dimanche 25 juin 2023

Principes pour une littérature qui empeste de Michel Surya

 "Théâtres, opéras, musées et, un moment, librairies ont été fermées au nom de cette distinction soudain faite nécessité (distinction tout droit héritée de la vieille et envieuse vue de " l exception culturelle française" mais, cette fois, retournée contre elle . Leurs représentants s'en sont aussitôt saisis plaidant leurs intérêts respectifs. Piteuses plaidoiries! Lesquelles se sont aussitôt mises, signe d une époque décidément qui persiste, à ventriloquer le langage du capital, sans doute pour mieux rapporter les vues générales de celui-ci à leurs vues partielles, au lieu de parler un langage auquel le capital eut été incapable de se rapporter, le seul qui eût fait de la culture l'exception à laquelle elle prétend péniblement.

Langage qu'il a fallu à tous entendre, contents pour la plupart (qui se sentirent "représentés", honteux pour de rares. Contents les uns, honteux les autres des arguments de ce langage, lequel disait, ne disant rien du point de vue de la "culture", mais tout de celui de "l'industrie":

"La culture contribue 7 fois plus au PIB français que l'industrie automobile avec 57,8 milliards d'euros de valeur ajoutée par an" .

Il y a sans nul doute plus à craindre d'une culture qui se vante de sa "valeur ajoutée" - 7 fois supérieure à celle de "l'industrie automobile" - que du capital lui-même, qui ainsi enregistre sans bruit que la culture s'est mise à parler son langage, le seul qui reste, et qui s'emploie satisfaire à ses raisons. Association dont il a lieu de déduire que ses intérêts sont depuis longtemps maintenant les mêmes que ceux de la culture, et qu'il n'y a de prospérité possible pour chacun, capital et culture, qu'ensemble".

Aucun commentaire: