Antonin Artaud le
théâtre et son double » préface
1938
« Jamais, quand c’est la vie elle-même qui s’en va,
on n’a autant parlé de civilisation et de culture. Et il y a un étrange
parallélisme entre cet effondrement généralisé de la vie qui est à la base de
la démoralisation actuelle et le souci d’une culture qui n’a jamais coincidé
avec la vie, et qui est faite pour régenter la vie. Avant d’en revenir à la
culture, je considère que le monde a faim, et qu’il ne se soucie pas de la
culture ; et que c’est artificiellement que l’on veut ramener vers la culture
des pensées qui ne sont tournées que vers la faim. Le plus urgent ne me parait
pas tant de défendre une culture dont l’existence n’a jamais sauvé un homme du
souci de mieux vivre et d’avoir faim, que d’extraire de ce que l’on appelle la
culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim ».
« Il ne me faudrait qu’un seul mot parfois, un simple petit mot sans
importance, pour être grand, pour parler sur le ton des prophètes, un
mot-témoin, un mot précis, un mot subtil, un mot bien macéré dans mes moelles,
sorti de moi, qui se tiendrait à l’extrême bout de mon être, et qui, pour tout
le monde, ne serait rien . »
Antonin Artaud , cité par Jacques Prevel - En compagnie d’Antonin Artaud,
Paris,
Antonin Artaud, 1926
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