dimanche 3 décembre 2017

Léon Blum



L'Oeuvre

Sur la comparaison entre la courbe des salaires et des prix :

« Ce que je viens de dire est si vrai qu'en considérant les courbes des salaires et des prix sur une longue période de temps, par exemple pour les deux derniers tiers du XIX° siècles, on constate simultanément une hausse presque continue des salaires et une baisse presque continue des prix. Dans la formation des prix, les éléments progrès technique et développement de la production l'ont donc emporté presque constamment sur l’élément élévation des salaires. Ce résultat ne s'est pas produit automatiquement ; il suppose au contraire une pression de plus en plus énergique de la classe ouvrière organisée, et, à bien des égards ; une intervention de plus en plus active de la puissance publique ».

« La détention du pouvoir par le prolétariat organisé, même si elle était le résultat d'un coup de force victorieux, ne serait pas à nos yeux la révolution sociale qsi elle n'aboutissait pas à l'élimination du régime actuel de la propriété et de la production dit régime capitaliste et à l'instauration d'un régime, dit régime socialiste dont les caractères spécifiques sont l'appropriation et la gestion collective des moyens de production ».

« La conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière est un acte révolutionnaire en ce sens que nous la considérons comme la condition préalable et indispensable de la transformation révolutionnaire du règne social ».

« Il y a une différence capitale entre les révolutions politiques que notre pays a connues et les révolutions sociales que nous ne connaissons pas encore. Cette différence essentielle c'est que celle politique est achevée lorsque le pouvoir a changé de mains. Cette substitution d'une classe à une autre, d'un groupe à un autre, n'est pas seulement la condition préalable de la révolution, elle est la révolution elle-même ; elle en est le commencement et la fin sur le plan politique la révolution est accomplie quand à la place d'un régime est venu s'installer un autre régime tandis qu'en matière de révolution sociale, cette prise de pouvoir n'est que le commencement de la révolution ».

« Quand y-a-t-il révolution sociale ? Bien entendu lorsque le régime juridique de la propriété a été détruit et remplacé par un régime différent. C'est cela qui est la mutation révolutionnaire par excellence. Nous vivons dans le régime de la propriété capitaliste, il n'y aura révolution que quand ce régime aura été détruit ; mais je crois qu'il faut aller encore plus loin et qu'il faut dire que la transformation sociale ne suppose pas seulement la destruction du régime juridique de la propriété, mais qu'elle suppose la destruction de tous les rapports d'ordre social, moral, culturel et aussi de toutes les relations d'ordre international que le capitalisme avait créé ».

« Les nationalisations ce sont les actes très importants mais qui ne modifient pas le régime juridique de la propriété, en ce sens que l'état indemnise les entreprises privées qu'il transforme en service national et que surtout la substitution de l'état au patron ne modifie pas dans sa substance le rapport social exprimé par le salariat ».

« Nous disions : si nous arrivons au gouvernement, ce sera l'exercice du pouvoir ; mais les ouvriers seront-ils sensibles à cette distinction ? Du fait qu'ils verront des socialistes au gouvernement ne croiront-ils pas qu'ils sont en présence de la conquête révolutionnaire du pouvoir, et cette constatation , ne provoquera-t-elle pas de l'impertinence, des déceptions ? Ne créera-t-elle pas un malaise dans leur esprit ? Ne penseront-ils pas que notre parti devient un parti comme les autres ? Je me suis répété cela pendant douze ans et j'éprouve encore le même sentiment aujourd'hui. Je n'ai jamais considéré que pour le parti socialiste l’exercice du pouvoir ou la participation au pouvoir soit devenu une position nécessaire ou même une position normale.

Je considère que si elle est fréquemment imposée par les circonstances, elle n'en reste pas moins quelque chose exceptionnel. C'est de cette disposition que viennent toutes les difficultés que rencontre chaque jour le gouvernement socialiste et qu'il est amené à résoudre une à une ; il voit les difficultés se renouveler et se reproduire sans cesse ».

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