On désigne par ce terme ce
qui n'a qu'une efficacité incomplète ou peu durable. Dans l'ordre médical on
qualifiera ainsi un remède qui peut soulager, mais non guérir ; dans l'ordre
moral, le palliatif sera la demi-mesure qui masque le mal sans le faire
disparaître. Notre science étant fragmentaire, nos moyens d'action limités, il
faut bien se satisfaire de palliatifs, quand les procédés d'une efficacité
certaine font défaut. Ainsi, lorsqu'il s'agit de souffrances intolérables ou de
maladies impossibles à guérir, la morphine devient prodigieusement utile. Sous
son action, la douleur se dilue, disparaît et une impression de bien même la
cocaïne est précieuse pour ses vertus anesthésiantes. Mais si elles suppriment
la douleur, elles n'en font pas disparaître la cause. L'abus de ces drogues
conduit aux pires conséquences. « Puisse la science découvrir un médicament
qui, sans offrir de dangers sérieux, terrasse la douleur organique de façon
définitive. Les stupéfiants actuels entraînent des désordres trop graves pour
qu'on ne répugne pas à leur emploi quotidien » (Vers l'Inaccessible). Si le
palliatif peut devenir dangereux dans l'ordre physique, c'est bien autre chose
dans l'ordre moral. Le plus souvent, il n'est qu'une secrète abdication, un
moyen hypocrite de détourner l'attention du seul remède efficace. « Quand
l'Eglise conseille l'aumône, c'est pour prévenir une révolte des exploités :
grâce au mirage d'une charité illusoire, l'injustice créatrice de misère peut
subsister. L'usinier, devenu millionnaire en tournant des obus, sacrifiera de
bon cœur quelque cents francs aux œuvres de mutilés. Deux ou trois billets,
donnés aux pauvres ostensiblement, suffiront à blanchir le mercanti qui, un
quart de siècle, rançonna ses clients. » Nous rencontrons de prétendus amis de
la paix, qui, désespérant d'empêcher la guerre, à ce qu'ils assurent, se
bornent à vouloir l'humaniser. Ils acceptent qu'on se tue avec la baïonnette,
le fusil, le canon, etc., mais prétendent interdire l'emploi des gaz. Ils se
résignent au massacre des soldats, mais souhaitent qu'on laisse indemnes les
civils, ceux des grosses agglomérations en particulier. Le soi-disant
anticléricalisme de certains cache un profond respect de la religion. Ce n'est
pas contre les Davidées, c'est contre Barbedette et ses amis que sévissaient
encore récemment des politiciens de gauche arrivés au pouvoir. On pourrait
multiplier les exemples, car en politique surtout, les mesures qualifiées
d'utilité publique ne sont, en général, que des palliatifs insuffisants.
Heureux quand elles ne fortifient pas un mal qu'elles prétendaient guérir.
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