répression policière du mouvement social ne peut qu'être brutale
et démesurée. Elle doit l'être car seule la férocité de la
police lui permet de contenir momentanément une puissance qui lui
est infiniment supérieure : la force collective qu'engendre le
rassemblement social de volontés individuelles.
D'ailleurs,
après examen des circonstances, comment ne pas considérer comme
inévitable la mort d'un manifestant ?
Comment
ne pas considérer cela comme une forme d'assassinat, avec sa part de
préméditation,
quand on découvre que les autorités policières berlusconiennes
envoient au front, avec en main des armes à feu, des
adolescents inexpérimentés et paniques ? Et lorsque d'autres, plus
expérimentés et d'une froide brutalité, surgirent dans la nuit
pour parachever ces basses besognes, on cru revivre à Gênes les
heures sombres et terribles de Santiago du Chili.
Les
dirigeants du monde ont mobilisé 20.000 policiers sur-armés pour
endiguer la déferlante populaire qui, de contre-sommets en
contre-manifestations, résiste et défie le talon de fer du
capitalisme mondialisé. 20.000 policiers pour écarter les 300.000
manifestants des 8 chefs d'Etat : c'était dévoiler que leur pouvoir
ne s'enracine pas dans le peuple dont ils se prétendent les
représentants mais tient en grande partie à la matraque qui les
protège. 300.000 manifestants aux revendications desquels les 8
chefs d'Etat auront opposé une fin de non recevoir.
Georges
W. Bush est reparti comme il est venu, déclarant: " la
mondialisation est une bonne chose, elle apporte des avantages à
tous, il faut plus de mondialisation pour permettre plus de
démocratie" ; et son affidé romain, Augusto Berlusconi
de rajouter : "Ceux qui sont contre le G8 luttent contre le
monde occidental, la philosophie du monde libre, l'esprit
d'entreprise".
Des
institutions qui répondent par la violence à la contestation
populaire témoignent de leur fragilité et se condamnent à
intensifier la répression. Qu'on la désigne, comme c'est souvent le
cas aujourd'hui, par le terme de "mondialisation" ou
qu'elle se cache, comme c'est le cas depuis des décennies dans les
bidonvilles du Tiers-Monde, sous le vocable d' "ajustement
structurel", c'est toujours de la logique du Capital dont il
s'agit.
A
Gênes, derrière les carabiniers, elle fut contrainte une fois de
plus, de se révéler un instant telle qu'elle est, charriant des
violences de toutes sortes qui peuvent prendre à l'occasion la forme
de la matraque, du canon à eau, de la grenade lacrymogène, voire du
tir à balles réelles.
Carlo
est tombé, mais il n'est pas mort car il lutte avec nous
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