L'Oeuvre
Sur la comparaison entre la
courbe des salaires et des prix :
« Ce que je viens de dire
est si vrai qu'en considérant les courbes des salaires et des prix
sur une longue période de temps, par exemple pour les deux derniers
tiers du XIX° siècles, on constate simultanément une hausse
presque continue des salaires et une baisse presque continue des
prix. Dans la formation des prix, les éléments progrès technique
et développement de la production l'ont donc emporté presque
constamment sur l’élément élévation des salaires. Ce résultat
ne s'est pas produit automatiquement ; il suppose au contraire
une pression de plus en plus énergique de la classe ouvrière
organisée, et, à bien des égards ; une intervention de plus
en plus active de la puissance publique ».
« La détention du pouvoir
par le prolétariat organisé, même si elle était le résultat d'un
coup de force victorieux, ne serait pas à nos yeux la révolution
sociale qsi elle n'aboutissait pas à l'élimination du régime
actuel de la propriété et de la production dit régime capitaliste
et à l'instauration d'un régime, dit régime socialiste dont les
caractères spécifiques sont l'appropriation et la gestion
collective des moyens de production ».
« La conquête du pouvoir
politique par la classe ouvrière est un acte révolutionnaire en ce
sens que nous la considérons comme la condition préalable et
indispensable de la transformation révolutionnaire du règne
social ».
« Il y a une différence
capitale entre les révolutions politiques que notre pays a connues
et les révolutions sociales que nous ne connaissons pas encore.
Cette différence essentielle c'est que celle politique est achevée
lorsque le pouvoir a changé de mains. Cette substitution d'une
classe à une autre, d'un groupe à un autre, n'est pas seulement la
condition préalable de la révolution, elle est la révolution
elle-même ; elle en est le commencement et la fin sur le plan
politique la révolution est accomplie quand à la place d'un régime
est venu s'installer un autre régime tandis qu'en matière de
révolution sociale, cette prise de pouvoir n'est que le commencement
de la révolution ».
« Quand y-a-t-il
révolution sociale ? Bien entendu lorsque le régime juridique
de la propriété a été détruit et remplacé par un régime
différent. C'est cela qui est la mutation révolutionnaire par
excellence. Nous vivons dans le régime de la propriété
capitaliste, il n'y aura révolution que quand ce régime aura été
détruit ; mais je crois qu'il faut aller encore plus loin et
qu'il faut dire que la transformation sociale ne suppose pas
seulement la destruction du régime juridique de la propriété, mais
qu'elle suppose la destruction de tous les rapports d'ordre social,
moral, culturel et aussi de toutes les relations d'ordre
international que le capitalisme avait créé ».
« Les nationalisations ce
sont les actes très importants mais qui ne modifient pas le régime
juridique de la propriété, en ce sens que l'état indemnise les
entreprises privées qu'il transforme en service national et que
surtout la substitution de l'état au patron ne modifie pas dans sa
substance le rapport social exprimé par le salariat ».
« Nous disions : si
nous arrivons au gouvernement, ce sera l'exercice du pouvoir ;
mais les ouvriers seront-ils sensibles à cette distinction ? Du
fait qu'ils verront des socialistes au gouvernement ne croiront-ils
pas qu'ils sont en présence de la conquête révolutionnaire du
pouvoir, et cette constatation , ne provoquera-t-elle pas de
l'impertinence, des déceptions ? Ne créera-t-elle pas un
malaise dans leur esprit ? Ne penseront-ils pas que notre parti
devient un parti comme les autres ? Je me suis répété cela
pendant douze ans et j'éprouve encore le même sentiment
aujourd'hui. Je n'ai jamais considéré que pour le parti socialiste
l’exercice du pouvoir ou la participation au pouvoir soit devenu
une position nécessaire ou même une position normale.
Je considère que si elle est
fréquemment imposée par les circonstances, elle n'en reste pas
moins quelque chose exceptionnel. C'est de cette disposition que
viennent toutes les difficultés que rencontre chaque jour le
gouvernement socialiste et qu'il est amené à résoudre une à une ;
il voit les difficultés se renouveler et se reproduire sans cesse ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire